Petits meurtres au crépuscule

Ven 13 Sep - 14:08

Petits meurtres au crépusculeChan'i & Asmodée”Les monstres sont beaucoup de choses, leurs secrets se cachent dans les coeurs et non pas dans les mots” murmura Chan'i. On voulait aider quelqu'un parfois, aprce que les choses étaient ainsi. Et puis il y avait le bien, le mal, les religions que pleuraient les uns et les autres, les noirceurs et les maléfices aussi.
Un instant, la magicienne songea à dire qu'elle était née avec une tristesse au coeur, ne pouvait rien ressentir d'autre. Tout sentiment extérieur n'existait pas pour elle, jamais Chan'i n'avait aimé, et sa colère possédait le goût des larmes de la même manière que ses haines et ses regrets.
Le monde avait parfois une bien étrange façon de construire ses enfants en vérité. Quant au désir d'Asmodée de porter la sincérité au coeur, Chan'i n'avait pas les mots pour la mettre en garde...
Un seul sentiment pour se définir, ce n'était pas assez, ce n'était jamais assez. Plus peut-être que certains hommes qui n'en possédaient aucun, mais la souffrance restait, immuable et terrible.

”Le monde n'aime pas ce qui est unique, mais cela tu le sais déjà” se contenta-t-elle de sourire.
Il n'y avait rien de joyeux dans cette grimace pourtant, qu'importe. Elles conversaient, elles avançaient, pareilles à une soeur et sa cadette. Parfois, cependant, Asmodée était l'aînée, parfois non. La nature des choses était ainsi, changeante non point immuable...
Brusquement, Chan'i eut envie de faire quelque chose, et cela était porté par un simple désir d'amitié. Des amis, elle en avait peu, les regardait souvent se perdre au loin dans la brume et le passé. La définition des choses et du monde qu'avait la magicienne ne correspondait malheureusement pas à ce que pouvaient penser les autres.
Les autres toujours...

Elle ouvrit sa besace,en sortit alors un foulard chamarré aux couleurs zerrikanes, et les couleurs du tissu semblaient comme un incendie entre ses mains. Peut-être y avait-il un peu d'elle dans ce foulard, dans les teintes qu'il arborait, dans le parfum qu'il portait encore du continent auquel on l'avait arraché. Peut-être...
Chan'i avait été fière d'acheter ce foulard, orgueilleuse à l'idée de le porter dans une tenue quelconque un jour pour que les regards se tournent sur elle.
Parfois, elle avait envie de cela, les regards. Parce qu'elle n'était pas la plus belle, que le sang mêlé qui transparaissait de ses veines lui offrait dégoût, non séduction.
Et puis il y avait Asmodée, peau pâle, yeux sombres. Peut-être cela était-il mieux, peut-être...

La magicienne passa le foulard à la gorge de la jeune fille, les couleurs semblèrent comme alors avoir toujours appartenu à Asmodée, se mouvant en elle, devenant une part de son apparence. ”Le cadeau d'une amie à une autre amie. Au fond, il est plus intéressant de porter des couleurs que de la tristesse...”
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Mar 19 Nov - 19:28

Petits meurtres au crépusculeChan'i & Asmodée « Les monstres sont beaucoup de choses, leurs secrets se cachent dans les coeurs et non pas dans les mots. » Asmodée tenta de comprendre cette phrase, de lui trouver un sens qui trouverait grâce à son esprit, mais chacune des particules de son être semblait rejeter cette phrase. C’était un non-sens à ses yeux de créature centenaire, ni plus ni moins. Mais elle comprenait bien que pour quelqu’un comme Chan’i, quelqu’un d’au moins un peu humain, ce genre de métaphores étaient très claires, très vraisemblable. Aussi ne chercha-t-elle pas à contredire la magicienne. C’était inutile, puisqu’elle était face à un concept philosophique qu’elle n’était pas en mesure d’intégrer. Cela dit la conversation ne lui déplaisait pas ; elle trouvait ça même, en quelque sorte, enrichissant. Elle apprenait un peu de ce que lui racontait Chan’i, et même si parfois ses paroles se prêtaient à confusion, elle les buvait comme un nectar précieux. Asmodée la regardait avec de grands yeux, ces mêmes yeux sombres qui font d’ordinaire trembler les Hommes. Mais dans ce regard, ce soir-là, aucune malice, aucune noirceur méchante. Rien que la curiosité d’une enfant qui ne pouvait grandir.
« Le monde n'aime pas ce qui est unique, mais cela tu le sais déjà. » Ajouta la magicienne en réponse à ce qui lui avait dit Asmodée. Puis elle sourit, de son sourire étrange qu’Asmodée trouvait pourtant très beau. Mais elle n’en dit rien, car les gens ont parfois d’étranges réactions face aux compliments. En était-ce un, d’ailleurs ? Cela elle l’ignorait complètement.

La conversation dans laquelle elles étaient lancé depuis un temps déjà, peut-être des heures, s’interrompit lorsque Chan’i sembla chercher quelque chose dans son sac. Asmodée la regarda faire, faisait tourner son regard entre la magicienne et sa besace pour essayer de comprendre ce qu’il était en train de se passer. Puis dans la main de Chan’i apparu un tissu coloré qui attisa la curiosité de la créature. Elle pencha la tête pour mieux le voir, mais la magicienne se tourna vers elle pour enrouler le foulard autour du cou menu d’Asmodée. Celle-ci porta une main là où se trouvait le foulard. Elle le regarda un instant. Le touché était doux sous la peau lisse de ses doigts fins. Il n’était ni beau ni laid, car pour elle il ne s’agissait que d’un morceau de tissu. Mais il était doux. Et il sentait bon. « Le cadeau d'une amie à une autre amie. Au fond, il est plus intéressant de porter des couleurs que de la tristesse... » Asmodée regarda le cadeau encore un instant, puis releva le nez vers cette nouvelle amie, cette magicienne triste au sourire étrange qu’elle trouvait pourtant très beau.

Un sourire, il s’en dessina un autre, sur le visage délicat d’une créature qui ne vivait que pour la vengeance. « Merci Chan’i. J’en prendrais grand soin. » Puis elle s’écarte un peu pour tourner le côté et s’accroupir près de l’herbe. Entre deux coins d’orties, elle cueillit une fleure d’anémone, aussi blanche que la neige. Puis elle se releva et dans un geste doux, elle glissa la fleur dans les cheveux de Chan’i. « Je n’ai rien à t’offrir en échange, magicienne Chan’i, elfe et humaine à la fois. Je n’ai rien à te donner, je ne peux te faire aucune promesse ni ne peux t’accorder le moindre souhait. Tout ce que je fais, c’est détruire et apporter la désolation partout où je passe. Tout ce que j’ai à te proposer, c’est mon amitié. C’est une chose si fragile, si insignifiante, mais je la chéris énormément. Voilà, je te donne mon amitié et peut-être qu’un jour, si nos chemins se croisent à nouveau, je pourrais t’aider. » Ses mots étaient froids et sans valeurs, mais au fond, tout au fond, croyait-elle en ce qu’elle disait.
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Lun 23 Déc - 18:48

Petits meurtres au crépusculeChan'i & AsmodéeAinsi se lisaient les coeurs : par la Glace, par le Silence. Une Magicienne et un Monstre se faisaient face, ce n'était point là une histoire quelconque, encore moins une tragédie. Un regard dans un autre, peu importe le monde en guerre tout autour, peu importe les derniers souffles et les premiers cris.
Une existence à choisir, une existence à mener.
Et Chan'i avait au coeur un goût de miel et d'amertume. Des dons à faire, des cadeaux qu'elle n'avait jamais reçu....
Asmodée lui en faisait un aujourd'hui quand depuis des années, les humains s'en abstenait. Une amitié, il y avait des choses plus précieuses, il y avait des choses plus fragile également.
Une amitié pour un foulard, un foulard pour une amitié.

De nouveau, Chan'i se laissa aller à sourire. ”Donner une chose que l'on chérit est un acte de coeur et de courage, petit Monstre.”
Une voix comme un murmure, à chaque mot de la créature, à chaque description de ce qui était et ce qui n'était pas, la magicienne acquiesça.

”Ainsi soit-il, que ce foulard soit comme un lien entre nous car tu as mon amitié également. Peut-être penserons-nous l'une à l'autre lors d'heures bien trop sombres et de moment de chaos et de violence, oui. Peut-être nous rappellerons-nous cette conversation étrange et partirons alors avec cette simple pensée, celle d'avoir eu une amie” Une pensée, quand d'autres espéreraient au contraire une fidélité sans bornes, un sauvetage miraculeux au nom de cette même amitié.
Chan'i, Asmodée, toutes deux étaient des créatures de tristesse, n'aspiraient à rien de cela cependant. Il y avait le poids d'ne fleur dans les cheveux de la magicienne, une fleur blanche comme la plus triste des innocences. Une couleur que Chan'i portait peu en vérité, ne méritait pas. Un pouvoir était dans cette fleur même, un pouvoir sans magie, des choses se donnaient et elles portaient un sens. Du bout du doigt, Chan'i effleura les pétales de l'anémone, usant de sa magie pour préserver la fleur.

”Merci, petit Monstre, peu importe ce que tu es et qui tu es, peu importe tes choix faits ou à venir, il y a une beauté bien étrange en toi. Ne te fâne pas, ne deviens jamais ainsi que je suis moi-même. Tu vaux tellement plus, peu importe que tu ne le comprennes pas...”

Un hochement de tête, une lueur d'espoir, quelque chose que Chan'i n'avait pas pour elle mais pour quelqu'un d'autre, pour cette fille (monstre?) là devant elle. Soit vivante...
Et Chan'i ne pouvait souhaiter plus...
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Lun 30 Déc - 15:30

Petits meurtres au crépusculeChan'i & Asmodée Il y avait désormais quelque chose de différent dans l’air ; quelque chose de plus doux, plus beau. Loin, très loin derrière était désormais le cadavre de cet inconnu plein de haine, et loin était également le reste du monde et ses problèmes futiles. Chan’i souriait et Asmodée l’écoutait, deux choses qui en début de soirée aurait sans doute semblé être l’objet d’une affabulation toute particulière et qui pourtant étaient désormais bien réelles. Chan’i l’appelait monstre mais ses mots portaient un poids différent. Petit monstre … Un surnom qui ne déplaisait pas à Asmodée, un surnom qu’elle garderait tout au fond, dans un coin de son cœur sans vie. Désormais elles partageaient quelque chose, plus qu’une mélancolie partagée, plus qu’une colère amère. Elles étaient liées par quelque chose de puissant et si fragile à la fois. L’amitié. Quel mot étrange.

« Merci, petit Monstre, peu importe ce que tu es et qui tu es, peu importe tes choix faits ou à venir, il y a une beauté bien étrange en toi. Ne te fâne pas, ne deviens jamais ainsi que je suis moi-même. Tu vaux tellement plus, peu importe que tu ne le comprennes pas... » De bien jolis mots, songea Asmodée. Elle-même s’essaya à sourire, un sourire franc, qui reflétait tout ce qu’elle portait en elle à cet instant. Et pour la première fois depuis une éternité, Asmodée ressemblait vraiment à une enfant. Comme cette anémone dans ses cheveux sombres, Chan’i était une fleur qui prospérait loin de la laideur de l’humanité. Peut-être était-ce ce qu’elle cherchait depuis début : quelqu’un qui, dans sa différence la plus lointaine, lui ressemblait un peu. Des mots pleins de sens pour combler le vide qui n’en finit plus de la dévorer.

« Je m’en souviendrai, murmura-t-elle finalement. Je ne t’oublierai pas, ni toi ni ta sagesse. De toutes les choses que je pensais trouver dans mes errances, tu es de loin la plus belle. » Mais sa conception de beauté dépassait sa simple définition. Ce n’était pas une question d’apparence, car elle voyait plus loin. « Prends soin de toi, Chan’i. Tu penses ne pas valoir grand-chose, mais tu es précieuse. Maintenant c’est moi qui te remercie. » Puis dans le silence de la campagne, l’enfant tourna les talons. « Au revoir, car je ne doute pas que nous nous reverrons. »

Sur un chemin de campagne témérienne, une enfant se fondit parmi les ombre de la nuit.
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