[I.1 - Q.1] Le Conclave de Maribor

Le temps était aussi mauvais que le climat politique des Royaumes du Nord. Terrible constat auquel certains voulaient apporter un peu d’espoir. Maribor devait en être le laboratoire où allait se développer la culture de cette révolte contre la marche impitoyable de l’empire.

La cité bâti sur d’anciennes ruines elfiques lui avait paru bien plus triste que dans ses souvenirs. Dès son arrivée, la magicienne avait senti peser sur ses épaules le poids de la peur et de l’angoisse. Il allait s’en dire que la saison ne jouait pas en leur faveur car déjà l’automne avait posé bagage ici-bas. Si bien qu’elle s’était rendue auprès du Duc qui avait la régence de ses terres. Ce dernier l’avait accueillit avec révérence avant de lui permettre de loger dans l’une des chambres qu’il mettait à disposition des invités. La jolie brune y avait trouvé le repos et le calme, jouissant ainsi de la quiétude qu’il pouvait envie y avoir.

Le jour suivant fut bien différent. Tandis qu’elle peignait sa longue chevelure, un cri la sorti de sa torpeur. Sitôt la magicienne accouru à la fenêtre de sa chambre. Ouvrant cette dernière pour mieux y voir, elle découvrit le spectacle qui s’offrait à elle. Pauvre malheureux… Le Duc s’y trouvait aussi ainsi qu’un petit attroupement de curieux et d’inquiets. Sans plus attendre, Brunhild s’en alla enfiler le reste de ses habits avant de quitter sa chambre pour s’en aller rejoindre les autres. Peut-être pourrait-elle avoir une utilité quelconque.

Etrange que tout cela. Brunhild scrutait le visage de ceux qui étaient présents, partagé entre l’horreur et la tristesse. Mais la vérité était toute autre, ils adoraient voir ce genre de chose, que ce soit consciemment ou inconsciemment. Les gens aimaient se faire peur, voir du sang et des cadavres, venant pleurer après en disant que cette vie était terrible. A croire qu’ils aimaient se faire du mal. Pour la magicienne, comme évoqué déjà, c’était avant tout pour savoir si elle pouvait être utile d’une quelconque façon. Hélas, au regard de la scène, à moins d’user de nécromancie pour faire parler le défunt, le mal était déjà fait. Il était certain aussi que jolie brune n’irait pas utiliser cette forme de magie noire car elle avait des conséquences bien néfaste.

Les badauds furent dispersés, les ordres donnés et déjà celui que l’on disait érudit s’adressa à ceux encore présents. Bras croisés contre elle, enveloppé à la hâte dans un châle, Brunhild observait l’homme jusqu’à ce que celui-ci vienne à lui parler. Arquant un sourcil, elle l’écouta non sans une certaine attention, oubliant presque que ce jour le temps était mauvais.

- Tout le plaisir serait pour moi, répondit-elle avec un léger sourire poli.

Sans doute comptait-il sur elle dans le cas où il y aurait de la magie derrière tout cela, c’était une possibilité qu’il ne fallait pas écarter. Mais pour le moment, aux yeux de la magicienne, il fallait savoir s’il s’agissait d’un accident ou d’un meurtre.

L'on m'a raconté des rumeurs que l'homme que je cherchais était ici, à Maribor. Je ne savais pas si je devais y faire confiance ou prêter de l'attention, mais je n'avais que cela comme preuve. L'homme, je l'ai rencontré, nous nous sommes battus. Nous avons échangé et sans doute ressenti quelque chose. Comme si, l'évidence nous pendait au nez. Je me suis enfuie pour éviter de le tuer ou qu'il me tue. Je m'étais donc rendue sur les lieux pour voir si la rumeur fut réelle ou si je fus trompée. Mais lorsque je perçu la silhouette de Melka ... je fronçais alors les sourcils. J'ai été dupée. Ou alors ... il a dû partir dans un autre endroit. Sacrebleu ! Deux Sorceleur au même endroit ne peut qu'être une coïncidence alors trois, cela supposerait un sortilège ! Surtout après qu'un hurlement retenti et que tous, y compris moi, sont allés vers l'origine de ce cri. Tapis dans l'ombre, j'observe chaque protagoniste sans un mot. Telle la Vipère que je suis, l'on pourrait croire que j'aurais pu faire ce coup. Or, je ne suis pas intéressée par les gens de cette trempe. Ils ne valent rien s'il faille les tuer pour quelques sous. Je m'avance lorsqu'il se tourne vers Melka « Je pourrais l'aider. Deux sorceleurs en vaillent mieux qu'un » lance je en sortant de l'ombre. Le symbole de mon école est caché derrière mes vêtements. Il n'a nul besoin de connaître mon appartenance

Brunhild opina du chef avant de faire une révérence pour prendre congé de ce curieux petit groupe dans lequel se retrouvait à présent la douce Melka. La magicienne lui avait adresse un sourire en retour mais pour l'heure elles n'auraient le temps de s'adresser la parole. Déjà la plus âge des deux amies savaient qu'elle question elle avait bien envie de poser au Duc de Maribor, car elle savait mieux que quiconque ici la raison de son affolement. Tout du moins elle le supposait sans avoir la preuve de son raisonnement.

En effet, la présence de la magicienne n'était pas anodine, le Duc l'avait convié elle et d'autres pour un conclave ayant pour thème la guerre. Si bien qu'elle se doutait que l'inquiétude fut par égard pour cette entreprise hasardeuse. Brunhild avait déjà assisté à une réunion de ce genre du temps de première des guerres du Nord contre Nilfgaard, elle s'était soldé par la bataille du Mont Sodden. Aussi fallait-il espérer que cette fois là il y aurait bien moins de sacrifice.

- Puis-je soliciter une audience auprès de vous ? avait-elle demandé alors même qu'elle avait pénétrer dans la pièce où se trouvait l'homme. Cette affaire m'intrigue Duc, tout comme vous. Le conclave doit-il craindre quelque chose ?

Se faisant, mains jointes, elle attendait la réponse du seul qui pouvait lui apporter quelques lumières. Sans doute cela serait-il fort utile pour aider l'enquête de l'érudit d'Oxenfurt. En tout cas c'était, avec certitude, ce qu'il attendait de la magicienne.

Un hochement de tête bref de la part de la magicienne, en signe qu'elle comprenait la réponse que lui faisait le Duc. Ce qui était pour confirmer que ce dernier possédait quelques inquiétudes quant à ce qui venait de ses passer. Brunhild comprenait sa réaction mais voilà déjà que bien d'autres questions venaient à la tarauder.

- Dans le cas d'un assassinat, que comptez-vous faire ? Annuler le Conclave ? demanda-t-elle en arquant un sourcil.

Ce serait sans doute une sage décision à première vue, mais si c'était bel et bien le fait d'un assassin il y avait fort à parier que son but était justement de faire en sorte que le Conclave n'ait pas lieu. D'où la nécessiter de l'enquête mené par cet érudit. La magicienne devait encore s'entretenir avec le Duc, comprendre ce qui se jouait et... Si la vie d'autres personnes était en danger, ce qu'il y avait fort à parier.

- Il vous faut mettre des mesures en place, par dissuasion dans un premier temps, poursuivit-elle, gagner du temps... Nous ne pouvons nous permettre de ployer le genou face à un importun, nous devons débattre de l'avenir des Royaumes du Nord coûte que coûte.

Il y avait bien plus important que quelques vies, sauf si ces vies là étaient de celles qui pouvaient peser dans la balance. Quand bien même toute cette affaire avait le goût d'un fruit empoisonné, maintenant qu'elle avait commencé à le goûter, Brunhild avait bien l'intention de le finir. La guerre qui était entrain de se jouer et bientôt, très bien tôt il y avait fort à parier que les armées de l'empire seraient aux portes de la Téméria. Maribor serait sans doute l'une des clés de voûtes de la réussite ou de la défaite du royaume...