[I.1 - Q.1] Le Conclave de Maribor

Brunhild était assise au premier rang, observant avec attention les participants qui n'étaient point au fait qu'un assassin courrait dans les couloirs de la citadelle. Elle s'interdisait d'arborer une mine inquiète pour que personne ne puisse soupçonner ce qui était entrain de se tramer.

- La coalition ne fait rien parce qu'ils n'ont plus de chef à leur tête. Le premier a avoir prôné l'unité des grands royaumes est mort, Vizimir ne peut pas nous aider dans la tombe. A présent Témérie et Aedirn sont sans couronne à cause de Nilfgaard. L'empire nous a privé de décisionnaire et maintenant ce sont des conseillers sans tête qui doivent prendre des décisions, répondit la magicienne qui était bien au fait de la politique chaotique de ces dernières années. Comme personne ne parvient à tomber d'accord, les armées resteront dans leurs garnisons et l'empire marchera sans peine sur nous.

La magicienne avait exposé les faits sans le moindre détour, le problème ainsi mis en évidence il était à présent temps d'avoir une conversation constructive plutôt que jouer les grands drames. Ici présent, les personnes qui pouvaient avoir un temps soit peu assez d'influence pour faire en sorte que les rouages puissent enfin se mettre en marche.

- Nous avons besoin de figures fortes dans chaque royaume pour qu'enfin les choses bougent, que Témérie puisse honorer son engagement auprès de Brugge qui va se faire submerger si nous ne faisons rien.

L'inquiétude avait céder la place à une motivation sans faille. Tout n'était jamais qu'une question de volonté. Si la peur n'empêchait pas le danger, la volonté était capable de surpasser tout cela et mener les hommes à la victoire. C'était ainsi que la plus part des grands royaumes s'étaient battît, parce que quelqu'un avait eu un jour la volonté de faire changer les choses, que ce soit en bien ou en mal.

Des mots, des conversations, des stratégies, Brunhild en avait entendu beaucoup. La palabre était au hommes ce que les plumes étaient à un oiseau, indissociable. Ce jour la magicienne en avait entendu beaucoup, certains plaintifs et pessimistes, d'autres plus vindicatifs. Elle avait écouté avec attention les avis des uns et des autres tout en comprenant les enjeux de chacun à travers ce conclave. Jusqu'à ce qu'une voix s'élève et porte avec elle un ton bien différent du reste de la Dispute.

- Serez-vous capable de mettre cette menace à exécution ? demanda la magicienne qui avait croisé les bras sans pour autant paraître effrayée ou courroucée car après tout elle n'en était plus à son premier à ça prêt. Et bien faites, appelez votre assassin puisse qu'apparemment tuer un garçon n'a pas été suffisant pour annuler ce Conclave médiocre.

Ces derniers mots avaient rapidement permis à la magicienne de tirer quelques conclusions quant au commendataire derrière le meurtre de ce matin. Sans doute pouvait-elle se tromper mais cet homme n'avait pas à cœur de voir le Nord se liguer à nouveau contre le Sud. Ou bien n'était-ce qu'une diversion ? Bon sang tout avait l'air possible ! Brunhild lança un regard à Melka qui s'était rapprochée de l'assemblée à la façon d'un félin curieux et prêt à bondir sur sa proie. Elle espérait que la jeune apprenti ne ferait pas les frais d'un membre de la guilde de Cerbin qui se tenait peut-être dans un recoin oublié de la grande salle... La magicienne restait attentive, cherchant à sentir la moindre aura magique qui pouvait se cacher en ces lieux...

Ainsi donc voilà que Brunhild était prise pour cible par cet énergumène. Ses intentions étaient claires à présent, il n’avait de souhait que celui de créer le chaos et la dissentions parmi les membres du Conclave. Il était le loup dans la bergerie. La magicienne aurait pu le réduire au silence mais si elle avait le pouvoir magique de le faire, elle n’avait pas le pouvoir légitime d’agir. Alors, arquant un sourcil, elle écouta cet homme qui se lançait amèrement dans une joute verbale que bientôt l’érudit d’Oxenfurt vint à vouloir calmer. Samovar avait tout d’un sage à ses yeux. Malheureusement rien n’y fit. Il semblait qu’on ne pouvait ramener ce protagoniste à la raison, bien trop accroché à son envie de mettre à mal cette tentative désespérée de sauver le Nord.

Brunhild vit le corps du jeune noble s’effondrer sur le sol, mort. Ce qui s’en suivit était pour lui rappeler le Soulèvement de Thanedd et d’autres événements similaires… A croire qu’il était impossible depuis quelques temps de pouvoir construire quelque chose de viable par ici. La magicienne se leva pour s’écarter de tout ce chaos, jetant un regard autour d’elle pour voir où était passé Melka. Elle s’en voudrait s’il devait arriver quoi que ce soit à la jeune apprentie de l’école du Chat.

La panique se répandait comme une bourrasque dans un bosquet. Les participants cherchaient à fuir mais les portes restaient closes. Voilà qui était inquiétant, la magicienne se demandait si elle pouvait encore user de la magie, peut-être avaient-ils pris des précautions ? Elle se devait d’essayer. Pour ne pas attirer l’attention, la brunette tenta un simple sort, celui de faire apparaître une petite rune à ses pieds, sur le sol de la grande salle.

Il fallait le reconnaître, se servir de la magie était un échec. Sans doutes avaient-ils utilisé quelques charmes de protection pour éviter au Conclave de voir débarquer des mages ? Mais personne n'avait pensé qu'ils pourraient être attaqué de l'intérieur. Tout du moins c'était la supposition de Brunhild et non une affirmation.

De son côté, Melka était parvenu à mettre la main sur le vassal de La Valette, enjoignant par la suite que l'on protège le Duc et et l'érudit. Sitôt, bien que ne sachant se battre et ne pouvait user de magie, la magicienne vint vers eux pour les éloigner quelque peu de ce bazar fantastique qui mettait à mal la dignité humaine. La peur se faisait plus féroce que tout l'éducation qu'ils avaient pu recevoir. L'instinct de ne pas vouloir mourir comme ce jeune homme qui gisait là sur le sol froid.

Bien entendu, il fallait fuir, c'était même une évidence. Mais comment ? Brunhild ne pouvait se résigner à croire qu'elle ne pouvait même pas utiliser un portail pour se sortir de là. Ni une ni deux, il lui fallait quand même essayer. En cas d'échec, peut-être le Duc avait-il connaissant d'un quelconque passage secret qu'ils pourraient utiliser ? L'espoir faisait vivre, à défaut d'autre chose. Maintenant il fallait se concentrer et réussir à ouvrir ce maudit portail pour les sortir de là.