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"L'espoir, c'est ce qui meurt en dernier" - Brunhild De Dorndal

 :: Royaumes du Nord :: Temeria :: Wyzima
Mar 27 Oct - 19:37
10 Juin 1271

Il y avait du sang partout, au sol, sur son épée et son plastron en cuir ainsi que dans ses cheveux. Le sien, celui de ses alliés, de ses ennemis… Elle avait l’impression de suffoquer, persuadée que si elle ne mourrait pas sous un coup d’épée, elle crèverait de chaleur. Elle leva les yeux un instant et regarda dans la direction ou le seigneur qui avait engagé la hanse aurait dû arriver avec les renforts depuis un moment. Son compagnon la poussa brusquement sur le côté, lui évitant un coup d’épée. Il lui attrapa l’épaule durement et la tira vers lui.

« Reste attentive Thorunn bordel ! » Lui aussi était couvert de sang. Il la fit légèrement reculer derrière lui « On reste ensemble, tu ne t’éloigne pas » Il dévia un coup avec son épée et de l’autre main, abattit sa hache sur le casque de l’adversaire, qui se fendit sous le choc. Avec hargne, Bjorn grogna entre ses dents « Ce fumier ne viendra pas… Il va nous laisser nous faire massacrer ainsi que ses hommes, il faut qu’on se replie »

La jeune femme serra les dents. Se replier oui, mais comment ? Il lui semblait qu’il y avait des ennemis tout autour d’eux et à chaque coup d’œil, elle voyait les soldats alliés alentours tomber comme des mouches. La fatigue se faisait sentir, elle parait les coups d’épées et de hache avec son bouclier. Elle sentait chaque impact le fragiliser un peu plus, le bois se fendillait, lentement, inexorablement. Thorunn encaissait les coups, se déplaçait avec agilité puis frappait de son épée à la moindre ouverture. Elle avait mal aux bras, mal aux jambes et elle se sentait faiblir à mesure que le temps passait. Le souffle commençait vraiment à lui manquer. Elle bondit en arrière, heurtant légèrement le dos de son amant, alors qu’une lame frôlait le haut de sa tête. Lui, poussait des cris de rage et se battait avec la férocité d’un guerrier de Skellige, frappant de toutes ses forces, faisant tomber tous ceux qui s’approchaient trop près. Ils se déplaçaient tout deux sur le champ de bataille, se frayant un chemin vers ce qui leur semblait être une échappatoire. Thorunn ne voyait plus aucun de leurs hommes. Étaient-ils tous à terre ou avaient-ils réussi à s’enfuir ? Elle était à bout, la guérisseuse n’était pas de taille pour ce genre de combat, avec les renforts ils auraient dû être bien plus nombreux, cela aurait été différent.

Dès qu’une faille leur apparaissait dans la mêlée, ils avançaient en courant, Thorunn repoussant les hommes de son bouclier et Bjorn leur frayant un chemin du tranchant de ses armes. À un moment, alors qu’ils s’étaient éloignés du cœur du combat et qu’ils courraient, Thorunn s’arrêta pour éviter un coup de masse, elle sauta en arrière et failli perdre l’équilibre. La jeune femme entendit un cri et vit du coin de l’œil un soldat armé d’une lourde lance se précipiter vers elle. Elle se retourna et eut à peine le temps de placer son bouclier entre le fer et son corps. La violence du coup fut terrible, si bien que le bouclier explosa sous l’impact. La douleur résonna dans son bras, elle eut l’impression que ses os venaient littéralement d’exploser dans son membre. L’homme dégaina son épée et se jeta sur elle. Ils s’empoignèrent mutuellement, essayant d’abattre l’autre. Thorunn hurla de souffrance et lâcha sa prise, l’homme en profita pour lui porter un grand coup de genoux dans le ventre. Elle en eut le souffle coupé, tomba à genoux… Elle se sentit partir, entendit Bjorn crier son nom et finalement tomba lourdement sur le côté. La dernière image qu’elle emporta fut Bjorn qui se jetait sur son adversaire, le jetant au sol avant que ce dernier n’ai le temps de la traverser de son épée.

-

Un cri déchira la nuit. Un sursaut de terreur pure secoua son corps, Thorunn se redressa immédiatement et s’assit. Elle se prit la tête entre les mains, trempée de sueur, claquant des dents. Un cauchemar… ce n’était qu’un cauchemar. Elle revivait cette bataille, dès qu’elle fermait les yeux. Elle luttait pour ne pas dormir mais inexorablement, l’épuisement avait raison d’elle et elle tombait de sommeil. Pour se réveiller à peine quelques heures plus tard, dans cet état.

Sa chemise collait désagréablement à sa peau, elle sentait la transpiration couler dans son dos jusqu’au creux de ses reins et entre ses seins. Un long frisson glacial parcouru son corps. Sous l’arbre qui l’avait abrité pour quelques heures elle se recroquevilla sur elle-même, les yeux grands ouverts. Un hoquet secoua son dos et tremblante, elle serra ses doigts sur l’herbe fraiche à côté d’elle. Les larmes se remirent à couler sans qu’elle parvienne à les arrêter, elle éclata en sanglots, sa poitrine se soulevant avec force. Elle sentait ses membres s’engourdir et l’air qui lui brulait la gorge, elle se sentait suffoquer. Elle maudit les Dieux, le Destin, les Astres, l’Univers… Elle perdait tous ceux qui lui étaient proches… Son père était parti, elle avait tué elle-même son adorable beau-père et sa mère l’avait haïe pour ça. Quand un sorceleur avait débarqué de nulle part et lui avait offert une lueur d’espoir, sa mère avait éteint cette flamme et l’avait emmené au loin, puis elle et ses sœurs aussi étaient finalement parties. Enfin elle avait cru voir la lumière dans les ténèbres, Bjorn l’avait trouvé, il l’avait sauvé de sa malédiction. Il lui avait offert une deuxième famille, des compagnons de route qui aurait donné leur vie pour la protéger. Il lui avait offert un enfant. Mais tout cela, la vie lui avait arraché. La vie ainsi qu’un minable petit seigneur qu’elle allait bientôt retrouver… Oh elle allait lui faire payer, il lui semblait que c’était la seule chose qui pourrait un jour apaiser son cœur.

La barde poussa un cri de rage et de désespoir, arrachant l’herbe, perdue entre la fureur et la peine. Elle frappa le sol de son poing valide, pleurant, hoquetant, criant sa rage. Puis se leva et donna un grand coup de pied dans une racine. Lorsqu’elle retrouva son calme, le souffle court, les poumons douloureux, elle sera son bras blessé contre elle puis se laissa tomber à genoux. Elle se sentait à bout. Elle repensa aux jours précédents.

-

Elle avait visité le champ de bataille, les dispensaires les plus proches sans trouver Bjorn, ni son corps ni ses affaires. La barde avait même fouillé les charniers alentours, sous la chaleur du soleil de juin, elle était descendu dans les fosses, hurlant de douleur. Elle avait vomi à cause de l’odeur putride des corps en décomposition. Elle avait cherché un visage connu, une épée, une hache, n’importe quoi. Vautrée dans le sang, la bouillie de chair mélangée au jus des organes des morts, elle avait poussé et retourné les corps identifiables, comme elle pouvait, s’aidant de ses jambes, de son dos. Elle avait retrouvé les corps de presque tous ses compagnons d’armes, elle les avait pleurés, regrettant de ne pouvoir leur offrir une vraie cérémonie d’adieux, une sépulture… Bjorn manquait à l’appel. Son amant avait forcément pu s’en sortir. Un corps ne disparaissait pas comme ça, à moins de faire partie des morts qui n’étaient plus identifiables mais elle n’avait même pas reconnu sa tenue.

Elle se rappelait le moment où elle avait abandonné, elle était enfin sortie des fosses, dévastée, presque aussi mortes à l’intérieur que les cadavres qui en tapissaient le fond. Seulement guidée par son instinct de survie, elle avait fui l’endroit le plus vite possible avant de risquer de devenir la proie des charognards et s’était réfugiée près d’un cours d’eau. Elle avait regardé ses mains, ses habits et avait vomi à nouveau, réalisant qu’elle était recouverte par le mélange infâme du fond des fosses. Tout habillée, la jeune femme s’était précipitée dans l’eau, se débarrassant des immondices, nettoyant son corps et ensuite ses vêtements.

-

Sous son arbre, Thorunn eu un haut-le-cœur en y repensant. Elle était bientôt à Wyzima, il fallait qu’elle continue. Elle ne pouvait pas arrêter de chercher, pas avant d’être certaine. Il était peut-être blessé, quelque part. Elle se releva, attacha sa ceinture et soupira. Pour couronner tout ça, à son réveil au dispensaire, on lui avait volé le peu de choses qu’elle possédait. Son plastron en cuir, ses protèges-poignets, sa bourse... Elle avait perdu son épée sur le champ de bataille et se sentait plus vulnérable que jamais. Heureusement on lui avait laissé ses bottes, elle y tenait. Une jeune fille avait également caché sa dague, son poignard, et les quelques bijoux qu’elle avait sur elle. La gamine lui avait gentiment trouvé une maigre fourrure sur laquelle dormir sur les routes et une besace avec un vieux morceau de pain et deux trois bricoles que Thorunn lui avait demandé. Elle avait échangé une de ses bagues contre un petit mortier et son pilon, des bandes de tissus ainsi que quelques herbes qu’on ne trouvait pas dans la région ni en cette saison. Elle avait cherché le campement de sa hanse bien sûr, près de la bataille, mais il n’en restait rien. Les pillards étaient déjà passés par là. Le contraire aurait été étonnant.

Maladroitement, d’une main, Thorunn roula la fourrure et la fixa à son sac, non sans mal. Elle émit un léger grognement et pensa qu’il lui faudrait régler le problème de son bras… La douleur était bien présente et elle savait qu’elle n’en récupérerait pas l’usage complet à moins d’un miracle. Elle n’avait pas non plus spécialement envie de subir une amputation… Il allait falloir qu’elle trouve rapidement un mage ou quelqu’un qui pourrait arranger ça. Elle se cala entre deux racines, ouvrit sa besace et sortit quelques champignons des baies et des herbes sur lesquelles elle avait mis la main la veille… Cela ferait l’affaire pour le moment, faute de miracle. Elle aurait un sacré mal de crâne quand l’effet se dissiperait mais au moins la douleur serait un peu apaisée, pour un temps. La jeune femme broya le mélange dans le mortier et l’ingéra en grimaçant. D’une seule main elle n’arrivait pas à se faire une attelle, impossible d’immobiliser totalement la fracture. Elle était partie à la hâte en refusant tout soin et maintenant elle s’en mordait les doigts. Elle attendit un peu que la mixture commence à faire effet et observa enfin son bras, remontant sa manche comme elle pouvait.

Il avait bien gonflé mais n’était pas déformé, il n’y avait pas non plus d’hématome. C’était le signe que les muscles n’étaient pas déchirés et que, par miracle, la ou les fractures ne semblaient pas déplacées. Elle ne risquait pas d’hémorragie et les os allaient mieux se ressouder, c’était déjà ça. Le coude était douloureux mais plus haut, l’humérus lui, ne n’était pas cassé. Elle pouvait également bouger l’épaule, elle avait été démise lors du choc mais on lui avait remise en place pendant qu’elle était inconsciente. Sa main était un peu plus problématique, elle savait que des doigts brisés ne retrouveraient pas leur agilité et ils semblaient légèrement tordus, les os risquaient de se ressouder dans cette position. Définitivement, il allait falloir qu’elle cherche un mage ou une magicienne, et très vite. Elle avait encore besoin de sa main droite. Grâce aux herbes, la douleur était supportable pour l’heure, aussi elle fit ce qu’elle pouvait pour restreindre les mouvements de son bras avec le peu de choses qu’elle avait.

Un peu groggy, elle se remit en route sans attendre que le jour se lève. Le mélange ingéré avait au moins le mérite d’endormir un peu son esprit, l’empêchant de trop réfléchir.

-

La cité était en effervescence. Foltest avait été tué peu de temps avant et la ville que Thorunn avait un peu connu avait bien changé. La crainte, la rancœur était presque palpable dans les rues. Mais la jeune femme ne voyait rien de tout ça… Elle semblait errer, trainant des pieds, s’appuyant parfois sur un mur lorsque la fatigue se faisait trop intense. Un mélange de douleur, d’épuisement et d’incompréhension coulait dans ses veines, lui serrait le cœur à chaque instant. Une douleur sourde qui ne la quittait plus. Cette même douleur, qu’elle sentait pulser dans sa poitrine et se répandre jusqu’au bout de ses doigts. Ses yeux étaient secs, la brulaient, elle les savait injectés de sang et avait l’impression que chaque battement de paupière allait lui arracher la cornée. Elle ne pleurait plus, ses larmes étaient taries.

Les yeux dans le vague, elle marchait, serrant contre elle son bras meurtri, la souffrance qu’elle ressentait - bien physique cette fois - était la seule chose qui lui rappelait qu’elle était vivante, qu’elle ne pouvait pas abandonner. Elle avançait sans demander son chemin. Même si elle avait voulu le faire elle savait qu’on ne lui répondrait pas. Elle sentait les regards se détourner à son passage. Rien d’étonnant pensa la jeune femme… Ses vêtements étaient sales, élimés… Sa chemise délavée portait encore quelques traces de sang malgré plusieurs lavages. Ses cheveux qui avaient été tressés des jours avant, en préparation de la bataille avaient heureusement été lavé du sang, mais ils étaient emmêlés, ses tresses à moitiés défaites.

Elle s’arrêta un instant près d’une fontaine. Appuyée d’un bras sur le rebord en pierre elle se pencha au-dessus de l’eau et ne reconnut pas la femme dans le reflet. Serrant les dents, elle déglutit et s’observa durant un moment. Puis, giflant l’eau de sa main gauche, Thorunn plongea son visage dans l’eau. Elle ouvrit les yeux et resta aussi longtemps qu’elle le pouvait, des bulles s’échappant de son nez. La jeune femme se redressa trop brusquement, rejetant ses cheveux en arrière et eut le souffle coupé par la douleur dans son bras. Elle inspira profondément en se demandant ce que penserait Bjorn en la voyant comme ça.

Son esprit s’envola vers les hautes montagnes de Skellige, aux sommets perpétuellement enneigés. Elle sentait presque la rudesse du vent sur son visage, le froid des hivers de glace, qui pouvait parfois vous saisir si durement que votre cœur ralentissait dans votre poitrine. Elle songea à son peuple qui ne ployait jamais. Et à Bjorn, si fort, droit et fier. Elle redressa les épaules, passa sa main valide dans ses cheveux mouillés pour dégager son visage. Elle venait des îles, elle avait traversé bon nombre d’épreuves, elle était forte et devait se ressaisir. La jeune femme allait retrouver son compagnon, elle commença à répéter ces quelques mots dans sa tête, encore et encore.

Cette ville était son dernier espoir, la grande ville la plus proche du champ de bataille. Elle s’y accrochait de toutes ses forces. Si Bjorn n’était pas là, elle ne saurait plus ou allait la mener sa route. Il lui faudrait revoir ses plans. Allait-elle devoir retourner à Skellige ? Ou continuer seule ? Était-ce bien prudent de rester seule ? Elle leva la tête vers le ciel un instant et chassa ces pensées. Elle n’en était pas encore là, elle allait le retrouver, elle le devait. La jeune femme était persuadée que tout ceci ne pouvait que bien finir. Après tout ce qu’ils avaient traversé, elle ne pouvait que retrouver les bras de son aimé. Ils avaient encore tellement à vivre, tout à reconstruire. La culpabilité lui transperça à nouveau le corps et elle serra sa main sur son bras, utilisant la douleur pour la ramener à l’instant présent. Le soleil était au plus haut et on devait approcher de l’heure du déjeuner. Elle avait faim, elle avait soif, ses lèvres craquelées en était le signe évident. Depuis combien de temps n’avait-elle pas mangé un vrai repas ? Elle se pencha de nouveau et bu longuement à la fontaine. L’eau fraiche sembla lui faire du bien et elle se remit en route vers l’Hopital Lebioda.

-

Le cœur battant, elle attendait sur un banc dans l’hôpital. Un jeune homme venait de lui confirmer qu’ils avaient bien un blessé qui correspondait à la description de Bjorn, un natif de skellige visiblement, un grand blond. Il était parti voir avec un médecin si la jeune femme pouvait rencontrer leur patient. Thorunn serrait et desserrait sa main valide, l’impatience la consumant. Elle finit par se lever et commença à faire les cent pas. Elle y était, elle en était certaine, c’était lui. Lorsque le médecin arriva, il la mena un peu sèchement dans une pièce adjacente. La barde entra dans une pièce moyenne ou plusieurs lits était alignés, séparés par des brises vues… Le souffle court, elle s’arrêta à l’entrée et jeta un œil vers son guide qui lui désigna un lit avec un petit bruit de langue impatient. La jeune femme déglutit bruyamment et s’approcha lentement, à la fois pleine d’espoir et terrifiée. Elle fixa les pieds du blessé sous la couverture, n’osant relever les yeux… Une bouffée de chaleur remonta de son ventre jusqu’à sa tête et lentement elle regarda le visage de l’homme alité… Le froid sembla alors s’insinuer par tous les pores de sa peau et elle entendit l’homme prononcer

« On se connait ? »

Le monde s’écroulait sous ses pieds. Ce n’était pas Bjorn. Sans un mot, elle secoua la tête et recula sans le quitter des yeux. Finalement la jeune femme fit volte-face et sortit de la pièce presque en courant. Elle claqua la porte, appuya son dos sur le mur à côté et se laissa glisser lentement au sol, les genoux serrés contre sa poitrine. Elle ne vit pas les regards compatissants des personnes présentent dans la grande salle.

Thorunn resta ainsi de longues minutes, sentant la rage monter, elle serrait les dents, le poing, essayant de contenir cette fureur, ce sentiment d’injustice insupportable. Elle revoyait derrière ses paupières closes les instants de pur bonheur qu’elle avait traversé avec son insupportable compagnon. La première fois qu’il lui avait apporté à manger en lui disant qu’il resterait prêt d’elle jusqu’à ce qu’elle avale quelque chose, le soulagement que sa présence lui avait apporté alors que plusieurs fois par mois, elle se changeait encore en monstre. Ses longs coups d’œil qui s’attardaient sur elle lorsqu’ils étaient sur les routes avec sa famille, le regard protecteur qu’il posait déjà sur elle. Elle se souvenait parfaitement de la fois où il l’avait aidé à échapper à la surveillance de sa mère alors qu’ils étaient en ville, un jour de foire. Il avait emmené Thorunn découvrir la vie de la cité et avait guidé la jeune femme émerveillée dans les rues pavées. Elle se souvenait qu’il l’avait trainé derrière lui dans l’ombre d’une ruelle quand un des mercenaires de sa mère été venu pour la ramener. Il l’avait embrassé pour la première fois à cet endroit.

Elle se mit à rire, un rire vide et las, en se rappelant leurs chamailleries incessantes, la complicité qu’ils s’étaient forgée sur les routes. Les regards se tournèrent vers elle, franchement inquiets cette fois mais elle ne ressentait même pas la présence d’autres personnes autour d’elle. Elle avait immédiatement aimé la façon dont Bjorn gagnait le cœur des hommes, la façon qu’ils avaient de le suivre loyalement alors qu’il se jetait dans les combats en ne montrant aucune peur. Il était un chef vaillant, aussi fort que la terre qui l’avait vu naitre et pourtant, Bjorn s’était révélé être aussi un amant doux et passionné, attentif à sa femme. Elle se remémora lorsqu’elle lui avait annoncé être enceinte, la joie sur son visage. Il l’avait prise par la taille, avait collé son front au sien en fermant les yeux et ils avaient tous deux profité de cet instant, en paix. Elle sentit les larmes couler toutes seules alors qu’elle riait toujours. Relevant violemment la tête en arrière, elle la heurta au mur de pierre derrière elle. Le sol était froid, le mur aussi, il lui semblait à cet instant que tout était glacial. Thorunn se releva, riant et sanglotant en même temps, elle se figea un instant puis frappa un grand coup de son poing gauche contre le mur, écorchant ses phalanges. Un jeune homme qui n’avait pas l’air d’un médecin s’approcha d’elle et lui attrapa durement l’épaule en lui demandant de se calmer.

Elle lui jeta un regard glacial et repoussa sa main aussi durement que lui. Elle fit mine de reculer vers la sortie, regardant autours d’elle. Les gens jetaient sur elle un regard méprisant ou bien empli de pitié, elle entendait les murmures. Elle ne se sentait plus maitre d’elle-même. Elle croisa les yeux d’une vieille femme qui pinçait les lèvres et la regardait avec un dégout non dissimulé. Elle explosa, accompagné d’un cri de rage, son pied partit à la rencontre du banc le plus proche d’elle, le renversant dans un grand bruit. Pourquoi s’arrêter en si bon chemin ? Du même pied elle repoussa avec force le même banc qui finit sa course contre un mur, renversant des chandeliers au passage. Plus on la fixait plus elle se sentait bouillir de hargne. Elle s’approcha d’une table ou était posés des livres, des herbes, des potions, se pencha et en balaya l’intégralité de son bras valide. Une fois que tout fut au sol, elle poussa à nouveau un cri et donna un grand coup de pied dans un flacon intacte qui vint s’écraser juste derrière la vieille femme. Une gamine fut envoyée chercher la garde alors que deux gaillards approchèrent prudemment d’elle.

Thorunn se retourna vers eux, campée sur ses jambes et lorsque le premier essaya de l’attraper en s’approchant un peu trop à son gout, elle lança son poing gauche contre son nez et d’un coup de pied dans les côtes l’envoya valser. Elle sentit le deuxième saisir son bras bandé et dans un cri de douleur, s’écroula au sol. Le souffle court, elle faucha l’homme dans les chevilles, se releva maladroitement et le frappa d’un coup au ventre avant de courrir vers la porte en se tenant le bras… La barde reprit un peu ses esprits une fois à l’air frais. Elle regarda autours d’elle et grinça des dents en voyant des gardes arriver…

Elle recula, cherchant des yeux un échappatoire, consciente de ce qu’elle venait de faire et qu’elle avait été bien trop loin. Elle n’avait pour autant pas envie de finir en prison. Sa main gauche se porta à sa dague accrochée à sa ceinture, sans la dégainer et par réflexe, elle fléchit légèrement ses jambes en position de défense, prête à bondir…

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Thorunn
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Thorunn
Sam 31 Oct - 21:03

Le regard était perdu dans le vague, à la recherche de quelque chose d’insaisissable. Les perles brodées sur la robe scintillaient sous les lueurs du soleil de juin. Des reflets irisés qui attiraient l’attention de ceux qui prenaient le temps de les observer. La nature était capable de créations merveilleuses et délicates que les humains n’étaient pas en mesure de comprendre. Comment des créatures aquatiques pouvaient-elles biosynthétiser des minéraux tels que des cristaux d’aragonite ? Le commun des mortels était tout simplement bien loin de s’imaginer ce que cet univers avait créé, tout cette beauté encore inconnue, parfois cachée. Qui savait seulement ce que voulait dire le mot aragonite ? Personne, peut-être pas même les mages les plus érudits. L’étude de la géologie était quelque chose de bien peu d’intérêt au regard des sortilèges et enchantements. Peut-être qu’un jour, quand la magie aura presque disparu de la surface de la terre, quelqu’un s’intéressera à la science, une science qui ne nécessitera pas de connaissance du Pouvoir. Une science qui remettra en question l’existence des dieux et des mages, des croyances païennes et même l’existence d’un Dieu unique. Alors l’humanité pourra peut-être évoluer vers quelque chose d’autre, de différent, de merveilleux et d’effrayant tout à la fois.

Brunhild avait refermé le livre qu’elle venait de finir, avec le sentiment que l’absurde était quelque part sous la surface. D’un geste gracieux de la main, elle vint à remettre en place une mèche de cheveux derrière son oreille, faisant se mouvoir les reflets irisés des perles sur la manche de sa robe. Elle passa la pulpe de ses doigts sur la surface lisse et laiteuse de celles-ci. La sensation était toujours aussi étrange et agréable, un moyen d’apaiser son esprit. Un geste qui revenait souvent quand elle venait à se rappeler que ce monde pouvait la dépasser, la submerger. Moins d’un siècle qu’elle parcourait ces terres et un constat l’avait durement frappé, toutes choses étaient bien plus grandes que l’avidités des hommes. Tout ce qui avait été fait pouvait être défait, les conquêtes ne sauraient être éternel. Un empire, si puissant pouvait-il être, finirait par tomber en ruine un jour ou l’autre, ce n’était qu’une question de temps. Des chutes, la magicienne en avait déjà vu, en verrait d’autres. Sans doute assisterait-elle à la création d’autre chose aussi, ainsi était la vie.

Le livre posé sur la table, la magicienne avait fini par quitter le fauteuil qui l’avait accueilli un temps plus tôt dans l’alcôve de la bibliothèque qui se tenait au rez-de-chaussée. Elle s’était installée derrière les fenêtres qui donnait sur la cour intérieure, profitant ainsi des lueurs solaires qui éclairaient la pièce. Mais à présent sont esprit était revenu à la réalité avec l’impression de s’être réveiller d’un long sommeil. Pourtant il y avait encore bien des réflexions qui parcouraient ses pensées. Des idées qui l’empêchaient de revenir dans le vrai monde. Une magicienne pouvait s’octroyer ce droit, elle en avait même le devoir.

Des pas lent, mue par le flot de ses pensées elle se dirigea vers la table où se trouvaient un gobelet et une carafe de vin de Toussaint. Elle le porta à ses lèvres délicates et le goût lui rappela qu’elle n’aimait pas le vin rouge. Sitôt elle reposa le gobelet sur la table, se notant pour elle-même qu’il lui faudrait penser à ne plus en boire, voire même à donner les bouteilles qu’elle avait encore en sa possession. Brunhild se souvenait que la poignée des êtres qui venaient en boire chez elle n’étaient soit plus de ce monde, soit en des lieux bien trop reculés de Wyzima pour lui rendre visite. Un soupire échappa du fond de sa gorge. Prendre l’air lui ferait sans doute le plus grand bien.

La magicienne marchait prudemment dans les rues de la capitale témérienne, depuis la mort de Foltest la situation semblait s’être dégradé dans le royaume. Brunhild observait cela de loin, ne voulant plus se mêler des affaires de la cour, moins encore de la politique. Depuis cette histoire avec La Valette, il lui semblait avoir perdu foi en la noblesse, quand bien même elle l’avait toujours su volatile et imparfaite. Elle voyait tout le mal que les Hommes pouvaient se faire pour un peu de pouvoir, par égoïsme ou même par amour. Ce dernier sentiment devait être le plus pur, mais lui aussi était parfois corrompu ou était capable de corrompre les âmes les plus douces. Tout cela était bien difficile à ignorer pour Brunhild, mais elle le devait, l’avenir des mages étaient bien trop incertain pour intervenir.

Des voix, des cris attirèrent son attention. Y avait-il quelque chose à craindre ? Inquiète, l’enfant de Dorndal poursuivit le cheminement qui semblait la mener droit sur l’altercation. Elle ne mit pas bien longtemps à découvrir la scène qui se jouait devant elle. Une jeune femme qui semblait vouloir en découdre avec la garde locale. Quand bien même cela n’était pas monnaie courante, ce n’était pas la première fois que la magicienne assistait à ce genre de scènes. Pourtant, elle ne pu s’empêcher de remarquer dans quel était physique pouvait se retrouver la blonde. La fatigue se lisait sur son visage, tout autant que les grimaces qui s’esquissaient involontairement sur son faciès tandis qu’elle bougeait l’un de ses bras. Toujours le même qui semblait la faire souffrir. Ce n’était pas pour l’empêcher de brandir sa dague aux nez des hommes en armure. Brunhild devait juste passer son chemin, ne pas s’en mêler.

Hélas, la magicienne qu’elle était ne pouvait ignorer la détresse émotionnelle dans laquelle se trouvait cette inconnue. Tristesse et colère se partageait la place dans son cœur, un déchirement terrible qui l’avait sans aucun doute poussé à se retrouver dans une telle situation. Non, il était impossible de passer à côté de cela, de faire semblant de n’avoir rien vu, rien ressenti. La magicienne s’était arrêtée, regardant la scène avec attention, elle n’avait d’yeux que pour la jeune femme, elle devait lui venir en aide.

D’un geste elle écarta la peuplade qui regardaient le spectacle, se partageant entre voyeurisme et peur. Ô bien sûr elle n’avait rien de l’allure d’une magicienne, Brunhild avait pris grand soin de prendre l’allure d’une fille de la ville, mignonne et insignifiante qui avait tout de la parfaite fille de marchand. Les temps n’étaient pas à s’exhiber comme Triss Merigold ou Sabrina Glevissig.

- Cousine, enfin je te trouve ! Ton père, mon oncle, est inquiet de ne point te trouver ! Lança-t-elle à l’adresse de la jeune femme à la dague. Mais enfin qu’es-tu encore fait pour te trouver des ennuis ?

Brunhild regarda les gardes qui s’interrogeaient à présent sur sa présence. Il ne fallait pas tarder, ne rien laisser au hasard ni à l’hésitation.

- Qu’à fait ma cousine pour attirer votre attention messires ? Sachez qu’au nom de notre famille j’en suis bien navrée, poursuivit-elle en courbant l’échine. Permettez que je m’occupe d’elle et vous n’aurez plus à en entendre parler.

Intérieurement elle croisait les doigts pour que le stratagème fonction et surtout que l’autre joue le jeu, sinon elle ne donnerait pas cher de sa peau, à coup sûr qu’elle irait mourir dans une geôle.

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Brunhild de Dorndal
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Brunhild de Dorndal
Dim 1 Nov - 0:33
La main gauche serrée sur sa dague ne tremblait pas mais tout le reste de son corps était agité de petits soubresauts. La bouche sèche et pâteuse, elle jetait des petits coups d’œil nerveux vers les gardes. Elle serrait et desserrait son étreinte sur le manche de son arme, bougeant très légèrement sur place, afin de rester prête à toute éventualité, comme lui avait appris Bjorn. Pourtant elle sentait que ses jambes étaient faibles, son ventre gargouillait. Qu’elle doive combattre ou s’enfuir, elle ne tiendrait pas longtemps. Il n’était pas envisageable de finir derrière des barreaux.

Des sensations au gout amer lui revenaient, cicatrices du dernier combat qu’elle avait mené. La guérisseuse sentait un gout de fer sur sa langue, l’adrénaline qui montait et lui donnait quelques suées chaudes, ses sens en éveil, du moins autant que lui permettait son état de fatigue avancée. La jeune femme ne comprenait pas trop d’où venait ce malaise qui grandissait en elle et n’avait pas conscience de projeter sur cette situation les sensations qu’elle avait ressenties durant la bataille. Pourtant les hommes en armes n’avaient pas l’air de lui en vouloir et il ne la regardait pas comme une cible à abattre. Ils faisaient simplement leur travail. Mais c’était plus fort qu’elle, comme un traumatisme ancré en elle, dans sa chair.

Elle ne savait que faire, son seul désir était de fuir très vite et très loin. Perdue, elle allait tenter de prendre ses jambes à son cou quand une jeune fille fendit la foule et sembla lui parler. La guérisseuse ouvrit la bouche, interdite. Cousine ? Est-ce que la fille la confondait avec quelqu’un ? Elle jeta un regard rapide en direction des gardes qui semblaient désarçonnés par cette intervention. Son cerveau était lent, ralenti par la peine et l’épuisement. Elle mit un petit moment à réagir, le temps de comprendre qu’il lui fallait jouer le jeu, erreur ou non.

À la dernière phrase de la nouvelle venue, celui des hommes en armes qui devait être le plus gradé d’entre eux jaugea l’importune, ma foi fort mignonne. Il lissa son épaisse moustache et désigna Thorunn d’un coup de menton.

« C’est ta cousine ça ? » Il lança un regard méprisant à la barde qui ressemblait plus à une vagabonde qu’autre chose, puis passa de nouveau ses doigts au-dessus de ses lèvres, dans ses poils. « C’est que… la donzelle a apparemment mis un beau bazar dans l’hôpital… » Il semblait hésiter. Les tensions dans la ville étaient palpables, ils avaient mieux à faire que de s’occuper de ce genre de cas mais la réaction combattive de la fauteuse de trouble l’avait rendu méfiant et la foule les observait.

La guérisseuse remarqua le coup d’œil que le gradé lança vers la gamine qui avait été envoyé quérir la garde. La blonde se souvint que la petite avait quitté le dispensaire avant que commence la bagarre avec les deux hommes à l’intérieur. Il fallait aller vite avant que ces messieurs se remettent et que quelqu’un ait la mauvaise idée de venir en rajouter une couche auprès des soldats. Doucement, elle détendit son corps quittant sa posture défensive, d’un geste lent elle abandonna sa dague à sa place, à sa ceinture. Affichant un air contrit et honteux, elle se tourna vers sa « cousine ».

« Cousine je suis désolée… Je vous donne bien du souci à père et toi »

Elle plaça sa main à présent désarmée bien en vue, et tenta de relever les bras légèrement devant elle, en signe de paix. Son bras droit retomba contre son corps, sans force, ce qui lui arracha un cri de douleur. Elle avait du mal à réfléchir, à savoir quelle attitude adopter. Valait-il mieux passer pour saoule ?  Ou pour une demeurée ? La douleur lui vrillait le cerveau et elle commençait à voir danser des points noirs devant ses yeux. Il fallait qu’elle tienne bon… Qu’elle trouve quelque chose.

Celui qui semblait commander aux hommes en arme ne lui laissa pas le temps de poursuivre et s’approcha légèrement de Thorunn, les pouces dans sa ceinture, en conquérant. Il fit signe à la jeune fille qui les avait interrompus de s’approcher et clama un peu théâtralement sans attendre

« Elle a dégradé du matériel dans l’hôpital, on ne peut pas la laisser partir comme ça » Il fit mine de réfléchir, lança un regard de connivence aux deux femmes et afficha un sourire plein d’avarice. Il prononça à voix basse de façon à ce qu’elles seules entendent « Mais… peut être qu’une petite compensation financière pourrait apaiser la situation ? Pour l'hôpital bien sur ! » Il fit un signe à ses hommes et reprit d’une voix plus forte « Dispersez les curieux, on va s’arranger avec les deux petites dames n’est-ce pas ? » L’homme ne voulait sans doute pas que les habitants le voient se faire graisser la patte.

Le visage de Thorunn sembla se décomposer. La blonde jeta un regard désespéré vers sa sauveuse. Aussi altruiste que cette dernière pouvait être, la barde se doutait qu’elle n’allait pas ouvrir sa bourse pour aider une étrangère et elle le comprenait tout à fait. Les temps étaient rudes pour tout le monde et elle ne voulait pas mettre en difficulté qui que ce soit. Surtout pas une âme aussi bonne qui se mettait dans une situation délicate afin d’aider quelqu’un qu’elle ne connaissait pas. Malheureusement, Thorunn n’avait pas la moindre petite pièce sur elle. Les seules choses qu’elle possédait et qui avaient de la valeur était la dague offerte par son ancien compagnon et quelques bijoux qui lui restaient de son ancienne vie. Elle ne pouvait se résoudre à se séparer de cette arme si précieuse à ses yeux mais peut être que ses bagues... Elle avança à contrecœur sa main droite sur laquelle se trouvait encore quelques anneaux, dont un sur lequel était sertit une petite pierre bleue.

« Je n’ai que cela sur moi… Est-ce que cela pourrait vous convenir ? » Elle fixa un instant le garde sans quitter son air honteux, espérant qu’elle aurait l’air assez misérable pour l’amadouer. Enfin la jeune femme jeta un œil vers sa sauveuse, toute la reconnaissance du monde dans le regard.

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Lun 2 Nov - 11:02

Derrière ses airs naïfs, Brunhild observait la garde. Ses grandes prunelles captaient tous les détails non sans une certaine attention. En premier lieu il fallait réprimer le dégoût que pouvaient provoquer la vision de ces hommes chez la douce. Il y avait quelque chose de parfaitement détestable qui évoquait un sentiment de méfiance. Pourtant il fallait refréner ses sentiments, passer au dessus pour garder le masque de l'innocence. Être une femme dans ce monde n'était pas chose aisée, cela pouvait être dangereux, car au moindre faux pas c'était toute la bestialité des hommes qui pouvait frapper rudement. La magicienne espérait épargner cela à la jeune inconnue. Son cœur était bien traitre de ne point vouloir rester aveugle à la détresse des vivants, une fois encore voilà qu'elle se retrouvait embarquer dans une histoire qu'elle savait périlleuse mais pas sans victoire.

On l'avait invité à s'approcher, à prendre part à la mascarade qui était entrain de se jouer. Ce n'était ni plus ni moins que cela au vu du temps que le moustachu avait pris pour faire état de la raison pour laquelle la garde était intervenue dans la rue et tenter d'appréhender la blonde. La suite n'en fut pas moins prévisible quant à écouter les dires du misérable dont on aurait pu remettre l'honneur en doute au vu de la proposition qui s'en suivit. Les hommes de la garde suivirent les ordres qui étaient de disperser la foule afin de pouvoir profiter de deux créatures innocentes et naïves. Tout au moins c'était ce que devait penser ce bipède mal odorant. De quoi avoir des haut leur cœur en sentant cette odeur de vinasse digne d'un mauvais vin rouge. Ne pas vomir, pitié ne pas vomir, mon encore sur ses chausses.

Brunhild arbora un air entre le courroux et la lassitude quand on lui laissa la parole à nouveau, loin des regards suspicieux et voyeurs. Point sur les hanches, elle avait l'attitude d'une mère qui s'apprêtait à houspiller la damoiselle en piteux état. Cette dernière était parfaitement dans le jeu de la magicienne, même si pour l'heure il fallait continuer la performance et mentir plus encore. Celle-ci soupira intérieurement en se félicitant de la réussite de ce petit tour, quand bien même il n'y avait pas une once de magie dans celui-ci, ce n'était pas son premier coup d'essai, ni le dernier.

- Je ne veux pas de tes excuses cousine ! Gronda la brune. Pour sûr que tu vas nous attirer les foudres des anciens de la famille avec tes bêtises, grand-mère doit être entrain de se retourner dans sa tombe à l'heure qui l'est ! Continue comme ça et tu vas nous couvrir de honte, à ton âge...

Sitôt elle croisa les bras, la mine plus fâchée encore que précédemment. Nerveusement, Brunhild tapait du pied pour signifier son mécontentement. Les sourcils froncés, elle regardait celle qui serait à présent sa cousine, le temps de la sauver des griffes de la garde de Wyzima. Elle voyait dans son langage corporel qu'elle continuait de jouer le jeu, prenant l'allure d'un jeune chiot que l'on viendrait de rouspéter après avoir découvert qu'il avait fait ses dents sur de vieilles bottes encore utile. Un cri de douleur lui échappa à cause du mouvement de son bras blessé qu'elle avait laissé retomber contre son buste. La magicienne se retint de sursauter.

Alors même que la blonde allait proposer de quoi acheter sa liberté en proposant une bague pour seul paiement, Brunhild posa une main sur la sienne afin qu'elle n'ait pas à offrir le peu de richesse qu'elle avait encore, semblait-il, en sa possession.

- Ne sois-pas idiote voyons, même sa femme n'en voudrait pas, dit-elle tout en profitant de cela pour se glisser subtilement entre le garde et la blonde, afin de protéger cette dernière. Il en va de l'honneur de ma famille à régler cette affaire, après tout cela est de notre faute si ma pauvre cousine a échappé à notre vigilance. On dit les soldats homme d'honneur et de parole, aussi serez-vous assez compréhensif pour lui pardonner cette incartade, car c'est l'amour et la tristesse qui peuvent pousser une femme à jouer aux furies. Allons, vous savez comme nous sommes des créatures de corps et d'esprit bien fragile.

Sur ces mots, elle prit la bourse qu'elle avait à sa ceinture pour la confier délicatement à l'homme à la moustache tout en lui adressant un sourire bienveillant. Après quoi elle lui assura que sa famille allait également payer pour les dégâts à l’hôpital et qu'elle ferait tout pour que l'on ne revoit plus sa cousine dans les rues de la capitale témérienne. A présent il fallait prier Freya et Melitele pour qu'on les laisse en paix et qu'on ne leur propose pas de jouer des filles de joie. Dans ce cas particulier, Brunhild n'aurait d'autre choix que d'user de magie pour parvenir à s'en sortir. Mais elle avait, du moins l'espérait-elle, eu d'assez bons arguments pour empêcher le soldat d'avoir de telles idées. Pas de badinage, mais de cils papillonnant et de moue lascive. Mais hélas, un homme restait un homme... Ils avaient un capacité d'analysé des plus limités quant au langage corporel d'une femme.

- Viens cousine, il est temps de rentrer, ton père doit nous attendre et il y a fort à craindre que tu risques de recevoir son courroux une fois encore... Messire... toi aussi fait une révérence s'il te plaît.

Il y avait quelque chose d'étrangement drôle dans ce curieux duo improvisé tandis que Brunhild faisait une révérence simplette sans grand élégance, elle qui en avait pourtant l'habitude. Mais une couverture devait rester une couverture, les filles du peuple ne savaient pas faire la révérence, c'était ce qui leur apportait une touche d'authenticité.

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Brunhild de Dorndal
Mar 3 Nov - 2:41
Thorunn débordait littéralement de reconnaissance envers la jeune inconnue. Elle était impressionnée par son jeu d’actrice et la rapidité avec laquelle elle rebondissait, esquivant toutes les difficultés que pouvait leur poser le garde. D’ailleurs si elle n’était pas aussi épuisée, leur petit jeu l’aurait même amusé au plus haut point. Mis à part qu’elle risquait de finir ses jours en prison, ça c’était moins drôle. Elle décida d’en rajouter une couche, elle prit un air encore plus abattu, à dire vrai elle n’eut pas beaucoup de mal à se forcer. Lorsque sa sauveuse posa sa main sur la sienne, l’empêchant d’offrir ce qu’il lui restait, elle se sentit indigne d’une telle considération. Était-elle tombée si bas qu’une toute jeune femme était obligée de prendre sa défense et de s’impliquer dans une situation qui pouvait mal finir ? Pour elle ? Elle n’avait rien fait qui mérite une telle charité.

La honte au ventre, l’esprit embrumé, il lui sembla comprendre que la petite stratège jouait la carte de la faiblesse féminine. Thorunn se retint d’esquisser un sourire. C’était malin, certains hommes étaient prompts à croire les femmes naïves, fragiles, hystériques… Et sur ce point, la blonde avait malheureusement donné raison à la croyance populaire vu la scène qu’elle venait de faire dans l’hôpital. Un instant de faiblesse que la barde regrettait à présent amèrement. Elle pâlit légèrement en voyant sa sauveuse sacrifier sa bourse… Bon sang, comment pourrait-elle lui rembourser une telle somme ? Pourtant il était hors de question qu’elle ignore une dette, surtout de cette ampleur. Et encore moins venant de la part d’une jeune fille à l’allure innocente qui avait sans doute besoin de cet argent.

Elle se maudit intérieurement – même si depuis son expérience avec une véritable malédiction elle prenait grand soin de choisir ses mots et ses pensées – elle avait vraiment été la dernière des idiotes pour se comporter de cette façon. Elle avait pensé un instant n’avoir plus rien à perdre, mais c’était faux. Sa liberté n’avait pas de prix et derrière des barreaux elle aurait bien du mal à poursuivre ses recherches, honorer la mémoire de son guerrier de compagnon. La flamme de l’espoir avait vacillé en elle mais elle sentait qu’elle n’était pas tout à fait éteinte. Après tout ne disait-on pas que « l’espoir, c’est ce qui meurt en dernier » ? Était-elle assez morte à l’intérieur pour accepter de perdre tout espoir ?

Il fallait qu’elle s’accroche encore, elle avait toujours en elle la combativité que lui avait transmis Bjorn. De plus, un acte aussi pur que celui qu’entreprenait la belle jeune fille à son égard lui redonnait foi en la vie. Pendant un instant, elle se demanda ce qu’allait bien pouvoir lui demander en échange cette adorable créature ? Était-elle assez bonne pour faire tout cela sans une idée bien précise en tête ? Ce genre d’attitude était bien rare de nos jours. Mais Thorunn était une idéaliste et elle croyait encore à la bonté. La jeune fille lui inspirait confiance et même au-delà de ça, une forme de respect admiratif sans que la guérisseuse sache l’expliquer.

Le chef des soldats de son côté regardait les deux jeunes femmes en hésitant, lissant toujours sa moustache. Les paroles de Brunhild semblaient avoir fait mouche et il regarda autours de lui, prenant la bourse avec vivacité. Il la soupesa et fit mine de douter… Il hésita clairement à demander plus. Finalement, le pourri observa Thorunn et poussa un grand soupire qui sonnait faux. Il empocha l’argent et s’adressa à la justicière en jupon qui se tenait entre lui et la fauteuse de trouble.

« Bien… je suis de bonne humeur aujourd’hui, je vais fermer les yeux pour cette fois, pour vous faire plaisir jeune fille. » Il reluqua ouvertement la jolie fille et agita son index en signe d’avertissement « Mais je vous préviens toutes les deux, à la moindre incartade de ta cousine, je la coffre et croyez-moi qu’elle passera un sale quart d’heure votre furie ! Mes gars et moi on sait mater ce genre d’hystérique »

Un sourire légèrement répugnant passa sur son visage et Thorunn grinça des dents. L’homme ricana quand la sauveuse annonça que sa cousine allait recevoir une punition exemplaire chez elles. Finalement il prit un air indulgent de grand seigneur.

« Allez filez toutes les deux, et qu’on ne t’y reprenne plus toi » Son regard méprisant glissa de haut en bas sur Thorunn. Cette dernière imita sa sauveuse et essaya de faire une révérence maladroite. Elle n’eut pour sa part pas besoin de faire semblant, elle n’avait jamais fait ce genre de courbette. À Skellige ce n’était pas trop dans les usages et sur le continent, Bjorn et elle ne s’inclinait jamais devant les commanditaires de leurs missions. Question d’image et de fierté, il fallait faire forte impression.

Jetant un regard interrogatif vers sa cousine improvisée, tremblante de fatigue, elle s’éloigna légèrement de la garde, à petit pas. Un des soldats crus drôle de lui crier « Et fais un effort souillon ! Tu n’es même plus bonne à regarder » Thorunn sauva les apparences et se retint de se retourner pour lui exprimer le fond de sa pensée. Elle serra son poing valide, les mâchoires crispées. En face à face, la guérisseuse aurait sans doute étalé au sol ce jeune péteux qui savait à peine tenir sa lance. Peut-être même avec un bras en carafe. Tout comme elle avait mis au sol les deux imbéciles qui avaient cru pouvoir la maitriser dans l’hôpital. Inspirant profondément elle se dit qu’il allait falloir calmer cette colère qui la poussait à faire des erreurs.

Elle se demanda pourquoi c’était toujours le physique qui était attaqué chez les femmes ? Que cela soit en négatif comme en positif d’ailleurs. Qui avait décidé un jour que les femmes devaient être faibles et se plier pour certaines à toutes ces exigences ? Était-ce elles les fautives ? Génération après génération, avaient-elles renoncer petit à petit à s’imposer comme les égales de leur partenaire ? Ou était-ce simplement et injustement dû à leurs différences physiques et physiologiques ? Qui avait décidé qu’en temps de guerre il était d’usage de les prendre de force, leur arrachant leur honneur ? Était-ce la volonté des Dieux ou uniquement celle de quelques hommes ? Pour sa part elle s’estimait heureuse, son expérience avec le sexe fort était assez limitée mais plutôt positive. Bien sûr elle avait eu quelques altercations avec de jeunes imbéciles qui s’étaient cru pousser des ailes mais Thorunn avait toujours su les remettre en place. La présence de Bjorn à ses côtés n’y était peut-être également pas pour rien. À Skellige, les femmes se battaient presque autant que les hommes et on apprenait assez tôt aux petites filles à refréner sans subtilité les ardeurs de garçons. C’était même devenu un jeu, un jeu idiot certes, mais un jeu quand même.

Elle soupira légèrement, trop fatiguée pour continuer à penser à ces choses. La barde regarda de nouveau sa sauveuse sans trop savoir ou aller et avait hâte de pouvoir enfin la remercier comme il se devait. Elle chancelait légèrement en  attendant ses instructions, déboussolée, espérant qu’elles allaient s’éloigner au plus vite.

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Mar 3 Nov - 12:37

Son attention semblait tout accaparée par par le moustachu, c'était faux. La magicienne, pour avoir été aux côtés de guerriers de Skellige ou même de sorceleurs, savait qu'il fallait continuer d'être attentif aux mouvements qui se faisaient en vision périphérique. Elle avait bien remarquer le garde qui était entrain d'essayer de se curer le nez avec un gant en cuir bien trop gros pour parvenir à entrer dans sa narine gauche. Elle notait aussi qu'il y avait exactement deux pigeons, un choucas des tours et une corneille entrain de jouer sur les toits. Au sol, un rat profitait de la pénombre pour se glisser entre les affaires qui avaient été laissé sur le sol et espérer trouver quelque chose de comestible à ses yeux. Tant de vie autour d'eux tandis que le chef de la garde semblait vouloir jouer au plus fin avec les deux femmes. Il ne savait pas qu'il avait une ancienne élève d'Aretuza sous le nez, capable de changer la couleur de ses cheveux juste en in claquement de doigts. Pourquoi ne pas le rendre imberbe également ? Idée à tester un jour tant les hommes étaient attachés à l'image de la virilité, chose qu'une barde ou des cheveux avaient tendance à représenter.

Malgré tout cela, un sourire doux et bienveillant continuait de s'esquisser sur les lèvres de la brune à l'adresse de son interlocuteur libidineux. Par les dieux, se qu'il pouvait la dégouter au plus au point avec ses petits yeux porcins. Elle avait grand hâte de ne plus souffrir de sa présence. Ce dernier finit par accepté le payement et ne demanda rien d'autre. Un autre soupire intérieur vint apporter un peu plus de sérénité à la magicienne, ouf elle n'aurait pas besoin d'user de magie pour s'en sortir. C'était toujours une bonne nouvelle. Il ne semblait pas vouloir en démordre davantage preuve que pour l'heure il était davantage cupide qu'affamé d'autre chose. Le masque de Brunhild allait bientôt pouvoir tomber, non pas qu'elle détestait jouer les actrices, mais elle avait à cœur de pouvoir s'occuper de la jeune femme à ses côtés.

La garde s'éloigna enfin, sans oublié quelques paroles inutiles à l'adresse de la blonde. Brunhild leva les yeux au ciel, exaspérée par tant de puérilité mal placé. Enfin au moins elles n'étaient pas dans des geôles ! Sitôt elle attrapa alors la jeune femme par son bras valide tout en faisant abstraction de l'odeur qui pouvait se dégager d'elle. La question était de savoir depuis combien de temps elle était dans cet état et surtout pour qu'elle raison. Cependant, il fallait avancer et elle fit quelques pas dans la rue avec pour objectif de rentrer chez elle pour s'occuper de sa nouvelle invitée. Un dernier regard en arrière pour s'assurer qu'on ne les entendait pas.

- Alors dis moi, comment t'appelles-tu jeune demoiselle ? Demanda la magicienne tout en continuant de la tenir délicatement par le bras afin d'avancer d'une allure paisible.

Brunhild pouvait sentir la raideur de certains muscles, la difficulté à se mouvoir et la fatigue surtout. Quelle idée d'avoir fleurté avec la syncope au vu de la santé précaire dans laquelle elle se trouvait. La magicienne n'en était pas à son premier sauvetage. Certains sauvaient des chatons, elle des humains mal en point. Chacun sa façon de passer le temps. La douce avançait prudemment sur les pavés dont certains étaient légèrement rendu glissant à force de passage les habitants et les voyageurs. Il fallait esquiver le flot des gens qui allaient et venaient. La plus part ne faisait pas vraiment attention, quitte à bousculer les autres qui ne faisaient pas plus cas de l'environnement urbain autour d'eux. Les bruits, les odeurs, les couleurs, autant de détails aux quels il était parfois rendu difficile de faire attention tant la vie elle même accaparait les esprits. La magicienne se sentait détaché de tout cela par moment, prenait le temps d'observer la vie son sa forme la plus commune, celle des hommes. Mais à présent elle avait son chaton à sauver.

- Pour ma part tu peux m'appeler Brunhild, ajouta-t-elle pour parfaire les présentations.

Evidement elle n'allait pas crier sous les toits qu'elle était magicienne, encore moins le révéler dans la rue à présent que l'incertitude planait sur la place des mages dans la société des mortels. Les humains avaient le chic pour créer des problèmes, parce que cela pouvait servir les intérêts, aussi tordus pouvaient-ils être. Depuis le temps cela ne devrait plus la surprendre et pourtant l'absurdité humaine était toujours pour la rendre dubitative... Faisaient-ils exprès, auquel cas ils aimaient l'autoflagellation, ou bien était-ce purement accidentel ? Toujours plus de questions tandis que les réponses et les explications se bousculaient dans son esprit. Enfin, là n'était pas le moment de se lancer dans une étude sociologique, il y avait bien plus important à faire.

Finalement elles avaient bien de la chance de ne pas être trop loin de la maison habitée par la magicienne, tout au plus à quelques rues d'ici au détour d'une boutique qui vendait des habits en lin. Le tissage était un peu grossier à bien y regarder... Bon sang ce n'était vraiment pas le moment de parler chiffon ! Brunhild reporta son attention sur sa nouvelle interlocutrice. A présent qu'elle avait le temps de bien l'observer, elle se disait que cette dernière avait quelques airs de Skellige, mais elle se trouvait bien loin de son archipel d'origine si tel était le cas. Rien ne pressait, la magicienne finissait toujours par avoir les réponses à ses questions, parfois même sans avoir à les formuler ! C'était un peu l'un de ses pouvoirs sans qu'elle n'ait à user de magie pour cela ! Son sourire restait dessiné à la commissure de ses lèvres.

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Brunhild de Dorndal
Ven 6 Nov - 16:54
Thorunn sentit presque immédiatement la tension se relâcher. Sa tête tournait un peu mais elle respirait déjà bien mieux. Déboussolée par tout ce qu’il venait de se passer, elle se laissa guider par sa sauveuse, comme une enfant. Elle la regarda, un air légèrement ahuri sur le visage. Elle se sentait gênée qu’une personne aussi attentionnée qu’elle la voit dans cet état, c’était peu flatteur et il fallait bien l’avouer, il était douloureux pour Thorunn de se montrer aussi faible. Elle pensa qu’en réalité, ce n’était pas la première fois qu’elle était dans cet état, elle était déjà passée par là. Mentalement du moins.

Avant de connaitre Bjorn, intérieurement elle était exactement comme son reflet qu’elle avait vu quelques heures avant dans l’eau… Perdue, affaiblie, affamée, terrifiée... Oh bien sûr, à l’époque sa mère veillait soigneusement à cacher le monstre sous des jolies tresses et de beaux bijoux, il fallait sauver les apparences, mais Thorunn n’en restait pas moins une créature maudite. Ce sentiment ne disparaissait pas comme ça, peut-être ne disparaitrait-il jamais. Elle était marquée au fer rouge. Être un monstre un jour, être un monstre toujours, sentir ce poids dans son âme… Être salit. Ne pas avoir sa place dans ce monde. La légitimité de son existence qui tournait encore et encore dans sa tête… Pouvait-elle continuer à vivre alors que d’autres étaient morts, par sa faute ? En avait-elle seulement le droit ? Sa seule faute était d’être… ce qu’elle était. Il fallait endurer jour après jour la déception dans les yeux de sa mère, les regrets qu’elle causait à sa famille. Vivre avec les remontrances, les regards courroucés, les coups parfois, même s’ils n’étaient rien face à la haine qui grandissait un peu plus chaque jour. Entendre se faire répéter à quel point elle était un poids, la honte de sa famille.

La blonde en était venue à foncièrement se détester. Pas seulement à détester la créature maudite en elle non, mais également chacune de ses imperfections. Chaque chose qui lui rappelait qu’elle était faillible lui devenait petit à petit insupportable. Puisqu’elle n’était pas aimée, c’était qu’elle n’avait que ce qu’elle méritait. Qui pourrait aimer un être aussi imparfait après tout ? Partout, tout le temps, elle constatait que chacun était faillible et elle n’en tenait elle-même jamais rigueur à personne, toujours trop gentille. Mais en ce qui la concernait, elle s’ôta ce droit à l’imperfection. Même sa mère se détournait d’elle, rien n’était jamais suffisant pour excuser ce que Thorunn était, qui elle était. Elle haïssait la moindre de ses erreurs, se reprochait toute la misère du monde, se sentait responsable de tout ce qui n’allait pas autours d’elle. La blonde devint colérique, impatiente, intransigeante.

Au début, elle avait lutté, elle s’était montrée dure, bagarreuse, insolente avec sa mère, elle avait bravé ses limites, essayant d’exprimer la souffrance qu’elle ressentait quand celle qui l’avait mise au monde la maltraitait, lui reprochait de vivre. Essayant de provoquer sa colère pour une raison valable. Mais au bout d’un moment, elle devint plus résignée. Elle s’était murée derrière une façade, un masque, essayant de se plier en quatre pour tout le monde. Tendant vers une espèce de perfection imaginaire. Elle finit par se sacrifier au détriment des autres, à s’écraser, voir même à oublier qui elle était. Quoi faire, quoi dire, comment se comporter ? Elle tentait d’agir comme elle imaginait que la personne en face le désirait. Sans franc succès à dire vrai. Aujourd’hui encore, Thorunn se battait avec cette dualité en elle, son tempérament de feu qui se heurtait à son désir de toujours plaire, de bien faire.

Et pourtant au fond d’elle, il y avait aussi une petite fille apeurée, esseulée. Une petite chose infiniment fragile, qui sentait bien, au fond, que c’était injuste, qu’elle était trop dure avec elle-même, que quelque part elle devait bien avoir sa place. Cette enfant en elle pleurait, tapait, hurlait, que rien de tout ceci n’était sa faute, qu’elle aussi méritait de vivre. Cette petite fille suppliait qu’on lui pardonne d’être comme elle était, d’être imparfaite. Elle priait les Dieux chaque nuit, que quelqu’un lui dise qu’elle aussi avait le droit d’être humaine, de se tromper, qu’elle aussi méritait de vivre. Que quelqu’un l’accepte. Mais maintenant elle avait perdu les deux êtres qui l'avaient accepté en sachant ce qu'elle était, l’un était loin et l’avait sans doute oublié, et l’autre avait toutes les chances d'être mort.

Elle se souvenait que la première bouffée d’air qui l’avait sauvé était celle que lui avait apporté un sorceleur, quand elle était encore à Skellige. Elle s’était rendue à lui pour épargner plus de honte à sa famille, Thorunn lui avait offert sa tête et malgré le contrat qu’il avait accepté, il avait refusé de lui ôter. Pour la première fois elle avait eu l’impression que sa vie valait quelque chose puisque quelqu’un, dont c’était pourtant le métier, avait refusé de la lui prendre. La seconde lueur d’espoir avait été l’amour de Bjorn. Alors qu’il avait pourtant vu de ses propres yeux à quoi la jeune femme ressemblait les nuits de pleine lune, il l’avait embrassé, aimé et lui avait promis de rester toujours à ses côtés et qu’il la protégerait jusqu’à sa mort.

Thorunn avait pensé à tout ça en quelques secondes, elle revint à la réalité quand sa sauveuse lui posa une question et lui donna son nom. La guérisseuse regarda autours d’elle comme un petit animal terrifié, vérifiant qu’elles ne craignaient plus rien à briser leur jeu de rôle.

« Thorunn… je m’appelle Thorunn » elle éclaircit un peu sa voix puis la regarda avec une infinie reconnaissance « Merci… je ne saurais jamais assez vous dire merci. Je… » elle sentait petit à petit la tension se relâcher et les larmes monter, encore. Elle réussit à se retenir de pleurer. « Je suis désolée… j’ai été stupide. Et maintenant je ne peux même pas vous rembourser » Elle se sentait dépassée par les événements tandis qu’elles continuaient d’avancer « Pourquoi ? » cette fois elle sentit les larmes déborder quand elle cligna des yeux « Pourquoi avoir pris des risques pour moi ? Regardez-moi… Je n’ai rien à vous apporter en échange… je n’ai plus rien d’ailleurs »

Elle se sentait pitoyable, ridicule… Elle se montrait sous son pire aspect, faible et malheureuse. Elle détestait ça. Elle se détestait. Elle était toujours la jeune fille de son passé. Perdue, affaiblie, affamée, terrifiée. Oui… Monstre un jour, monstre toujours. Elle n’en pouvait plus, elle voulait que cette douleur cesse enfin, ne plus jamais avoir à affronter son reflet dans un miroir. Dormir et oublier. Tout oublier.

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Thorunn
Mer 25 Nov - 12:35

Thorunn. Ah, ce devait être une fille de Skellige, un archipel que la magicienne connaissait bien pour l’avoir souvent arpenté par le passé et quelques fois encore les années précédentes. Elle eut une pensée pour son ami Björn qu’elle avait perdu durant la deuxième guerre contre Nilfgaard. Cela expliquait entre autre la fougue dont avait fait preuve la jeune femme en tenant tête à la garde de Wizyma, une folie dans son état. A présent c’était un tout autre visage qu’il lui était donné de voir, la jeune femme avait à tout à voir avec un jeune chien fou qui savait qu’il avait fait une bêtise. Brunhild eut un sourire bienveillant à l’adresse de son interlocutrice. Seule Freya savait à cette heure quelles étaient les peines qui pouvaient affliger cette âme vagabonde, si loin de sa terre d’origine.

- Ravis de te rencontrer Thorunn, répondit-elle avant de poursuivre, tout le plaisir était pour moi.

La blonde reconnu qu’elle avait fait preuve d’une infortuné maladresse pour s’être mise dans une situation pareille, se demandant à présent comment elle allait pouvoir rembourser sa sauveuse. Puis enfin vint une question qui devait la dévorer depuis que la magicienne avait pris sa défense face à la gente masculine. Pourquoi ? Tandis que les larmes lui montaient aux prunelles, Brunhild laissa un sourire paisible accroché au coin de ses lèvres. Thorunn poursuivit néanmoins, cherchant à approfondir le sens de sa première question. Elle voulait des réponses, cela allait s’en dire mais sa sauveuse allait-elle les lui donner ? Loin d’être une sorcière avec des plans machiavélique derrière la tête, la brune se ferait un plaisir de lui répondre, mais déjà elles étaient arrivées dans la cour intérieur de la maison occupée par la magicienne. Celle-ci s’assura que le portail était bel et bien clos et que personnes ne viendraient à les déranger.

- Je ne veux rien en échange, dit-elle dans un premier temps, je ne sais pas depuis combien de temps tu es sur le continent, mais tu auras remarqué que les femmes ici ne sont pas traités comme sur Ard Skellig et le reste de l’archipel.

Brunhild s’avança vers la porte d’entrée et l’ouvrit avant d’invité Thorunn à entrer. Une odeur de fleur de cerisier flottait dans l’air, de quoi délasser les esprits et le corps. Le rez-de-chaussée sentait bon le printemps et la paix, mais ce n’était pas là qu’il fallait se rendre. La magicienne ouvrit la marche pour atteindre les étages supérieurs.

- En tant que femmes, nous sommes considérées uniquement comme des ventres sur pattes capables de pérenniser la race humaine, poursuivit-elle en montant les escaliers qui grinçaient sous ses pas. Sachant cela et que nous n’avons pas toutes les même chance et les même opportunité dans la vie, je préfère venir en aide à mes sœurs plutôt que de les voir à la merci des hommes et des rustres.

Le second étage se dévoilait sous leur yeux, une pièce séparée par des paravents finement ouvragés où de nombreuses plantes en pot avaient élu domicile pour donner l’impression d’être dans la nature. Ici l’odeur était différente, plus douce avec une note d’agrume qui flottait dans l’air. Là, une baignoire à pieds trônait au centre de l’espace qui était dédiée aux soins et à la toilette.

- Je vais m’occuper de toi, tu vas prendre un bain tu m’en diras des nouvelles ! Mais avant ça, je préfère être honnête avec toi, je suis magicienne.

Sur ces mots, de l’eau chaude et une odeur de rose s’échappèrent de la baignoire auparavant vide.

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Brunhild de Dorndal
Jeu 3 Déc - 1:48
Tout en Brunhild inspirait confiance à Thorunn. Elle ne savait dire pourquoi, ses sourires bienveillants ? Le timbre de sa voix, apaisant ? Ses mouvements à la fois élégants et emplit de douceur peut être ? Sans doute un mélange de tout cela. Et puis la barde avait tendance à abaisser ses toutes premières défenses facilement, encore plus quand il émanait tant de bienveillance de son interlocuteur. Selon elle, la confiance accordée participait à rendre le monde un peu meilleur. Éternelle rêveuse, elle voulait continuer d’essayer de croire en la bonté gratuite. Thorunn savait bien que c’était une douce utopie, mais elle faisait sa part, chaque pierre à l’édifice comptait. La blonde tentait en général de contribuer en dispensant ses soins du mieux qu’elle le pouvait et de la joie grâce à ses chansons, même si ce n’était pas grand-chose.

La barde leva légèrement la tête lorsque les deux femmes arrivèrent dans la cour intérieure d’une maison. Elle étudia les lieux du coin de l’œil, trop peu alerte pour se permettre de les observer avec soin. La jeune femme n’y connaissait rien mais elle imaginait qu’il n’était pas donné à tout le monde de vivre ici, cela semblait confortable. Lorsque Brunhild vérifia le portail et s’adressa à la blonde en soulignant qu’elle ne voulait rien en échange de son acte de gentillesse, Thorunn la regarda avec surprise et la remercia silencieusement. Puis sa sauveuse mentionna le sort peu enviable des femmes sur le continent, ce qui fit décrocher un léger sourire à la barde.

Thorunn était parfaitement consciente qu’elle avait été très épargnée de ce côté jusqu’à récemment. Elle avait passé les dernières années entourées d’hommes rustres mais prévenants, qui ne l’avaient ni traité plus mal, ni mieux qu’un compagnon de route masculin. Ils l’avaient simplement traité de manière différente mais cela ne l’avait jamais dérangé. À tort ou à raison, Thorunn était persuadée que les hommes et les femmes resteraient à jamais très différents et que ces différences faisaient qu’ils n’auraient jamais tout à fait la même vie. Cela ne devait pas pour autant faire des femmes les éternelles défouloirs des hommes, la jeune femme avait effectivement pu constater que sur le continent, ces différences étaient transformées en violentes inégalités. La barde avait d’ailleurs déjà remis à leur place quelques jeunes imbéciles et elle remerciait son éducation dans les îles ainsi que les épreuves traversées, qui lui avait donné la force de ne pas se laisser marcher sur les pieds. Il fallait dire aussi que c’était une chose rendue plus aisée grâce à la présence rassurante d’un groupe de guerriers expérimentés non loin.

La blonde répondit un peu timidement à l’invitation de son hôtesse et entra à sa suite. Tout comme l’était Brunhild, sa maison était apaisante et rassurante. Elle la suivit en serrant son bras douloureux contre elle et l’écoutait avec attention, du moins autant que son état de fatigue avancée le lui permettait. Des ventres sur pattes… Thorunn déglutit avec difficulté en repensant au moment où elle avait annoncé à Bjorn qu’elle était enceinte. Lui avait été fou de joie alors qu’elle s’était montrée plus mitigée. Certes elle avait envie de vivre cette aventure avec lui mais… Et si la malédiction n’avait pas tout à fait disparu, et si elle passait ce fardeau à son enfant ? Cela l’avait terrifié. Mais maintenant il était trop tard, Bjorn n’était plus la et leur enfant ne verrait jamais le jour. Elle sera plus fort son bras contre elle en se demandant si elle connaitrait un jour la maternité au final ? Était-ce quelque chose qu’elle désirait vraiment ? Au-delà de son inquiétude toute personnelle à propos du sort qui l’avait frappé, pouvait-on réellement souhaiter élever un enfant dans ce monde ? Pour la barde, la tête disait non mais au fond de son cœur elle ressentait qu’un jour, elle en aurait l’envie.

Elle releva les yeux vers Brunhild en arrivant au second étage alors qu’elle terminait sa phrase. Thorunn semblait comprendre ce que voulait dire sa sauveuse, toutes les femmes n’avaient pas eu la chance d’apprendre à se battre, voir même à réfléchir par elles-mêmes, elle supposait qu’un peu d’entraide n’avait jamais fait de mal à personne. Et elle était heureuse d’en avoir bénéficié d’ailleurs. Une autre odeur très agréable s’instilla dans ses narines et la décoration de la pièce la laissa bouche bée. Elle regarda la baignoire avec envie quand son hôtesse lui dit qu’elle allait prendre un bain. Elle fut encore plus surprise quand Brunhild lui avoua qu’elle était magicienne et que la baignoire se remplit instantanément. Thorunn esquissa un sourire fatigué et pose sur elle un long regard plein de gratitude

« Vous êtes décidément pleine de surprise ma Dame. Je ne saurais assez vous remercier »

Elle huma la délicieuse odeur de rose. Depuis combien de temps n’avait-elle pas pris un vrai bain ? Pas un bain dans un rivière mais un vrai bain, dans une baignoire bien chauffée. C’était un de ses grands plaisirs dans la vie. La barde demanda la permission d’un coup d’œil vers la baignoire « Puis-je ? »

Elle s’approcha, et respira profondément la senteur florale, puis trempant sa main valide dans l’eau chaude elle retint un soupire de plaisir. Elle esquissa un sourire ravi, sincèrement impatiente, oubliant pendant quelques secondes sa peine et sa souffrance. La blonde se retourna un peu trop vite vers la magicienne dans le but de lui faire part une nouvelle fois de sa reconnaissance. Ce mouvement brusque lui arracha un cri de douleur et sa main valide vint se poser sur son avant-bras droit, non loin de son poignet et de sa main brisée. Sa vision s’obscurcit un moment mais elle se ressaisit. L’adrénaline de son aventure avec la garde avait disparue et la douleur revenait maintenant à son maximum, le remède qu’elle s’était préparé quelques heures avant se faisait presque plus effet. Ajoutée à cela, sa grande fatigue ne rendait pas la souffrance plus supportable.

Toute pâle, elle leva maladroitement les yeux vers Brunhild. Elle ne se sentait même pas capable de se déshabiller et d'entrer dans la baignoire avec cette douleur.

« Je suis désolée d’abuser de votre gentillesse… je ne sais pas si vous pourriez arranger pour moi ce bras ? J’ai… j’ai vraiment trop mal » Elle inspira douloureusement. Elle ne savait pas si la Dame avait des connaissances en médecine mais elle devinait sans mal qu’elle était merveilleusement cultivée « Les deux os de l’avant-bras sont brisés » elle désigna le milieu de son avant-bras par-dessus sa manche de chemise « Je pense que la fracture est nette et les os ne sont pas déplacés, avec du temps cela devrait se ressouder seul sans trop de dégâts, j’ai eu de la chance. Mais… ma main elle… » Elle baissa les yeux sur sa main aux doigts tordus et affreusement douloureux « Je ne pourrais plus m’en servir sans un miracle » Elle releva la tête vers la magicienne, mal à l’aise de lui en demander autant, mais son miracle, ça pouvait être elle si la chance lui souriait.

Elle se sentit obligée de se justifier « Je suis barde et guérisseuse à mes heures perdues, si ma main droite ne se remet jamais… j’ai peur de ne plus être capable d’exercer aucun de mes talents. » Les fractures commençaient à dater un petit peu et Thorunn savait que la réparation osseuse avait commencé. Elle avait déjà vu ça pendant ses voyages, elle savait que certains mages pouvaient tout à fait ressouder des os. Mais à moins de briser à nouveau chacun des petits os qui avaient commencé à mal se ressouder, ses doigts resteraient sans doute tordus et rouillés. Mais ce n’était qu’esthétique et avec de l’entrainement, au moins pourrait-elle s’en resservir à terme, sans pour autant retrouver toute sa dextérité peut-être. Même si elle l’espérait. Et puis la douleur s’en irait… enfin. Elle supplia Brunhild du regard, honteuse de profiter encore de sa bienveillance.

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Lun 22 Fév - 16:33

Aretuza était un souvenir encore bien vivant dans l’esprit de Brunhild. Elle avait eu la chance d’y faire des études magiques, mais pour celles qui n’avaient pas d’affinité avec le Pouvoir, il y avait toujours la possibilité de poursuivre des études. Certaines avaient suivis des cursus de droits, d’économies et cela leur permettait de rivaliser avec les hommes dans des métiers réservés initialement à la gente masculine. L’académie permettait aux jeunes femmes de s’instruire et, mais la même occasion, de s’élever dans la société. Certes ce n’était point chose aisé, mais cela contribuait à faire évoluer les mentalités, lentement mais surement.

Aujourd’hui, malgré le chaos de l’existence, la douleur de la Mort et les joies des rencontres, la magicienne continuait de porter sur le monde des hommes un regard bienveillant. Il fallait du temps pour que les choses chances, pour que ce monde d’hommes ne soit plus dirigé par l’avidité et l’orgueil. Brunhild tentait d’y contribuer à son niveau, en tendant la main à ceux qui en avaient besoin.

Le sourire de la brune ne quittait plus ses lèvres. Un sentiment de paix habitait son corps et son esprit. Aussi ne paraissait-elle pas plus inquiète que cela tandis que son invitée semblait souffrir le martyre à cause de son bras. Pauvre demoiselle, quelle aventure avait-elle bien pu vivre pour se retrouver dans un état pareil ?

- Je vais voir ce que je peux faire, répondit-il avant de faire volte-face pour se diriger vers la partie chambre à coucher de la pièce.

Sur le lit, lové entre deux cousins, un chat noir était entrain de dormir. En entendant sa maîtresse approcher, il posa sur elle deux yeux jaunes endormi. Sitôt il se mit à bailler, découvrant une gueule pleine de crocs. Il avait l’allure d’une petite panthère noire comme il était coutume d’en trouver dans le duché de Toussaint. Avec élégance il s’étira et bailla de nouveau avant de se lever. Doucement il s’approcha du rebord du lit et tendit une patte vers Brunhild. Cette dernière le prit dans ses bras et aussitôt l’animal vint l’enlacer en plaçant une patte de chaque côté de son cou. Un ronronnement doux s’éleva de la petite créature au pelage soyeux. Le chat venait frotter sa tête contre le menton de la magicienne, bien heureux de la retrouver.

Cela n’empêcha en rien la brune de se lancer à la recherche de quelques ingrédients utiles pour soulager les douleurs de Thorunn. D’une main, elle ouvrait les tiroirs tandis que de l’autre elle tenait le chat contre elle. Bien vite elle revint auprès de la blessée. Découvrant l’inconnue, le chat releva la tête pour poser ses yeux jaunes sur la demoiselle. Ses pupilles s’étaient ouvertes pour permettre à la lumière de pénétrer davantage. L’animal semblait voir à travers l’âme de la blonde, sans doute était-il capable d’observer son aura. Seuls les Dieux savaient ce que les chats étaient capables de percevoir.

- Thor, je te présente Thorunn, Thorunn voici Thor, dit Brunhild pour faire les présentations.

Sur ses mots, elle déposa un baiser sur la joue du félin qui s’apaisa presque aussitôt, posant sa tête sur l’épaule de sa maîtresse. Après avoir déposé quelques flacons sur la coiffeuse, la magicienne s’approcha de son invitée pour voir quels étaient les dégâts sur son bras invalide. Ce n’était vraiment pas beau à voir, peut-être devrait-elle recasser les zones qui avaient commencé à se souder. Par endroit l’avant-bras prenait une courbure étrange, difforme. Déposant un dernier baiser sur la joue de son ami à quatre pattes, Brunhild le posa au sol pour pouvoir jouir à nouveau de ses deux bras. L’animal se dirigea aussitôt vers le lit pour retourner s’y lover.

- Je vais te préparer une décoction, tu risques d’avoir envie de dormir, installe-toi sur la chaise.

Dans un bol, elle commença à préparer le mélange avec soin. Une odeur bien moins agréable que celle de la rose commença à s’en élever. Il faudra faire fis du goût. Une fois cela prêt, Brunhild tendit le bol à la blonde. Cela n’allait pas la guérir, mais la faire somnoler suffisamment pour que la magicienne puisse opérer la guérison du bras endommagé. Ne restait plus pour elle qu’à attendre que sa patiente rejoindre le monde des songes.

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