AccueilAccueil  Dernières imagesDernières images  RechercherRechercher  S'enregistrerS'enregistrer  ConnexionConnexion  



 
The Witcher a ouvert ses portes le 15.02.2019
forum NC -16
Nous sommes actuellement en Septembre 1271,
il est déconseillé de rp après ce mois-ci.
Les personnages de la Saga livres et jeux vidéo ne sont pas jouables.
Les Royaumes du Nord sont en guerre !
Venez découvrir nos héros et rejoignez la lutte en choisissant votre allégeance !
Vous rêvez de vivre des aventures incroyables ?
Découvrez les quêtes sur le tableau d'affichage !
Les groupes des Mages et Sorceleurs sont limités.
Mages 6/10 ; Sorceleurs AG : 4/5, NG 1/5
Le Deal du moment :
Pokémon EV06 : où acheter le Bundle Lot ...
Voir le deal

Voir le sujet précédent Voir le sujet suivant Aller en bas

Petits meurtres au crépuscule

 :: Royaumes du Nord :: Temeria
Aller à la page : 1, 2  Suivant
Mer 20 Mar - 18:51
Petits meurtres au crépusculeChan'i & Asmodée15 juin 1271

Un pas. Deux pas. Trois pas. Les oiseaux au bord de la route s’envolèrent en nuée stridente, un groupe de vieilles corneilles décharnées que même un troll ne se risquerait pas à manger. Asmodée s’arrêta, leva la tête pour les regarder filer, silencieuse comme toujours. Elle pensait s’approchait davantage, les surprendre brusquement, mais même pieds nus il fallait croire qu’elle avait manqué de discrétion. La voilà un peu déçue, quoi qu’elle n’en laissa rien paraître.

Le soir pointait doucement à travers les collines, les derniers rayons de soleil se mourraient entre les herbes folles, à travers la nature sauvage dans laquelle Asmodée était née un jour, un soir, une nuit sans doute. Seule dans la campagne, la créature méditait. Au sens de la vie, pourrait-on croire, ou à son prochain meurtre … qui sait. Elle se délectait de l’absence de vie humaine dans ce coin reculé de Téméria, là où les Hommes craignaient encore de s’établir, là où ils établissaient contes et légendes sordides pour éloigner leurs pairs. Mais ce n’étaient pas quelques noyeurs qui allaient effrayer la fillette immortelle ; il lui fallait bien plus que cela. Moult gens avaient essayé, sans succès. Une raison suffisante pour les mépriser et les prendre de haut, à croire que leurs histoires stupides pourraient la faire frémir, lui couper le souffle. Or ils ignoraient tout d’elle, de son histoire, de son vécu. Ils ignoraient qu’elle avait tout vu, tout entendu, toutes les pires crasses, tous les mots et les gestes les plus cruels. Toute cette noirceur qui reste incrustée jusqu’à l’os, elle l’avait goûté, s’en était même délecté. Ce genre de pêchés impardonnables l’ont fait émergée de la terre bien des siècles auparavant. Or il n’y a bien que ceci pour voyager à travers le temps, pour ne pas s’éteindre comme la flamme d’une bougie.

Les vents frais du nord virent s’additionner à la chaleur tempérée du crépuscule, teintant le ciel d’un orange chaleureux qui rappelait les cendres encore brûlantes dans l’âtre de la cheminée. Il n’était question maintenant que d’une heure ou deux avant que la nuit ne tombe sur la Téméria pour laisser la scène aux créatures les plus abjectes que la conjonction leur avait amené. Si les goules ne la dérangeaient pas plus que de raison, leur odeur pestilentielle la gardait à l’écart, tout comme leur gargouillis stupide qu’elle ne saurait endurer que pour quelques secondes.

Les oiseaux maintenant disparus à l’horizon, la fille reprit son chemin tranquillement, le pas léger mais rapide, ses pieds nus caressa le sol terreux avec une délicatesse insoupçonnées. Dans son dos battait parfois une tresse courte, faite rapidement lors de son voyage en solitaire, au début de la journée, alors que les paysans émergeaient à peine de leur sommeil.

Après un long moment où se succédèrent morceaux de forêt, collines herbeuses et plaines sauvages, les premières maisons firent leur apparition au loin, là où se perdait le chemin interminable. A une autre époque, ces routes n’existaient pas encore. Il fallait se repérer dans la nature sauvage et être chanceux. Asmodée ignorait qui un jour avait eu l’idée de s’aventurer là où grouillent les monstres, pour permettre à son prochain de parvenir jusqu’aux remparts de la civilisation. Un idiot certainement, ou peut-être quelqu’un d’étrangement dévoué, ce qu’elle respectait à moitié. Peu importe, ce savoir-là ne l’intéressait que très peu. Pour sa part, ce chemin était là et il lui était utile. Fin de l’histoire. Et ce fut sur cette pensée qu’elle se présenta aux abords du village, le visage figé dans une expression de neutralité mortelle qui lui donnait un air de cadavre. Un homme qui achevait de ranger ses outils la toisa de haut en bas avant de reprendre son travail lorsqu’il croisa son regard noir, sans pitié, sans âme apparente. Il n’osa plus relever les yeux vers elle. Sans doute avait-il compris qu’elle n’était pas comme lui, et qu’elle pouvait lui faire du mal si l’envie lui prenait. Ces péquenauds comprenaient plus facilement que les crétins des grandes villes ; ils savaient qu’ils devaient se montrer prudents. Si quelque chose d’étrange venait à eux … mieux valait ignorer la créature, la laissait passer, ne pas la déranger. Voilà exactement ce qui arriva ce soir-là.

L’enfant traversa la village en silence, observa les quelques maisons dispersées, les commerces se fermant et les gens rentrer à la hâte chez eux après une longue journée de labeur. Elle papillonna du regard entre tous ces éléments étranges, puis elle se concentra à nouveau sur ce qui se trouvait droit devant elle pour ne pas se vautrer lamentablement contre un quelconque obstacle. Tout autour, la vie continuait, avec ses odeurs, ses bruits, ses sensations étranges d’être chez soi sans l’être vraiment. Puis elle quitta la bulle, la vie éloignée au fin fond de la campagne nordique. Les dernières maisons se succédèrent avant qu’Asmodée ne quitte l’endroit pour repartir sur un chemin autour duquel s’érigeaient des arbres centenaires plus hauts que les maisons, peut-être même plus vieux qu’elle. La créature marcha une ou deux minutes avant de percevoir au loin deux silhouette se détacher.

Ils étaient deux, un homme et une femme. Celle-ci n’avait pas l’air Témérienne, et Asmodée l’identifia comme elfe, une demi ou une quart pour ce qu’elle en avait à faire de toute façon. L’autre était mal vêtu, pouilleux et sale comme un chien galeux. Il portait une arme et paraissait menacer la dame de son arme, une épée bâtarde qui semblait avoir déjà bien vécu. La fillette resta à l’écart, fixant la scène d’un œil intrigué, curieuse de savoir comment tout ceci allait finir. Le gueux se donnait un air menaçant, mais il y avait quelque chose chez là femme qu’Asmodée sentit comme un danger bien plus grand. Elle débordait de magie, de colère contrôlée, de mépris aussi. Asmodée la ressentait comme ses propres émotions. Elle voyait en elle une noirceur comme elle n’en voyait que peu souvent. En général, les gens répriment ce côté, le cachent au plus profond d’eux-même, mais ne peuvent le dissimuler à elle, qui voyait et faisait ressortir chez les autres, les faibles et les couards, leurs pires côtés. Or la dame au loin n’avait pas l’air d’avoir besoin de son intervention pour ça. Et avant qu’Asmodée ne puisse faire un autre pas, elle tua l’homme qui l’importunait, froidement mais de façon efficace. L’immortelle eut un sourire amusé, puis applaudit en riant. Elle s’avança lentement vers la magicienne pour darder sur elle un regard curieux. « Qui es-tu ? » Demanda-t-elle poliment. Elle désirait savoir à qui elle avait affaire, à qui elle s’adressait. Elle ne l’avait pas observée avant. Cette femme était apparue de manière spontanée sur son chemin. Voilà qui ne manquait pas de l’intriguer.

©️ 2981 12289 0


- 1000 mots
Revenir en haut Aller en bas
Asmodée Grzech
Czarownica
Asmodée Grzech
Asmodée Grzech
Messages : 187

Votre personnage
Niveau: 1
expérience:
Petits meurtres au crépuscule  Left_bar_bleue267/500Petits meurtres au crépuscule  Empty_bar_bleue  (267/500)
Asmodée Grzech
Jeu 21 Mar - 14:28
Petits meurtres au crépusculeChan'i & AsmodéeQue la lune me dégouline dessus comme un poison, songeait-elle. Qu'elle me brûle et m'étouffe, car je hais cette nuit.
De la même manière qu'elle haïssait tant d'autres choses déjà. Ici, personne ne murmurait son nom. Il y en avait eu des fous pour essayer cela, de l'autre côté des océans. D'eux, elle se souvenait... Oiseau-Fantôme, chuchotaient-ils à son oreille, et parfois alors, elle les accueillait comme amants pour son coeur sombre, ses yeux sombres.
Aucun ne savait la satisfaire, mais ils murmuraient le nom qu'elle s'était donnée. Cela suffisait, car dans ses terres natales du Nord, Chan'i n'avait appris que les coups et les insultes.
Elle arrivait ici, non pas étrangère mais ennemie, bien plus ennemie que ne le serait jamais n'importe quel fils, quelle fille de Nilfgaard plus loin au Sud.
Elle arrivait ici et déjà ce n'était plus du sang, là, dans ses veines, mais une boue que renierait n'importe quel monstre ici bas.
Fille de rien, pas même d'un seul sang.
Et Chan'i en était là alors, debout face à un homme, à maudire la lune, à maudire la nuit en attendant de le maudire, lui. Parfois, la magicienne se demandait : n'y a-t-il donc aucune bonté en moi, suis-je simplement de mal et de malice?
On la craignait pour ses ruses et ses choix, on se méfiait de son coeur étrange et la femme ne pouvait que secouer la tête alors, consciente qu'on ne lui avait appris que deux choses en ce monde: le Mal et la Magie.
Le mal, on le lui avait fait rentrer dans le corps par les coups, les insultes, par chaque chose qu'on trouvait normal qu'elle subisse, elle, petite demi elfe. De ses années dans la rue, Chan'i parlait peu, ne parlait pas. Certaines choses au delà des mots, et le Mal était comme un serpent lové en elle, capable de grossir et de grandir pour se confondre avec son corps.
S'y confondait-il, maintenant, alors que la femme songeait à tuer l'homme? Elle n'avait aucun droit quelconque sur la vie du paysan, lui avait cependant le droit de l'insulter, de l'humilier. De l'agresser peut-être, car n'avait-elle pas des oreilles d'elfes? Ainsi parlait l'homme.
Ainsi parlaient-ils tous, sur les terres du Nord.

Pas une seule fois, je n'ai pleuré, là bas en Zerrikania. Suis-je ici pour cela, verser toutes les larmes retenues? Est-ce ce qui m'a appelé? Car il y avait de la tristesse alors, et le vent soufflait sans rien en emporter.
Les dunes de sable et le soleil sur sa peau, le salut furtif à un mercenaire parfois ami, parfois ennemi, son rire de folie à elle pour combattre les choses et les gens.
Ici, elle ne riait pas, crevait plutôt de chaque souvenir.
L'homme tendit la main, Chan'i n'avait pas bouger. Cela ne le faisait que se sentir plus légitime, lui, dans ce qu'il voulait, dans ce qu'il faisait.
Et la magicienne le considéra alors sans pitié aucune pour sa vie d'homme de la terre, pour son pauvre petit cerveau qui n'avait l'expérience que de ses années humaines. Des années courtes, certains humains en méritaient plus. Pas lui.
La magicienne bougea les lèvres simplement. Un mince rayon de lumière lui caressa le visage sans s'attarder, et ses yeux restaient sombres, et son coeur restait smbre. L'homme s'écroula, mort, sans paix aucune sur le visage.
Une mort de peur et de douleur pour celui n'étant rien d'autre qu'un insecte sur la route de la magicienne.
Déjà, elle l'oubliait, mais ses mots avaient été comme tous les autres, un tatouage de poison de plus sur sa chair à elle. Un tatouage pesant, invisible, qui la suivrait jusqu'à sa mort. Ainsi était la haine, quoi qu'on en dise, nul ne pouvait jamais en guérir...
Vint alors un bruit incongru, car l'on ne se trouvait pas dans une taverne à applaudir des ménestrels quelconques ou des trouvères, non. Pourtant, quelqu'un applaudissait...
Chan;'i se tourna vers la forme menue, apparue soudain à ses côtés de la même manière qu'à sa façon, la magicienne était sans le savoir, venue à ceux de la Créature.
Elles avaient les yeux sombres toutes les deux, elles avaient la haine au coeur aussi et Chan'i songea au pouvoir d'un nom. Elle pouvait donner le sien à cette ombre étrange, elle pouvait également le lui refuser. Qui était Chan'i ici, quels pouvoirs avaient-elles? Qu'est-ce qu'elles voulaient dire aussi, ces deux syllabes qui l'avaient accompagné depuis la rue?
La femme secoua la tête, quelques mèches noires encadraient son visage, l'homme avait essayé de les toucher tout à l'heure. L'homme auquel elle ne pensait déjà plus, pourtant son cadavre était là, à leurs pieds à elles...

”Chan'i”, murmura-t-elle sans peur aucune. ”Et parfois, on me surnomme l'Oiseau-Fantôme mais pas ici. Ici, je suis ce que les insultes font de moi.” car tel était le Nord...
Elle s'approcha, un pas, un simple pas, de ce qui aurait pu être une enfant tout autant qu'une femme. ”Et toi, me diras-tu ton nom, petite rieuse?”
Autour d'elles, tout semblait bruisser, murmurer. La magicienne savait qu'elle aurait du partir, ne pas rester près du cadavre. La viande fraîche attirait les bêtes, attirait les monstres aussi, et on était la nuit...
Pourtant, Chan'i restait là, incapable de bouger, son coeur encore lourd de haine et de mépris et l'intuition étrange que la Chose là, devant elle, savait. Savait ce qu'on pouvait ressentir avec ce serpent qu'elle portait là, au coeur, et que la lune les empoisonne toutes deux alors car quel monde était assez cruel pour permettre autant de haine et d'ombre, hein?

”Et qu'y a-t-il au delà de ta solitude, petite chose? Ca seule, tu l'es, tu n'applaudirais pas à la nuit sinon. Peut-être es-tu un peu fantôme toi aussi...” Chan'î tournait autour de la jeune femme, songeuse. Son pied frappa sèchement le corps du paysan : ”Est-ce pour ce cadavre que tu viens? Tu peux l'avoir, je ne mange pas de chair humaine. Enfant perdue, y a-t-il un endroit où te ramener en ce monde? Moi, je n'en ai pas...”
©️ 2981 12289 0


1006 mots
Revenir en haut Aller en bas
Invité
Invité
Anonymous
Invité
Invité
Jeu 21 Mar - 16:50
Petits meurtres au crépusculeChan'i & AsmodéeCe n’était pas la première fois qu’elle les approchait, ces humains fauteurs de troubles, et bien que ses victimes avaient toutes le même profil psychologique, ça ne l’arrêtait pas à si peu de choses. Parce que la magicienne, là, cette meurtrière particulière, elle l’intriguait plus que la plupart des gens. Et Asmodée ne voyait pas en elle quelqu’un à tourmenter, à torturer, à pousser à la folie la plus cruelle. Elle pourrait essayer, elle allait le faire, mais ce n’était son but profond. Elle voyait en elle un être intéressant, une expérience, une source de discussion passionnée. Ceci, elle le comprit dès l’instant où la femme s’était tournée vers elle. Les gens, comme elle l’avait observé bien souvent, prenaient cet air coupable de celui qui se fait prendre la main dans le sac. Pas elle. Elle semblait perdue dans ses pensées, à réfléchir. Réfléchir à quoi ? Voilà quelque chose qui poussait également l’intrigue d’Asmodée. Elle fixa la magicienne, de ses grands yeux sombres. Elle la fixait patiemment, sans ciller, à attendre qu’elle lui offre une réponse. Elle voulait entendre ce qu’elle avait à dire ; comment elle le dirait. Et quoi. N’importe quoi ferait l’affaire, du moment qu’elle ne la décevait pas. Elle attendait sans ciller, en souriant innocemment, mais ce masque n’était qu’une façade bien fabriquée, pour cacher toute la nature carnassière de l’enfant.

Chan’i, c’était son nom. Asmodée n’y lit aucun mensonge, aucune invention rapide qu’elle lui donnerait pour dissimuler son identité. Elle se montra honnête, lui offrant la franchise que la fille attendait d’elle. Bien, très bien. Elle n’avait pas eu besoin de la pousser à avouer, à lui donner ce qu’elle attendait. Mais la magicienne Chan’i ne s’arrêta pas à une si simple présentation. Il fallut qu’elle offre son surnom, son appellation d’individu. Si les gens lui donnaient un surnom, ce qu’elle était sans doute connue là d’où elle venait. Asmodée comprenait cet aspect, ce détail qui semblait futile mais pour lequel elle y prêta intérêt. Elle aimait ce surnom, Oiseau-Fantôme, cela lui rappelait les corbeaux qu’elle se plaisait à pourchasser. Elle le préférait aux insultes que la magicienne évoqua. Parce qu’elle trouvait ça grossier, les insultes. Si l’on voulait vraiment blesser quelqu’un, il fallait toucher au plus profond, le plus sensible, le plus terrible. Une insulte, ça s’oublie, ça s’ignore. Les insultes, c’était bon pour les cul-terreux qui ne savaient que jeter des cailloux et crier bêtement. Rien qui ne puisse l’impressionner. Pour blesser, il fallait plus que ça. Elle était bien placée pour le savoir. Mais pour l’heure, la conversation continuait paisiblement. Chan’i désirait savoir son nom. Le sien. Celui qu’elle transportait avec elle depuis tellement d’années. Si longtemps qu’elle avait oublié qui le lui avait donné. Était-ce sa Mère, étaient-ce les hommes ? C’était il y a si longtemps que ce souvenir s’était effacé de sa mémoire.

« On ne nomme Asmodée. Comme toi, je porte des surnoms, mais rien qui ne soit assez constant pour en donner un précis. Peut-être la Bête, parce qu’il me plaît. Mais c’est bien tout. » Elle soupira. Ce n’était pas nécessaire mais s’amusait d’imiter les comportements humains pour donner l’illusion qu’elle l’était aussi. La magicienne reprit. De bien jolis mots sortirent de sa bouche, preuves d’une éducation qui la différenciait des paysans du coin. Elle lui parlait de solitude, s’interrogeait sur sa nature. Que des choses qui ne tardèrent pas à étirer son sourire un peu plus étroitement. « Peut-être bien. Parfois j’oublie ce que je suis, au fond. » Mais elle n’était pas un fantôme. Elle était faite de chaire et de sang, deux choses qui n’étaient pas à elle au commencement. D’un œil intéressé, elle vit Chan’i s’en prendre au cadavre, elle lit à nouveau en elle toute la haine qu’elle ressentait pour cet homme. Elle comprenait ce sentiment, plus que tous les autres. Elle comprenait la colère et le mépris parce que c’étaient deux choses qui l’avait fait naître.

« Est-ce pour ce cadavre que tu viens? Tu peux l'avoir, je ne mange pas de chair humaine. Enfant perdue, y a-t-il un endroit où te ramener en ce monde? Moi, je n'en ai pas... » Asmodée gloussa. Voilà d’intéréssante supposition. Elle avait déjà compris, dès l’instant où elle avait posé les yeux sur elle, que l’enfant n’avait rien d’humain. Elle était plus perspicace que d’autres, et pourtant Asmodée avait eu le temps de croiser moult mages au cours de sa longue vie. « Non, je ne suis pas là pour lui. Je ne suis pas un de ces nécrophages qui alimentent les terreurs communes. Je n’erre pas dans les cimetières et je n’aime pas les champs de bataille. Beaucoup ont pensé ça de moi, mais ce n’étaient que des ignorants. » Elle glissa ses mains dans le dos en se balançant sur ses pieds. Elle observa en silence le cadavre, l’horreur figée à jamais sur son visage crispé. « Je suis plus vieille que toi, magicienne. Plus vieille même que certains de ces arbres. » Elle tourna la tête vers la forêt, ses yeux sombres arpentant les ombres les plus obscures, ce qui pouvait bien se cacher derrière les buissons, derrière le noir des sous-bois au couché du jour. « Pardon, j’ai parfois du mal avec le concept social des humains. Dois-je t’appeler magicienne ? Elfe ? Par ton prénom ? » Elle jouait de sa supposée ignorance, feignant de se soucier d’un détail aussi ridicule. Elle voulait observer cette femme, comprendre sa nature profonde. Pourquoi elle l’intriguait autant. « Tu es différente des autres sorciers que j’ai connu. Ces crétins pédants et maniérés. Non, tu ne leur ressembles pas, pourtant tu es des leurs. Explique-moi pourquoi. » Elle la contourna lentement, ses pieds nus traînant contre la terre brute, aplatie par les années de passages sur sa surface. Elle désirait comprendre, analyser, découvrir une nouvelle chose pour laquelle elle se prendrait peut-être d’affection. Elle n’était Dietrich, mais elle lui paraissait tout aussi fascinante. Elle était l’exact opposé du vieux vampire qui avait voulu voir en elle une once d’humanité.
©️ 2981 12289 0

- 1000 mots ; 8h
Revenir en haut Aller en bas
Asmodée Grzech
Czarownica
Asmodée Grzech
Asmodée Grzech
Messages : 187

Votre personnage
Niveau: 1
expérience:
Petits meurtres au crépuscule  Left_bar_bleue267/500Petits meurtres au crépuscule  Empty_bar_bleue  (267/500)
Asmodée Grzech
Lun 25 Mar - 17:11
Petits meurtres au crépusculeChan'i & AsmodéeChaque mot de la Bête semblait comme un rire d'enfant dans la nuit : étrange, incongru, porteur de menaces invisibles. Chan'i laissa ses propres silences tisser leur toile autour, et quelque chose d'elle sembla revenir alors depuis les grands yeux sombres. Quelque chose de la sauvageonne des dunes et du désert, oui, non pas de la simple demi elfe, magicienne ou non. ”Tu l'as dit toi-même, Petite Chose, Petit Poison” murmura-t-elle non sans sourire. ”Des sorciers et des magiciens, tu en as vu assez pour les connaître et les reconnaître. Tu sais donc comment m'appeler pour respecter les conventions des hommes, ce que tu ne sais pas, c'est si tu as envie de le faire...”
Vieille, plus vieille que les arbres, plus vieille que la forêt. Quelles émotions cette ombre pouvait-elle ressentir alors? Chan'i leva la main, effleura la joue de la Bête. Sa main ne traversa pas la peau de la créature. Celle-ci était bien de chair et de sang en plus de tellement d'autres choses.
Os, chair et sang, voilà ce qu'était la magicienne aussi. Os, chair, sang, magie peut être mais peu, si peu face à ce qui se dressait là, devant elle.
Quelque chose en Chan'i savait rester humble devant les ombres et les ténèbres. Devant les siècles passés quand elle, n'avait que ses propres années à venir. Des années plus longues que celles des hommes mais toujours jeunes, beauccoup trop jeunes face au Monde.
La Bête devant elle était le Monde, d'une certaine façon, une part de mal et d'ombres, Chan'i n'en était qu'un enfant de plus.
Bien que magicienne, si peu la distinguait des autres. Elle tuait, d'autres le faisaient aussi, elle pleurait, d'autres le faisaient aussi, et parfois elle aimait ou bien s'en convainquait alors, par peur, par jeu, cela n'apportait rien pour autant.
Un grain de sable, un grain de poussière...
La femme retira sa main, le visage impassible toujours. Cette chose devant elle pouvait l'insulter, ses mots n'avaient pas la moindre valeur : qu'est-ce qu'une créature millénaire savait des guerres de races et des conflits d'hommes et de femmes? Asmodée, nom de plante, nom de poison (ou était-ce la plante qui portait le nom d'un monstre?) portait des sentiments différents en son coeur étrange.
Elle pouvait certainement tuer Chan'i, reine de pouvoir face à une magicienne errante, elle pouvait certainement faire beaucoup de choses mais quel était l'intérêt de mesurer un monstre aux émotions humaines?
Le meurtre en était une, une émotion humaine (et elfique) après tout. Ce que faisaient les monstres étaient différents, différents des hommes, différents des animaux. Chan'i ne jugeait pas cela, n'y arrivait pas. Pas quand son existence même était à la croisée des chemins : elfe, humaine, un peu des deux et rien du tout, tout à la fois. Des émotions contradictoires, des sentiments contradictoires, cela lui avait appris à ne pas croire en ce que pouvait faire un coeur, ni même à ce qu'était l'honneur.

”Je suis plus jeune qu'eux”, commença-t-elle.”Peut-être qu'un jour, je serai moi aussi à leur image?”
Quelque chose de grave dans les yeux, sur le visage, quelque chose qui avait du mal à s'inscrire sur ses traits d'elfe, sur ses traits d'humaine aussi, comme une émotion ne pouvant appartenait à une race ou à l'autre. A qui alors, à quoi?
”Pédante, maniérée, seule, trop vieille et trop jeune à la fois, comme un loup sans meute à l'approche de l'hiver. Je ne suis pas comme eux parce que personne n'a envie que je lui ressemble : trop elfe pour un humain, trop humaine pour un elfe.”
Quelque chose proche d'un sourire lui étira les lèvres, il faisait froid dans les Royaumes du Nord : froid au corps, froid au coeur...
”Miettes et illusions, parfois on arrive à se nourrir de cela. “ Parfois, oui, et parfois il n'y avait que les ténèbres et la mort.
Un souffle de vent remua la terre, odeur d'humus, de sang avec le corps juste à côté, odeur de nuit, d'humanité un peu, le tout petit peu que Chan'i portait en elle peut-être.
”Mais je ne peux rien te dire de plus, je ne fréquente pas assez mes semblables pour savoir comment ils sont, la manière dont ils se comportent avec d'autres que moi. La jalousie m'étoufferait sinon...”
Les derniers mots lui échappèrent comme un aveu, elle-même ne s'en rendit compte pas tout de suite. Une sincérité étrange, puis le silence. Sang-mêlée, moins que rien, voir des autres etre aimés, admirés, lorsque pour elle il n'y avait que dédain, cela était trop.
La part la plus faible de son coeur ne savait que saigner, rien ne le guérissait...

”Que leur fais tu, ces gens que tu rencontres? Ces pédants, ces maniérés? J'essaye de les affronter, lorsqu'ils viennent me défier, j'essaye de les tuer. Le meurtre n'est pas mon langage, je le parle comme une langue étrangère, avec des fautes et des notions trop grandes pour moi, mais je le parle un peu quand même. Un tout petit peu...”

Les yeux secs de la moindre larme, pleurait-elle jamais, Chan'i? Ou bien ses yeux étaient-ils par trop étranges, par trop elfiques pour savoir comment fonctionner dans ce corps humain, et la manière dont les larmes se devaient de venir par la tristesse?
Un mélange, un obscur mélange de chair et de sang où rien ne fonctionnait pourtant. Parfois, cela lui donnait le vertige...
Aucun monstre n'approchait, peut-être était-ce la Bête, son ombre, peut-être était-ce autre chose aussi. A nouveau, Chan'i regarda le cadavre de l'homme : elle ne le pleurerait pas, nul ne le pleurerait jamais en vérité.
Mais quelle importance? Car elle non plus, quand son heure viendrait...

”Si tu veux quelqu'un avec des sentiments, passe ton chemin. Ce soir je n'en ai aucun, il y a juste la nuit. La nuit et la lune qui me dégouline dessus quand mon héritage me commanderait pourtant d'être invisible parmi les bois. Ne me traite pas en elfe, les elfes ne sont pas comme moi, ne me traite pas en humaine, je ne leur ressemble pas plus. Pense à moi comme à une ombre, une de plus parmi toutes celles de la nuit...”
©️ 2981 12289 0

- 1000 mots
Revenir en haut Aller en bas
Invité
Invité
Anonymous
Invité
Invité
Mer 27 Mar - 14:34
Petits meurtres au crépusculeChan'i & AsmodéePetite Chose. Poison. Voilà deux termes qu’on lui avait déjà desservi, il y a peu, il y a longtemps. Le temps passe et les gens ne savent toujours pas innover, lui trouver de nouveaux surnoms. Ce n’est pas grave, elle n’en voulait pas à cette magicienne sortie des ombres. Cette femme ne savait pas. Elle ne saurait sans doute jamais. Et Asmodée n’y entendit aucune moquerie, aucune arrogance. Deux termes simples, sortis de sa bouche dans l’honnêteté la plus absolue, pour répondre à la pique que l’enfant elle-même lui avait envoyée pour tester sa patience. Elle ne pouvait pas dire qu’elle ne l’avait pas cherché.

Or elle vit la main de la magicienne s’approcher, lentement, en silence, pour se poser sur sa joue pâle, comme un éclat de verre. Peut-être que les doigts de la magiciennes étaient froids, elle ne pouvait pas dire, car ce n’était rien en comparaison de sa peau glacée, sans vie, aussi blanche et glaçante que l’hiver cruel. La fillette ne fit pas un geste pour l’arrêter, bien qu’elle se figea dans le dégoût d’un contact physique. Son visage demeura neutre comme celui d’une poupée, et elle ne rompit pas son regard plongé dans celui de la magicienne, la non-humaine étrange sur laquelle elle portait grand intérêt.

Puis le vide revint à grand pas lorsque Chan’i détacha sa main de son visage, de sa joue d’enfant qui n’avait jamais été caressé par la bienveillance d’une mère, d’un père, d’un être aimé. Encore aurait-il fallut qu’elle en soit capable. Aimer. Un bien joli mot qui pour Asmodée n’avait aucun sens. Aimer, c’était l’illusion que se donnaient les êtres mortels pour se sentir exister. L’amour n’existait pas vraiment ; rien qu’une invention, un rêve au goût un peu aigre qu’elle était incapable de pouvoir apprécier.

Le silence fut brisé à nouveau par l’éclat de voix paisible de la magicienne, qui reprit les mots de l’enfant pour répondre à ses paroles évasives. Des mots prononcés sous l’impulsion, des mots soufflés du bout des lèvres, miroitant ce qui se cachait à l’intérieur, à la place de son cœur qui ne fonctionnait pas. Elle avait beau essayer de comprendre les Hommes, de les analyser, de discerner le secret de leur comportement ; il lui manquait une clé. Un battement de cœur. Une âme, peut-être. Mais elle avait passé bien trop de temps à propager son mal pour comprendre qu’elle était enfoncée trop loin dans les ténèbres, là où personne, pas même elle, ne pourrait la sauver. Elle ne faisait plus qu’un avec les ombres qui l’avaient vu naître, émerger de la terre vivante, des herbes folles, du sang versé au nom de la violence éternelle.

Elle lisait quelque chose chez cette elfe, cette demi-humaine qui n’avait de bord que le sien. Quelque chose d’étrangement imperceptible, comme un trésor excellemment bien caché. Quelque chose de différent, qu’elle ne voyait pas dans ses victimes habituelles, ceux qu’elle poussait à céder au chaos, à la folie pure qu’elle engendrait dans leur cœur déjà corrompus. Alors de ses deux oreilles attentives, elle écouta la magicienne parler, prête à déceler ce qui lui échappait. Prête à comprendre cet être étrange qui lui faisait manifester tant d’intérêt. Et les quelques mots que la femme lui desservit furent assez pour comprendre qu’elle n’appartenait pas vraiment à un groupe, une race, une loyauté de fer qui séparaient deux camps qui ne devraient pourtant pas l’être. Ceci, cette séparation entre les peuples, Asmodée ne le comprenait pas, ou peut-être que si mais elle feignait la confusion. Les elfes étaient plus à son image : des reliques antiques, des êtres qui ne vieillissaient pas au même rythme que les autres. Mais ils étaient pourtant si fragiles, si semblables à leur comparses éphémères. Pour être plus forts, il aurait fallut s’allier, mais comment surmonter la soif de sang, de guerres, de conflits idiots qui séparaient le monde en groupes solitaires, méchants, agressifs envers un voisin ?

Le sourire de la magicienne ne lui échappa nullement. Du moins identifia-t-elle ceci comme un sourire, puisque cela y ressemblait assez. Elles restèrent là, plantées dans la terre humide, autour du cadavre encore frais qui se vidait de son sang. Le vent lui apporta les effluves de ce liquide vital qui semblait les rendre tous si fragiles, ces êtres vivants, ces êtres de sang. Du sang elle en avait, mais il ne lui était pas nécessaire. Il était mort, pourri depuis longtemps. Le sang de sa créatrice, qui l’avait amené dans ce monde pour des raisons obscures, pour un objectif qu’elle n’avait pas daigné offrir à sa jeune fille, sa création. Le vent secoua ses cheveux de paille tandis que ses yeux d’encre quittaient le visage de la magicienne pour se porter à nouveau dans les sous-bois. Les nécrophages n’étaient pas encore là. Ils tardaient à arriver. Pourtant elle le sentait rôder non loin, elle les entendait grogner, siffler, attendre leur heure pour festoyer de ce cadavre, de ce met de choix, servi sur un plateau par la magicienne. Peut-être était-ce Asmodée qui les tenait à distance. Peut-être sentaient-ils en elle toute la noirceur qu’elle renfermait, tout le mal qu’elle pourrait leur faire s’ils dérangeaient sa tranquillité.

Jalousie. Voilà un mot qui piqua sa curiosité, son intérêt le plus vif. Asmodée sentait que cette femme n’était pas du genre à faire des confessions ; peut-être que l’enfant, inconsciemment, l’avait poussée à se montrer comme elle était au fond. Ou sans doute cette femme avait-elle besoin de se confier, de cracher son dépit à quelqu’un qui daignait l’écouter. « Que leur fais tu, ces gens que tu rencontres? Ces pédants, ces maniérés ? J'essaye de les affronter, lorsqu'ils viennent me défier, j'essaye de les tuer. Le meurtre n'est pas mon langage, je le parle comme une langue étrangère, avec des fautes et des notions trop grandes pour moi, mais je le parle un peu quand même. Un tout petit peu... » Asmodée y vit là une honnêteté très pure, différente. Elle sourit à nouveau, plus discrètement cependant. Comme un plissement au coin de ses lèvres pâles. « Certains ont voulu m’étudier, il y a de cela si longtemps que je ne me souviens plus de leur visage. Je les ai poussé à s’ouvrir le ventre avec leurs instruments d’études, à analyser leurs propres boyaux plutôt que de m’importuner. D’autres ont cherché à me comprendre, à apprendre de ma personne. Ils me parlaient de la Goetia, des démons. Ils ont cru que j’étais l’une d’eux. Ceux-là sont sans doute morts à l’heure qu’il est, après avoir désespérément cherché à m’invoquer sans comprendre qu’ils n’y parviendraient pas. » Elle aussi elle tuait. Le meurtre était le langage qu’on lui avait appris dès ses premières heures dans ce monde sauvage. Elle et cette magicienne, elles n’étaient pas si différentes que ça, après tout. Peut-être qu’il y avait un quelque chose qui la rapprochait.

« Si tu veux quelqu'un avec des sentiments, passe ton chemin. Ce soir je n'en ai aucun, il y a juste la nuit. La nuit et la lune qui me dégouline dessus quand mon héritage me commanderait pourtant d'être invisible parmi les bois. Ne me traite pas en elfe, les elfes ne sont pas comme moi, ne me traite pas en humaine, je ne leur ressemble pas plus. Pense à moi comme à une ombre, une de plus parmi toutes celles de la nuit... » Asmodée rit à nouveau. Un rire silencieux. Cela n’avait plus rien d’enfantin. Ni son regard, ni sa posture, ni son comportement. Elle était à nouveau cette créature d’un temps passé, morte, froide. « Si c’est ce que tu désires. Une ombre se mêle aux autres ombres, elle disparaît parmi ses pairs. Elles ne deviennent alors plus qu’une. Une seule ombre face à la lumière. C’est vraiment ce que tu souhaites ? » Dans sa bouche, la question sonnait rhétorique. Elle n’y prêtait plus vraiment attention. « Des sentiments, peut-être pas. Mais des émotions j’en vois certaines. De la jalousie, comme tu l’évoquais plus tôt. De la tristesse aussi, un peu … Bien que tu ne verses aucune larme. » Les sanglots … Ah, voilà un autre concept qu’elle ne saisissait pas. Qu’est-ce qui provoquait cela ? Pourquoi les vivants pleuraient-ils, d’ailleurs ? La tristesse, les regrets, deux choses qu’elle ne connaissait pas. Deux choses dont elle ne pouvait pas faire l’expérience. « Pourquoi les tiens viennent-ils te défier ? Qu’y a-t-il chez toi qui les poussent à la violence ? » Parlait-elle des autres magiciens ? Des humains, des elfes, des laissés pour comptes comme elle ? Tant de gens différents, tant d’ennemis à se faire pour des raisons parfois bien idiotes. Elle soupira, lasse.

Partout où elle passait, les gens étaient les mêmes. Ils voyaient le monde selon leur propre vision manichéenne, selon leurs propres concepts de ce qui est bien ou mal. Parfois certains l’étonnaient, la fascinaient. Ils se distinguaient de la masse, essayaient de survivre, de ne pas altérer leur nature. Ceux-là ne la dégouttaient pas, elle ne pouvait leur faire le moindre mal. Mais ils étaient si peu, si peu ...
©️ 2981 12289 0

- 1500 mots ; 48h
Revenir en haut Aller en bas
Asmodée Grzech
Czarownica
Asmodée Grzech
Asmodée Grzech
Messages : 187

Votre personnage
Niveau: 1
expérience:
Petits meurtres au crépuscule  Left_bar_bleue267/500Petits meurtres au crépuscule  Empty_bar_bleue  (267/500)
Asmodée Grzech
Lun 8 Avr - 17:07
Petits meurtres au crépusculeChan'i & AsmodéeLes larmes ne faisaient pas la tristesse, aurait pu répondre Chan'i. A quoi bon cependant? La nuit était pure, la nuit était sombre malgré la lune, malgré son coeur, et certaines vérités n'avaient besoin de mots.
Et la magicienne savait ne rien avoir d'exceptionnel pourtant, dépourvue de la beauté surnaturelle de ses soeurs, et ne vouant son intelligence qu'à sa survie propre plutôt qu'aux grandes recherches de ce monde. Elle était douleur, elle était cruauté, refusait de se donner aux autres et de s'avouer vaincue. Elle se méritait par les efforts les plus désespérés, mais les cadeaux que Chan'i offraient en retour étaient bien plus sombres qu'un coeur aride.
La femme n'ensorcelait pas, préférant une vérité de poison à une illusion presque trop pure. Sa brutalité n'était pas de celles communes aux bêtes sauvages, mais aux stratèges démiurges désirant le pouvoir par le chaos, la création par le chaos.
Et, chaque fois qu'Asmodée, l'étrange créature, énonçait la mort, Chan'i se contenta d'hocher la tête. Elle acquiesçait à la logique de l'enfant blonde, n'y appliquant pas celle des hommes ni celles des monstres.
La question enfin la tira de son silence. ”Rien, Asmodée, il n'y a rien” et la femme secoua la tête en prononçant cette phrase. ”Ils veulent me voir différente, pensent que cela leur donnera un pouvoir sur moi. Pensent que cela leur donnera tous les droits aussi et, dans leur société, cela est vrai”
Chan'i, ni elfe, ni humaine, née entre deux pavés dans une rue quelconque peut-être, et la magicienne se souvenait peu de sa propre histoire.
”Rien ne pousse les hommes ou les elfes à la violence, elle est déjà dans leur nature propre. Ils se cherchent des excuses en disant que non, en s'inventant des règles, des morales mais...”
Mais au moindre soupir, ils brisaient tout cela. Ils étaient inférieurs aux animaux, aux meutres, même à certains monstres aussi. Ils étaient les mensonges et la trahison, ils le seraient toujours ett Chan'i souriait à tout cela lorsque d'autres n'osaient pas.
Songeuse, la magicienne ôta peu à peu toutes les épingles de sa coiffure, et à quoi ressemblait-elle dans ce clair de lune étrange, peut-être bien plus sombre que la nuit?
A un oiseau pret à s'envoler peut-être, s'envoler tout en sachant qu'aucune terre ne lui serait ouverte.

”Ne cherche pas à nous comprendre, nous, les hommes, les femmes, les elfes. Parce que nous ne te rendrons pas la pareil, jamais... Comprendre quelque chose pour les gens dont je porte le sang, c'est tuer, découper, disséquer. C'est décider de la mort et regarder tout cela, simplement. Décider comme s'il s'agissait d'un choix logique, mais la logique n'existe pas. Il n'y a que les émotions... “

Autour d'elles, dans la forêt, divers bruits. Les monstres se rapprochaient, n'osaient pas encore attaquer, surveillaient juste. Il y avait l'odeur du sang, il y avait TOUJOURS l'odeur du sang, ainsi était le monde, ainsi le resterait-il. Cheveux complètements détachés, yeux sombres dans la nuit sombre, il sembla à Chan'i se sentir pour la première fois bien plus elfe qu'humaine. Cela ne dura pas, rien ne durait jamais chez elle, sensations comme sentiments.
C'était cela qui lui permettait de rester en vie, après tout...
©️ 2981 12289 0

- 500 mots
Revenir en haut Aller en bas
Invité
Invité
Anonymous
Invité
Invité
Mer 17 Avr - 15:30
Petits meurtres au crépusculeChan'i & AsmodéeRien ? Et qu’était-ce le « rien », selon elle ? La fillette avait entendu cette réponse des années durant sans en comprendre la signification, cette vérité cachée derrière que personne ne s’avouait vraiment. Il n’avait jamais « rien » pour les mortels, tant bien même ils auraient pu le lui répéter pour l’éternité. Ce rien qu’ils brandissaient pour cacher le reste, il n’avait de cesse de l’agacer. Il n’y avait pas rien ; seulement quelque chose dont on ne veut pas parler, voilà tout. Et cette logique implacable lui semblait la plus juste parmi toutes les théories qu’elle aurait pu imaginer. Cependant Chan’i ne s’arrêta pas là, et cette continuité intéressa davantage l’immortelle qui se tenait droite à ses côtés. La différence. Voilà, c’était la véritable raison. Ce n’était pas « rien », comme elle l’avait affirmé quelques secondes plus tôt. Asmodée hocha vigoureusement la tête pour accompagner les propos de la magicienne, pour montrer en silence son accord. Cela n’était arrivé que dans de très rares occasion : la fillette rejoignait les explications de cette magicienne.

Et toujours en silence, elle regarda Chan’i défaire sa coiffure tout en expliquant la nature de la violence, humaine et elfe, pure et bête. Les yeux noirs de l’enfant parcouraient la chevelure de l’elfe un peu humaine (ou l’humaine un peu elfe, difficile à différencier dans ce cas-là) sans ciller, sans parler. Juste observant son interlocutrice comme un rapace lorgnerait sa proie. Mais cette femme … elle ne comptait pas lui causer le moindre tort. La discussion l’intéressait assez pour qu’elle veuille la continuer.

Mais son intérêt fut quelque peu bousculé lorsque Chan’i reprit la parole. L’enfant ne comprit pas tout, ou du moins la logique de ces mots. Après tout il s’agissait bien de logique, c’était le fond du discours, mais d’un autre côté … hé bien, ce n’était pas la sienne, difficile de la comprendre pour une immortelle sur qui les émotions n’ont pas d’emprise. Alors elle se mit à froncer les sourcils, pincer les lèvres dans une expression d’incompréhension étrange. « Crois-tu vraiment pouvoir me dire ce que je dois vouloir comprendre ou pas ? » siffla-t-elle avec dédain, un ton plus pernicieux que ce qu’elle avait prévu. Pour elle reprit un visage neutre avec le même contrôle froid d’elle-même qui la caractérisait bien souvent.

Il y avait une sale odeur dans l’air ; les nécrophages n’étaient pas loin, attendant leur heure pour se jeter sur leur repas tout frais, gisant dans la terre humide du sol témérien. Asmodée toisa le cadavre, inexpressive, avant de tourner la tête vers Chan’i, encore et toujours là. Elle aurait pu la laisser à ses divagations, partir sans se retourner, sans un regard. Mais elle ne l’avait pas fait. Pas encore. « Marchons un peu, veux-tu ? Il me semble que certains ont assez patienté et l’odeur du sang va continuer à en attirer d’autres. Tu serais seule à les repousser, j’imagine que c’est assez inégal. » Elle, ils ne l’attaqueraient pas. Parce qu’ils voyaient en Asmodée une sœur, une autre créature du chaos. Aucun battement de cœur ne résonnait dans sa poitrine, aucun sang humain ne coulait dans ses veines. Elle sentait la magie obscure, primale, à des kilomètres. Rien qui ne donne envie d’être dévoré.

D’un signe de tête, elle invita Chan’i à la suivre, doucement, sur le chemin de campagne qui s’éloignait du village, du cadavre, de cette civilisation qu’elle ne reconnaissait pas. « Que faisais-tu ici, perdue au milieu de tout ? » Lui lança-t-elle en reprenant la conversation. Il était vrai que ce n’était pas un endroit où l’on s’attendait à retrouver un magicien, particulièrement dans une région reculée comme celle-ci.
©️ 2981 12289 0

- 500 mots
Revenir en haut Aller en bas
Asmodée Grzech
Czarownica
Asmodée Grzech
Asmodée Grzech
Messages : 187

Votre personnage
Niveau: 1
expérience:
Petits meurtres au crépuscule  Left_bar_bleue267/500Petits meurtres au crépuscule  Empty_bar_bleue  (267/500)
Asmodée Grzech
Jeu 25 Avr - 17:27
Petits meurtres au crépusculeChan'i & Asmodée”Oui”, rétorqua Chan'i sans peur aucune. ”Oui je le crois puisque ta pensée n'est pas la nôtre et que tu peux 'y égarer alors sur des chemins différents.
L'honnêteté, la magicienne en avait parfois, souvent même, mais l'honnêteté n'était pas de ces choses avec lesquelles on pouvait bien vivre. S'obstiner à comprendre des choses incompréhensibles, cela s'arrivait, cela ne menait à rien de bon également.
De la même manière que Chan'i ne pouvait comprendre la façon dont voyageait l'esprit d'une coccinelle, Asmodée ne pouvait appréhender la psychée humaine. La psychée elfique tout autant... Elle n'était pas de leur monde, cela se voyait, cela se sentait comme un parfum subtil. La créature appartenait aux rêves, aux légendes et aux cauchemars, aux poisons aussi. Qui avait été nommé le premier, le monstre ou la plante?.
Chan'i n'entendait pas donner une vérité quelconque à la créature, pas plus que lui imposer sa propre logique, cependant elle déclamait un fait avec la froideur lui étant propre, rien de plus. Quant à s'obstiner, se mettre en colère ou lui faire payer ses mots, le choix appartenait à Asmodée.

L'invitation à marcher un peu lui arracha un sourire, comme un rayon de soleil ou bien une goutte de sang par dessus son masque de tristesse. ”Inégal pour eux, peut-être, qui sait?”
Elle savait les dangers du désert la nuit, n'oubliait pas ceux des bois, mais les bois n'étaient plus son univers désormais. Côtes à côtes, la femme et la fillette progressaient vers un chemin invisible sans que l'une ou l'autre ne semble s'enquérir d'une destination. Elles marchaient, voilà tout, elles marchaient et cela était déjà beaucoup...
Est-ce que la question d'Asmodée lui demandait réflexion? Peut-être, et encore une fois la magicienne fit le choix de l'honnêteté Ses cheveux allaient à présent, libres et défauts, sur son dos et ses épaules. Nulle coiffe pour Chan'i, le contraste s'en trouvait d'autant plus saisissant avec la forme sage d'Asmodée, tout près. ”J'essayais de me perdre, je suppose. Je ne sais pas où je vais, j'ai longtemps été partie et me voilà revenue bien que sans envie. J'attends un signe quelconque, peut-être ne trouverais-je rien.”
Les yeux sombres attrapèrent la forme du visage de la jeune fille alors. ”Et toi, cherches-tu quelque chose également?”
Elle ne se nourrissait pas de sang ou de cadavre, le lui avait dit, et Chan'i la croyait. Il y avait un danger certain chez la créature, que ce soit en son ombre ou en sa compagnie, quant à savoir lequel exactement, Chan'i ne pouvait répondre.
”Au fond, j'essaye de voir si je suis seule ou non, et peut-être ne le suis-je pas... Et, comme toute magicienne, me voilà fort vaniteuse..”
Assez pour repousser un homme, assez pour le tuer, assez pour songer survivre à la nuit, aussi sombre et dangereuse soit-elle. Peut-être une triste silhouette suivait-elle Chan'i encore et toujours, peut-être portait-elle capuchon sans jamais l'enlever, peut-être attendait-elle un seul instant de répit de la part de la magicienne pour frapper.
Peut-être son nom était-il la mort...
Et, comme une douleur, avec la tristesse du plus profond des sanglots, une dernière phrase lui écorcha encore un peu du coeur. ”Oublie ce que j'ai dis, ce que je fais, c'est que je fuis...”
:copyright:️ 2981 12289 0

500 mots
Revenir en haut Aller en bas
Invité
Invité
Anonymous
Invité
Invité
Mar 7 Mai - 15:42
Petits meurtres au crépusculeChan'i & Asmodée« Inégal pour eux, peut-être, qui sait ? » Sans doute était-ce vrai, au fond. Asmodée se mit à sourire doucement. Elle connaissait et reconnaissait la puissance des magiciens, toujours prêts à accumuler plus de pouvoir, encore et encore, quitte à en devenir incontrôlables. Un peu comme elle l’était elle-même, finalement. Mais la barrière de l’âme les séparait. Complètement, insurmontable. Humanité. Un bien joli mot pour une chose si simplement ridicule. Ils ne seront jamais pareils, tant bien même l’enfant chercherait à imiter ceux à qui elle ressemble pourtant tellement en apparence. Mais le faciès est tout ce qu’elle possède d’humain. Il suffirait qu’elle saigne un peu pour qu’on découvre la supercherie. Tout à l’intérieur est sombre et poisseux. Un reflet amer de sa nature.

Les mots que la magicienne prononça ensuite laissèrent l’enfant sans mot. Rien que le silence, le mutisme primal de quelqu’un qui écoute plus que ne parle. Il y avait quelque chose qui semblait familier dans ses paroles. Quelque chose qui lui rappelait des sensations, des pensées, une réalité qu’elle essayait de cacher aux autres, à elle-même, un peu, aussi. Rien qu’une vaste mélancolie, perdue au milieu de la colère et de l’incompréhension. Se perdre. N’était-ce pas ce que tous les vagabonds faisaient, après tout ? N’était-ce donc pas ce qu’elle cherchait à faire, elle aussi ? Mais qui le saurait, sinon elle … Les loups solitaires se reconnaissent entre eux.

« Et toi, cherches-tu quelque chose également ? » L’espace d’une seconde, Asmodée ne répondit pas. Sa bouche se tordit en un rictus étrange, peut-être sous l’effet de sa propre réflexion. Puis elle tourna la tête vers la silhouette plus haute, leva ses yeux noirs vers la magicienne pour la scruter, cherchant peut-être la trace d’une curiosité qui pourrait déplaire à l’enfant. Mais rien d’intrusif. Juste une question, pour une réponse. Et cette réponse vint dans l’honnêteté. « Non. Ou peut-être bien que si. Je l’ignore. Je me contente d’exister, peut-être en attendant la fin. Je marche sans m’arrêter, en espérant sans doute trouver des réponses au bout du chemin. » Puis elle se tut à nouveau, perdue dans ses propres pensées. Voilà qui la surprenait elle-même. Il avait fallut attendre qu’on la questionne pour qu’elle réalise que son errance n’avait aucun but. Le chaos n’était pas un but ; rien qu’une occupation pour tuer le temps. Viendrait bien un jour où elle s’en lasserait.

Chan’i reprit la parole, des mots bien triste pour une femme qui se targuait au début de n’avoir aucun sentiment. La confusion de la créature reprenait. Qu’est-ce qui faisait les sentiments, qu’est-ce qui les différenciait des émotions. C’était à ne rien y comprendre, elle qui existait dans la plus simple construction. Il n’y avait que la haine et le mépris pour les êtres qui ne lui succéderaient pas. Mais Chan’i, voilà une femme qui piquait sa curiosité plus que tous les humains, tous les elfes, tous les nains et autres créatures qu’Asmodée avait rencontré dans sa longue, très longue vie. Peut-être relevait-elle d’un intérêt aussi grand que Dietrich. Peut-être étaient-ils semblables dans leur différence. Vaniteuse … reconnaissait-elle un défaut notable, ou bien se flagellait-elle comme beaucoup d’autres possédant des standards trop hauts ? Qu’importe, Asmodée l’observa sans interrompre la course de ses mots. Elle l’observait dans un silence de plomb, attendant la suite, attendant la conclusion à tout ce non-sens qu’elle ne comprenait pas bien.

Et la sentence fut des plus étonnante. La magicienne se ravisa sur ses dernières paroles, énième élan d’honnêteté. « Oublie ce que j'ai dis, ce que je fais, c'est que je fuis... » Peut-être eut-elle un élan de compassion, l’illusion de ce sentiment, lorsque l’enfant posa une main froide sur le bras de l’adulte. Peut-être cherchait-elle encore à la comprendre, à synthétiser l’émotion. Elle n’en sut rien elle-même. Dans ce geste, c’était des mots informulés qu’elle cherchait à démontrer. Peut-être n’y avait-il pas que du mal en elle. Ou peut-être qu’il s’agissait d’une fausse sympathie, d’un geste hypocrite. Elle ne comprenait pas. « Et que fuis-tu ? Des gens ? Des problèmes ? Ou peut-être toi-même. » Elle n’en savait rien. Mais elle désirait comprendre. Apprendre.
:copyright:️ 2981 12289 0

- 500
Revenir en haut Aller en bas
Asmodée Grzech
Czarownica
Asmodée Grzech
Asmodée Grzech
Messages : 187

Votre personnage
Niveau: 1
expérience:
Petits meurtres au crépuscule  Left_bar_bleue267/500Petits meurtres au crépuscule  Empty_bar_bleue  (267/500)
Asmodée Grzech
Mer 15 Mai - 14:43
Petits meurtres au crépusculeChan'i & AsmodéeLa main se posa sur son bras, Chan'i laissa faire : sa tristesse n'était pas contagieuse, sa peau était froide et étrangère, ne pouvait rien transmettre.
Ensemble, les deux femmes marchaient sans but aucun, l'une se contentait de cela, l'autre haïssait le peu d'humanité qu'elle portait au coeur et la poussant à espérer autre chose pourtant.
Autre chose que la fuite, autre chose que des chemins de cendre et de poussière.
Il n'y avait rien d'autre, on oubliait le nom des villes, on oubliait le visage des amants, les larmes sur un visage quand il y en avait.
Parfois, il n'y en avait pas.

”Les problèmes, je ne les fuis pas, je les attire. Je les apprivoise quand je le peux pour les jeter aux visages de qui me déplaît, cela m'amuse... Je sais ce que je suis, je fuis ce que je n'ai pas pu être.”
Un coeur tendre né dans la boue, obligé de ne rien apprendre de l'amour ou de la tendresse car le corps qui le faisait battre ne méritait d'en recevoir.
Des oreilles effilés, des yeux en amandes, il suffisait toujours de bien trop peu...
Être une belle dame, être quelqu'un capable de mériter d'être sauvé plutôt qu'un animal errant ramassé dans une ruelle par simple amusement avant d'être jetée sur les bancs d'une académie... Parfois, Chan'i se rêvait princesse.
Elle avait tué un prince, une fois, en des terres étrangères. La concubine en deuil avait pleuré jusqu'à en mourir, et Chan'i s'était retrouvée comme jalouse de la voir capable de sentiments aussi forts.
Elle, elle ne pouvait pas.

”Je suis le coeur de lion que je ne possède pas...”
Pour un instant, quelque chose de fugace comme un éclat de rire lui illumina le visage. A sa propre manière aussi, la magicienne portait ses émotions différemment des autres. Ses colères étaient tempêtes et ravages, sa malice était affection même si mortelle parfois, son amour était mirage, sa haine était chagrin et sanglots...

”J'aime ta sagesse, ne cherche pas de réponse dans les mots des hommes cependant”, conclut Chan'i. ”Les gestes et les silences en possèdent bien plus, ou toutes les larmes qu'il faut parfois pour creuser les chemins de ce monde.. On pense toujours aux armes pour les routes et les conquêtes, on oublie les larmes.”

La magicienne regarda vers la lune et les étoiles à nouveau, sans y voir de contes ou de légendes désormais. Peut-être était-ce pour le mieux... Une question vint lui brpuler la gorge alors, et Chan'i ne pu s'empêcher de la poser, peu importe les conséquences.

”Dis-moi, petite Asmodée, y a-t-il quelque chose en ce monde qui te terrifie?”
Une question complexe, Chan'i doutait pouvoir y répondre pour elle-même. La magicienne connaissait la peur, les peurs, mais la terreur profonde au point de peut-être y préférer peur et néant? Cela était bien tout autre chose...
:copyright:️ 2981 12289 0

Revenir en haut Aller en bas
Invité
Invité
Anonymous
Invité
Invité
Jeu 16 Mai - 21:55
Petits meurtres au crépusculeChan'i & AsmodéeDes réponses, elle en voulait des milliers ; elle voulait tout et rien à la fois, le chaos et la douceur de la vie, la peine et le bonheur. Elle voulait ce qu’avaient les autres et qu’elle ne pouvait pas posséder. Elle voulait être elle et quelqu’un de différent en même temps. Elle voulait le pouvoir et les sentiments. La destruction et l’harmonie. Drôle de volonté pour une créature de la haine.
On pourrait philosopher des heures durant à son sujet, mais qu’était-elle d’autre sinon une marionnette laissée à l’abandon ? Un vulgaire corps animé avec des idées pleins la tête qu’on lui avait offert il de cela bien trop longtemps ? Asmodée n’avait ni âme ni volonté propre. Juste le vide, le grand vide dévorant et rien d’autre. Sa seule véritable possession. Une enfant à l’esprit trop adulte, qui parfois se perdait dans sa rage toute puissante.
Vouée pour l’éternité à l’errance sans but.

Chan’i était une créature intéressante, cela allait de soi. Peut-être la seule et unique raison pour laquelle la fillette n’avait pas cherché à lui nuire de la manière la plus vile qu’il lui avait été donné de faire. Asmodée aurait pu faire bien des choses, mais elle s’était abstenue. Peut-être sa seule clémence, son seul cadeau. Sa rare sympathie à l’égard de ces êtres perdus, tout comme elle l’était. « Les problèmes, je ne les fuis pas, je les attire. Je les apprivoise quand je le peux pour les jeter aux visages de qui me déplaît, cela m'amuse... Je sais ce que je suis, je fuis ce que je n'ai pas pu être. » Asmodée l’observa à nouveau, sans chercher à dévoiler ce qu’il y avait au fond, sans chercher à la comprendre, comme elle le lui avait demandé. L’enfant se contenta de hocher la tête sans prononcer un nom, marchant aux côtés de la magicienne, silhouette fragile, qui pourrait être balayée par le vent.

Je fuis ce que je n’ai pas pu être, hé bien Asmodée faisait tout l’inverse. Elle embrassait avec trop d’effervescence sa nature ignoble qu’elle devrait pourtant enterrer le plus loin possible d’elle-même. Elle embrassait la violence, elle offrait au monde son venin qui n’avait de cesse de faire ses victimes. Des mots empoisonnés, et cruels, voilà tout ce qu’elle avait à donner. Des offrandes bien égoïstes, quand elle pourrait repousser sa propre nature, son essence-même. Ce qui l’avait fait naître l’animait comme la brise sur un feu ardent. Mais qu’importe. Il était bien trop tard pour des remords. Des regrets.

Quelque chose changea dans le visage de la magicienne. Quelque chose de différent, qui la fit paraître différente le temps d’un instant. Une rapide apparition qui s’éclipsa bien vite, peut-être trop comme l’imagina l’enfant. Quelque chose qu’elle aurait apprécié voir plus longtemps mais qu’elle se garda bien de demander. Il n’y avait de beau dans cette expression que sa sincérité. Mais trop rapide. Trop vite disparue. Asmodée darda un regard sur la magicienne qui lui ne s’éclipsa pas. Elle refusa de regarder ailleurs, pour peu qu’elle rate une autre apparition. Mais il n’en vint pas d’autre. Trop tard.

« J'aime ta sagesse, ne cherche pas de réponse dans les mots des hommes cependant. Les gestes et les silences en possèdent bien plus, ou toutes les larmes qu'il faut parfois pour creuser les chemins de ce monde.. On pense toujours aux armes pour les routes et les conquêtes, on oublie les larmes. » Elle n’était pas sage. Non, elle ne l’était pas, elle le savait. Mieux que quiconque. Elle seule savait pourquoi, dans sa solitude la plus complète. Elle seule savait toutes les fois où elle aurait pu apprendre et qu’elle ne l’avait pas fait. Ignoré les mots d’une créature plus sage qu’elle ne le serait jamais. Sage et naïve, naïve de croire qu’il y avait du bon en elle. Elle une créature créée pour faire le mal. L’innocence est poétique. Presque risible, mais pourtant si belle … si belle. Si elle avait été ne serait-ce qu’un peu sage, elle se serait éloignée du chemin que sa créatrice avait tracé pour elle avant de disparaître. Avant de la lâcher dans la nature, seule et désœuvrée.  

« Dis-moi, petite Asmodée, y a-t-il quelque chose en ce monde qui te terrifie ? » Les mots la tirèrent de sa torpeur. Elle cligna des yeux une première fois, puis une deuxième, comme pour vérifier qu’elle était bien là, bien réelle. Comme tout le reste. Mais ce n’était pas un rêve. Elle ne rêvait jamais. « Je ne sais pas. Je ne sais plus. Plus maintenant. Peut-être que je me terrifiais moi-même, au début. Peut-être que ma propre nature me rendait malade. Mais c’était il y a tellement longtemps … je ne m’en souviens plus. » La terreur, c’était elle qui l’inspirait. C’était ce qui l’amusait, pendant un temps. Mais aujourd’hui, que restait-il de sa haine inépuisable ? S’amusait-elle toujours autant du malheur d’autrui, ou feignait-elle pour se donner l’illusion de ne pas être totalement morte, en attendant la fin ?

« Peut-être bien que j’ai peur, oui. Peur qu’un jour je puisse me lasser. Alors que me restera-t-il ? Que me reste-il aujourd’hui ? Je cours au devant du danger, sans doute en cherchant ma fin, ou un soupçon de quelque chose, ce quelque chose qui rend les Hommes, les Elfes et les Nains si vivants. » Mais comme à chaque fois qu’elle se posait la question, elle se sentait toujours un peu plus perdue. Perdue entre ce qu’elle était, ce qu’elle avait fait et ce qu’elle voudrait être. « J’ai fais des choses terribles. Des choses terribles que je vais continuer de faire, parce que ça m’amuse. Mais quand viendra le jour où ça ne m’amusera plus – parce que je sais que ce jour arrivera, tout ça n’aura servi à rien. Tous ces morts inutiles, a quoi bon ... » Elle se tut pour ne plus continuer. Elle ne faisait aucun sens, avec ses mots sans queues ni têtes. La logique n’existait plus. Plus pour elle. Il ne restait que la folie, pour peu qu’elle dure elle aussi.
:copyright:️ 2981 12289 0

- 1000 ; 24h
Revenir en haut Aller en bas
Asmodée Grzech
Czarownica
Asmodée Grzech
Asmodée Grzech
Messages : 187

Votre personnage
Niveau: 1
expérience:
Petits meurtres au crépuscule  Left_bar_bleue267/500Petits meurtres au crépuscule  Empty_bar_bleue  (267/500)
Asmodée Grzech
Jeu 30 Mai - 18:18
Petits meurtres au crépusculeChan'i & AsmodéeQue me restera-t-il, demanda l'enfant, la chose? En silence, Chan'i observait. On pouvait avoir peur de cela, des “après” hypothétiques, et tous ne concernaient pas que la mort...
La magicienne regarda la nuit un instant, puis l'enfant. Les deux se confondaient un peu : des ténèbres et des silences, des ombres et de la vie aussi à sa propre manière.... ”Autre chose”, répliqua la magicienne.”Il te restera autre chose que tu découvriras lorsque le temps en sera venu.”
Elle secoua la tête, lasse et amusée tout à la fois. De la tendresse, quelque chose qui s'en rapprochait un peu.
De l'empathie.
”Rien de plus, rien de moins.” Et cette peur de disparaître, Chan'i la portait aussi non pas comme l'on craignait la mort mais ce qui pouvait ou non nous définir. La magicienne n'était pas quelque chose, plutôt un ensemble de traits et de membres ne la reliant à rien de précis, aucune définition, juste un mélange. On souffrait de moins que cela de par le monde, parfois Chan'i se demandait si un autre qu'elle aurait survécu à ce fardeau. Peut-être...
”D'autres que toi disent ces choses comme terribles, tu ne fais qu'user de leur mot.” Un mot accompagnant la morale des hommes, qu'ils brandissaient avec la violence d'une épée, qui condamnait parfois encore plus violemment qu'une épée.
Qui étaient-ils pour décider de ce qui était terrible ou non? Chan'i savait la violence, en portait encore les cicatrices, en porterait toujours peu importe que cela soit au coeur ou au corps. Des cicatrices, elle en avait infligé à d'autres, elle avait tué aussi.
Pour de multiples raisons.
Pour aucune raison.
Mais Chan'i était Chan'i, ni elfe ni humaine, l'âme dénuée de dieux également. Elle répondait à la violence du monde quitte à se montrer plus froide, plus cruelle que n'importe quel monstre aux yeux des autres.C ela n'avait pas d'importance, cela n'en aurait jamais. Les hommes disaient le contraire, mais Chan'i savait...
”Et qu'est-ce qu'une mort utile? Apprends-moi, car je ne peux en nommer une... “ Pourquoi parlait-elle comme un professeur d'une académie quelconque? Les choses n'avaient pas à être ainsi et les prorpes mots d'Asmodée résonnaient à l'intérieur de sa tête : à quoi bon?
”Je ne suis qu'une fille de rien, tu sais? Parfois je ressemble à quelque chose et parfois non... Mais je ne cherche pas de raisons aux actions ou aux choses. L'empereur du Nilfgaard le fait, lui : il cherche des raisons et ces raisons lui ordonnent d'envahir d'autres royaumes. Parce qu'une raison n'est rien d'autre qu'une excuse, une raison dira à un homme qu'il est en droit de tuer son frère, de forcer une femme, de battre un enfant. De tuer un roi... Des excuses, des illusions. Les raisons n'existent pas, les actions oui.”
Quant à l'honneur...Parfois, Chan'i se disait qu'elle en avait. Pas le même qu'un autre ou qu'une autre, mais de l'honneur quand même. Dire la vérité en faisait partie, un jour peut-être finirait-elle sur un bûcher pour cela.
Pour cela ou pour autre chose...

:copyright:️ 2981 12289 0

Revenir en haut Aller en bas
Invité
Invité
Anonymous
Invité
Invité
Mar 4 Juin - 16:49
Petits meurtres au crépusculeChan'i & AsmodéeLa magicienne lui souffla un autre chose, quoi que cela puisse bien vouloir dire. Sans doute, songea Asmodée sans le formuler, sans doute que le monde continuera d’évoluer sans moi, et alors seulement trouverai-je une nouvelle façon d’exister. Mais que pouvait bien réserver le futur à une créature comme elle ? A une époque où les créatures dans son genre n’étaient plus que des contes effrayants que l’on souffle à ses enfants le soir pour qu’ils s’endorment sagement … que pouvait-elle bien faire, sinon continuer son errance sans fin jusqu’à ce que la mort soit assez clémente pour venir la chercher ? Autre chose … ces mots tournaient sans fin dans son esprit tourmenté. Elle était bien curieuse de découvrir cette solution hypothétique. Mais pour l’heure, elle avait encore de la marge, sans doute encore pour les quelques années à venir. Et puis c’était en rencontrant des gens comme cette dame Chan’i qu’elle continuait de trouver un intérêt plus puissant que le reste pour les créatures éphémères.

« D'autres que toi disent ces choses comme terribles, tu ne fais qu'user de leur mot. » Asmodée hocha doucement la tête. Il avait dans cette phrase une vérité crue qui lui plaisait plutôt bien. Il était vrai qu’après tout, son langage n’était que celui qu’elle avait apprit en émergeant de la terre. Les mots, les phrases, les expressions très humaines qu’elle employait parfois … tout ceci n’était que le résultat d’une grotesque imitation dont elle n’avait même plus conscience tant elle avait vécu d’années à répéter les mêmes mécanismes de copie pour se fondre dans la masse humaine à qui elle empruntait au moins les traits. Intéressant, se dit-elle avec un sourire. « Tu dis vrai. Je n’avais pas encore vu cela de cette manière, ou peut-être l’ai-je oublié aussi. » Mes ses mots suivants la rattrapèrent au galop. Une mort utile ? Elle avait plusieurs exemples, tous instruits par les mêmes exemple de morales qui ne lui appartenaient pas vraiment. Asmodée se tut un instant, pour laisser la magicienne continuer, parce qu’il n’y avait bien ça que l’enfant respectait sans artifice. Elle trouvait une sagesse unique dans les mots qu’elle prononçait, un intérêt pour une logique qui n’était pas la sienne, qui lui permettait de comprendre les choses sous un angle nouveau. Puis le silence revint à nouveau et Asmodée comprit qu’elle pouvait répondre sans interrompre le fil de cette conversation.

« Quelqu’un de sage m’a un jour dit … quelque chose à propos de la sélection naturelle, car il me semble que ce sont les mots qu’il a employé. Si le loup tue l’agneau, c’est pour se nourrir, et nourrir ses petits s’il en a. Si le prédateur arrête de chasser les proies, il y aura prolifération, et alors l’équilibre naturel des choses s’en trouvera perturbé. Mais si au contraire il ne reste plus assez de proies, elles seront vouées à l’extinction. Il faut des morts, juste assez pour que le plateau ne s’effondre pas. Mais ces règles ne s’appliquent pas pour les êtres comme toi … ou moi. Parce que les prédateurs dont on m’a parlé finissent par mourir à leur tour. Ils ne vivent pas aussi longtemps qu’un elfe, ou tombent sur plus puissant. » Elle soupira en silence, ce genre de soupirs invisibles que l’on lâche par dépit plus que par ennui. Chan’i avait raison. Quelque chose les séparait, un mur imperceptible qui les vouait à ne pas se comprendre. Leur logique sans doute trop éloignée l’une de l’autre pour qu’Asmodée puisse espérer que la magicienne entende ses mots parfois trop vides de compassion. « Enfin … Ce ne sont que des hypothèses émises par quelqu’un qui est sans doute mort au moment où nous parlons. » Puis elle haussa à nouveaux les épaules, nonchalante, avant de passer à autre chose dans un coin de son esprit. « Tu as cependant raison sur ce point : il n’y a pas de raison. Pas vraiment. La nature n’a pas besoin de raison et moi … j’en fais partie. Un peu. »

Ses yeux sombres balayèrent le chemin sans y chercher d’accroche. Puis elle tourna la tête vers la magicienne, pour l’observer à nouveau. Les créature comme Asmodée ne jugent pas l’apparence. Elles remarquent, elles regardent, mais qu’importe l’apparence quand les opinions ne cessent de changer chez les hommes ? Rien du tout. La beauté ou la laideur n’ont jamais eu de sens. « Moi aussi, je ne suis ‘‘rien’’. Les créatures comme moi, on ne sait jamais comme les appeler. Parfois sorcières, parfois démons, parfois esprits. Les gens n’ont jamais su se mettre d’accord sur ma nature, sinon que je suis le mal incarné. » Un sourire étrange se forma sur ses lèvres pâles, tandis qu’elle continuait d’avancer au rythme de la magicienne, calquant sans le savoir ses pas sur les siens. « Mais je vais te révéler une chose, une chose que peu savent et que parfois j’oublie. Ces hommes qui m’ont décrite comme le mal incarnée, ce sont eux qui m’ont fait naître. Je ne suis pas arrivée là par hasard : leur vice est la raison pour laquelle j’existe. Ma créatrice, ma … mère, sans doute avait-elle une morale que je ne puis comprendre. Peut-être a-t-elle connu la paix, le véritable équilibre entre le bien et le mal dont parlent les Hommes. Je suis l’instrument de sa vengeance, j’imagine. Rien qu’un pion fabriqué par des forces qui nous dépassent. » Mais comment savoir si elle avait accomplit sa volonté, puisqu’Elle n’était plus là ?

Il y avait quelque chose au fond d’Asmodée, quelque chose qui s’apparentait à ce que les enfants appellent parfois « amour » pour leurs parents. Mais elle, la créature immortelle, n’avait pas été modelée pour synthétiser des sentiments. Elle n’était pas censée « aimer » sa créatrice, pourtant il y avait bien quelque chose au fond. Quelque chose d’humain qui n’était pas supposé être là. Un manque avide, laissé par son absence, un vide sidéral qu’Asmodée interprétait seulement comme une case vide, maintenant qu’elle n’avait plus de directive à suivre. Puis une question, une seule, lui vint en tête. « Comment sait-on que l’on est triste, Chan’i, quand on ne peut pas verser de larmes ? »

:copyright:️ 2981 12289 0

- 1000
Revenir en haut Aller en bas
Asmodée Grzech
Czarownica
Asmodée Grzech
Asmodée Grzech
Messages : 187

Votre personnage
Niveau: 1
expérience:
Petits meurtres au crépuscule  Left_bar_bleue267/500Petits meurtres au crépuscule  Empty_bar_bleue  (267/500)
Asmodée Grzech
Ven 5 Juil - 10:27
Petits meurtres au crépusculeChan'i & Asmodée”Alors cela nous fait un point commun car moi aussi je suis un monstre dont on oublie que je suis née d'un homme.” En ce monde, la différence prenait le pas sur l'ascendance, telle était la vérité. Sombres, durs, les yeux de Chan'i  étaient deux dagues acérées. Ce regard là, quel triste homme serait assez fou pour continuer à l'aimer? ”Ne confonds pas fonction et raison, la première existe et c'est ce que cette personne sage t'as raconté avec raison, la seconde est un mythe.” Un soupir brisa un instant la posture sévère de la jeune femme. Elle leva la main, la posa sur le bras blanc d'Asmodée non pas dans un geste de réconfort mais de présence. Le monde et ses choses compliquées, le monde et ses mensonges...
”u comprends bien mieux que tu ne le penses ou que ce que les autres peuvent te dire. Ils se rassurent eux-même en disant que tu ne sais rien, quant à moi je m'occupe de simple détails mais ne t'inquiète pas car tu as déjà les idées, l'intelligence. Ne doute pas de toi, peu importe ta façon de réfléchir, elle en vaut bien une autre...”
Oh toute la douleur dans les mots d'Asmodée, rien n'apaiserait jamais cela pas vrai? Que chantent les bardes, que pleurent les poètes, pourtant que savaient-ils de la souffrance?
Petit monstre, petite soeur pourtant vieille, si vieille...
Aux artistes, les larmes, aux damnés le vide, voilà la vérité.
Cherchant au fond d'elle-même toute la force qu'elle pouvait avoir, Chan'i déchira ses lèvres en un sourire. Ses yeux ne brillaient pas, son coeur ne pleurait pas.
Comment expliquer la tristesse, comment?

Elle ne murmura pas le nom de la jeune fille née des hommes, cette fille avait pourtant prononcé le sien mais certaines choses étaient ainsi : trop dures, trop douloureuses. Hélas, aurait-elle pu murmurer, hélas...
Elle ne murmura pas.
”Parfois, je sens un vide en moi, et ce vide me semble exister dans le monde aussi. C'est un trou creusé et je sais qu'il ne se rebouchera jamais, dans mon coeur comme dans le monde. Ainsi est mon chagrin, ainsi est ma tristesse, et plus il y en a, plus je me sens vallonnée de vide. Mais les tiens peuvent être différents...”
Et quelle valeur avaient leurs larmes? Tant de fois Chan'i en avait versé dans l'ombre d'une ruelle alors qu'on la payait de coups et d'insultes. Cela n'avait jamais fait cesser ses bourreaux...
”Ne sois pas triste de ne pas pleurer.”
La magicienne semblait figée, inaltérable, statue de pierre étrange  crachant sur les aspérités du monde. Son bras était toujours sur celui de l'enfant. Je peux cesser d'être une statue, songea Chan'i, je peux agir comme un coeur qui bat et faire ce qui est juste non pas pour moi, mais pour elle.

”Asmodée...” Le nom était dit, un murmure perdu dans la nuit avant tant d'autres passés déjà, tant d'autres à venir. ”La femme qui t'a créé n'est plus, et cela est dans l'ordre du monde que des mères aient à mourir avant leurs enfants. Tu n'es plus son instrument, tu es libre désormais. Si tu veux être une vengeance, alors soit, mais que cette vengeance soit la tienne, non la sienne. Ne erre plus pour elle, mais pour toi, que le chemin sous tes pas soit clair désormais et s'il y a quelques lien, magie ou sortilège à briser pour te libérer, je le ferai. Je suis magicienne mais je suis également amie...”
:copyright:️ 2981 12289 0
Revenir en haut Aller en bas
Invité
Invité
Anonymous
Invité
Invité
Lun 22 Juil - 19:55
Petits meurtres au crépusculeChan'i & AsmodéeLe silence de la nature était la plus douce des chansons. C’était celle qui l’avait bercé durant de nombreuses nuits, dans la pénombre d’un sous-bois, au sein d’une forêt immense où personne ne s’aventurait jamais. Ce silence-là avait abandonné Asmodée, pauvre sotte, pauvre relique du passé. Elle était anachronique parmis les Hommes. Trop ancienne pour qu’elle comprenne le monde moderne, trop ancienne pour que le monde la comprenne. Quelle idée saugrenue, que d’avoir un jour quitté le silence paisible de la forêt, que d’avoir un jour décidé, peut-être par solitude ou ennui, de voir le monde, les gens, toute la crasse humaine que sa créatrice lui avait un jour conté. Pourtant la voilà, à converser avec une magicienne à la fois elfe et humaine, au détour d’un chemin de campagne. La vie pouvait parfois être surprenante.

Très familières, les deux silhouettes se côtoyaient paisiblement, sans hausser le ton, sans se détourner, sans briser la marche qui n’en finissait pas. Si Chan’i posa une main sur le bras maigrelet de l’enfant, celle-ci ne se dégagea pas. Ce n’était pas désagréable, bien que ce genre de geste ne lui étaient guère plus familier que le sens de la locution humaine. Asmodée leva un regard vers la magicienne, ne prononça pas un mot, puis retourna à sa contemplation du paysage Témérien, et à ses pensées. Les mots sages de l’adulte brisaient parfois la mélancolie du soir, alimentaient les pensées de l’enfant, et ensembles, elles avançaient. Pourtant, à la lumière de la lune pâle, Asmodée vit un sourire fendre le visage de la magicienne. Cette expression, c’était celle qu’elle avait cherché avec avidité un peu plus tôt. Ce sourire, elle l’attendait sans vraiment l’attendre, elle voulait y voir ce qu’elle ne voyait pas chez les autres. Ce n’était pas humain. Ce n’était pas elfe. Autre chose, unique. Un reflet dans un miroir. Puis viennent les mots, encore. Ces mots pleins de sens qui étourdissent Asmodée.

Le vide. Ainsi étaient-elles semblables. Un gouffre sans nom, sur lequel on ne pose pas de mot parce qu’il n’y a rien de comparable. Le vide. L’absence. Des concepts bien différents, qui pourraient pourtant décrire ce trou dans le coeur qu’avait Asmodée, au fond, tout fond. Enfoui sous la haine et le chaos. Ce trou, Chan’i le possédait aussi. Un peu semblables, finalement. Si différentes et pourtant pas si éloignées. « Vide … Oui, c’est un bon mot. Peut-être qu’après tout, nous pouvons nous comprendre. » Ses yeux noirs restent un instant suspendus dans le vie, la bouche entrouverte dans la réflexion. Comprendre les Hommes, c’était une chose que la magicienne lui avait enjoint de ne pas faire. Pourtant y revenait-elle à la charge, la fillette âgée. Pas si facile de lâcher un morceau pour lequel elle s’était battue des années durant. A observer, à analyser, à mépriser les comportements les plus abjects. A la fin, elle pense comprendre. Ou peut-être qu’elle témoignait juste, en fin de compte. Difficile à dire.

« Je ne suis pas triste de ne pas pleurer. J’ignore même si la tristesse est une émotion que je suis capable de ressentir. » Sinon ne s’interrogerait-elle pas sur la nature de sa confusion, de son tourment qui n’avait aucun nom. Ses yeux sombres n’avaient pas quitté le visage de Chan’i. Elle ne faisait aucun geste, la main toujours posée sur le bras de l’enfant. Et Asmodée ne se dégagea pas plus, attendant sagement une suite à cette discussion à laquelle elle avait donné vie.

Son nom, dans le silence de la nuit, fut soufflé dans un murmure. Les mots qui suivirent n’eurent pas la même douceur pour son esprit tourmenté. Les mots, comme une lame de couteau. Comme la lame d’argent qui lui avait traversé le coeur. Puis la douceur, à nouveau, pour essuyer la douleur avide d’une plaie qui n’existe pas. « Amie ... » Murmura Amodée en retour. « Tu es étrange. Mais ne voies là aucune malice. L’étrangeté engendre parfois des êtres uniques.» Et dans un instant de douceur presque amicale, Asmodée pose sa main libre sur celle de Chan’i. « Peut-être as-tu raison. Peut-être n’est-elle plus de ce monde. Mais elle m’a faite à son image ; comme moi, elle n’était pas censée disparaître. » Puis son geste se faiblit, et sa main revient prendre la place qu’elle avait auparavant. « Aucun sort ne me pousse à faire ce que je fais. Je pourrais me cacher derrière cette excuse, mais j’ai le mensonge en horreur. » Elle aussi sourit un instant, puis se balance sur ses deux pieds. « Je ne crois pas que tu sois un monstre. Les monstres n’ont pas tes mots ; ils se contentent de gargouiller. »

:copyright:️ 2981 12289 0
Revenir en haut Aller en bas
Asmodée Grzech
Czarownica
Asmodée Grzech
Asmodée Grzech
Messages : 187

Votre personnage
Niveau: 1
expérience:
Petits meurtres au crépuscule  Left_bar_bleue267/500Petits meurtres au crépuscule  Empty_bar_bleue  (267/500)
Asmodée Grzech
Revenir en haut Aller en bas
Contenu sponsorisé
Contenu sponsorisé
Contenu sponsorisé
Page 1 sur 2Aller à la page : 1, 2  Suivant
Sauter vers:

© The Witcher, tous droits réservés.