Le soleil du Sud et le froid du Nord » nelathis v. a.

Une ambiance chaude et épicée serpentait dans l’esprit du natif de Nilfgaard, réveillé quelques temps plus tôt par les notes des terres du sud jouées par l’elfe. Une ambiance comme à nul autre pareil avec laquelle venait les souvenirs des sabres à la courbure étonnante, ces voix qui vibraient d’un timbre étrange et la chaleur harassante que l’on avait peine à fuir dans les ruelles qui offraient un peu d’ombre et de fraîcheur.

Pourtant, Juan était irrémédiablement ancré dans une réalité où l’hiver s’était fait une place et ou la chaleur du feu ne lui réchauffait qu’une face du visage quand l’autre était caressé par la douceur de la pièce. Il écoutait l’elfe lui répondre encore, ne voyait pas qu’un serpentait qui ondulait entre les sujets qu’il lui proposai d’aborder. La conversation qu’ils entretenaient semblait être une esquive permanente. Elle ne voulait se révéler réellement à lui, cela le capitaine le comprenait. Ce qu’elle accepta de lui avouer, ce n’était ni plus ni moins qu’elle voulait rester en vie un peu plus longtemps dans ce monde où les hommes étaient prompte à trancher la tête de ceux qui les avaient offenser. Juan eut un léger hochement de tête en signe de compréhension.

Mais contrairement à elle, il se moquait bien de déplaire ou d’offenser, sa position lui permettait d’être lui-même autant que cela lui plaisait. Un sourire, un énième, était épinglé sur sa face tandis que son regard bleuté finissait de détailler son interlocutrice.

- Même si cela en déplaît à certain, je ne suis jamais que moi même, répondit-il simplement.

Tantôt enjôleur, tantôt prompte à pourfendre au nom de l’empire, car ainsi était Juan aep Deithdhu. De sa curiosité il en avait fait une force et de ses paroles étaient devenues une arme bien plus utile que toutes les lames du monde. Sans détour, car il aimait aller au fond des choses sans perdre de temps. La vie humaine était bien trop courte pour se permettre ce genre de luxe.

L'animal était loin d'être convaincu par cette conversation qui devenait de moins en moins stimulante pour son esprit. Il avait besoin de débattre, de confronter ses idées à celles des autres en une fiévreuse discussion. Mais hélas, il avait l'impression de converser avec une cascade sans qu'il puisse saisir quoi que ce soit. L'on ne pouvait saisir l'eau juste en y plongeant la main, mais c'était l'impression désespéré qu'il avait chaque fois qu'il tentait d'obtenir un peu de consistance. Le Nilfgaardien était fort désappointé et ne se voyait pas faire de l'elfe son dessert, la faim lui était passé. La chaleur de l'âtre l'appelait au sommeil plus que de raison.

- Non, tu peux disposer, je n'ai plus besoin de tes services pour ce soir, répondit-il simplement avant de se lever.

Après quoi, il décida d'en revenir à la table du repas, laissant son regard parcourir les victuailles qui la couvraient encore. Il attrapa quelques fruits secs au passage pour s'en aller remplir la panse qui criait encore famine. A nouveau le goût sucré des noisettes faisait revivre ses papilles, mélangé à quelques baies acidulés qui contrastait avec cette douceur. Dehors la nuit semblait profonde, quelques lueurs parvenaient à peine à traverser le verre épais qui venait clore les fenêtres de la chambre. Le vent soufflait, sifflant rageusement à la venue d'une tempête hivernale. Juan était ravis de ne pas passez la nuit dans une simple auberge ou un abri de fortune, il saurait se montrer reconnaissant aux hôtes de ses lieux pour leur hospitalité qui lui évitant ainsi un mauvais sommeil.

Un dernier regard pour l'elfe barde puis il prit place sur son siège, jouant avec les couverts pour chercher quel morceau de viande ou de légume il allait bien pouvoir porter à sa boucher pour satisfaire son palais.