[quête] Le sang des chiens

Sam 30 Nov - 16:59

La voilà partagée dans son fort intérieur. Pourquoi est-il si gentil avec elle ? Ils se détestent, non ? Elle n’aime pas les gens trop gentils … Elle grogne tout en continuant à marcher, décidée à ne pas se laisser embobiner par ces bonnes manières. Le village n’était plus qu’a quelques minutes de marche, alors autant consacrer ce temps à s’y rendre de manière efficace, et surtout, à éviter tout danger éventuel qui pourrait se mettre sur le chemin de ces deux malchanceux.

Mais c’est plus fort qu’elle, après tout, elle reste une tête de mule. « Je vais très bien. Contrairement aux glorieux mercenaires – l’expression ressemblait à une insulte dans sa bouche – comme toi, je n’ai pas besoin qu’on chante mes louanges. Les badauds savent qui je suis et ce que je suis, c’est suffisant. »

Dim 1 Déc - 21:10

Malgré les grognements de Skadi et ses mots qui se voudraient tranchants, Chance ne pouvait pas s’empêcher de réprimer le sourire en coin qui essayait tant bien que mal de se former sur ses lèvres, tandis qu’il se forçait à garder un air sérieux pour faire bonne figure. Elle avait beau se montrer très réfractaire, elle lui répondait néanmoins sans ménager sur les critiques implicites. « Ah, ma très chère Skadi … Tu es bien prompt à mener de fausses conclusions. Je n’ai pas plus besoin que toi d’avoir mon nom scandé partout, par ailleurs je ne vois pas d’où t’es venue cette idée. » Le sourire goguenard qu’il avait tant bien que mal essayé de dissimuler s’était à présent installé sur son visage.

Mais il s’arrêta dans ses taquineries lorsque ses yeux se posèrent sur la silhouette du village qui se découpait derrière les arbres. « Bon, nous y sommes presque. J’imagine que je ne te reverrai pas avant longtemps, après le paiement. Tu as des projets pour la suite ? » Il n’avait pas vraiment besoin de se forcer, la sympathie à l’égard de la sorceleuse se faisait naturelle.

Dim 22 Déc - 12:41

Le sang des chiens

7 juillet 1271 ;
Velen, Hautbreuil

Un cri déchira la quiétude relative des lieux. La voix d'une femme à qui l'on venait d'arracher l'objet le plus précieux de sa vie. Mais quel objet ? Elle se tenait à une dizaine de mètres du village, scrutant un horizon incertain, mais de là où se trouvait les deux comparses il n'y avait que buissons épineux et arbres chétifs qui masquaient le paysage champêtre.

- NOOOOON, hurla à nouveau la femme avant de s'effondrer à genoux sur le sol.

Les sanglots venaient secouer son corps en saccades, le bras tendu dans la direction inconnue. De quoi pouvait-il bien s'agir ? Le travail ici était fini, fallait-il prendre le temps d'aller aider cette femme ? Mais sans récompense à la clé... Cela valait-il la peine d'aller se risquer à affronter un ennemi inconnu ?

chance — skadi

Lun 23 Déc - 10:20

Le hurlement était déchirant, du genre de ceux que Skadi avait déjà entendu en rentrant de campagne, lorsque les mères ou les épouses découvraient que le fruit de leurs entrailles ou leur mari ne revenait pas avec le reste du groupe. Sans bruit, à pas de chat, la sorceleuse s’avance sous le couvert de la végétation, pour mieux voir ce qu’il se passe. La femme est tombée à genoux, pleurant toutes les larmes de son corps, le bras tendu vers la source de son malheur.

Les méninges de la sorceleuse se mettent en marche. Il y a une prime pour les chiens. Si elle vient en aide à la jeune femme, le mercenaire ira certainement la réclamer pour partir avec sans demander son reste, non ? En fait, elle n’en était pas très sûre. Il y avait quelque chose chez Chance qui commençait à la pousser à avoir confiance en lui. « Je vais voir ce qui lui arrive. Tu viens, tant mieux. Tu pars, tant pis. Moi je m’en fous. » Faux. Mais il n’est pas obligé de le savoir.

Lun 23 Déc - 19:57

Le hurlement manqua de le faire sursauter tant il le surprit brusquement. Qui donc pouvait bien pousser un cri pareil, un cri qui hérisserait presque les cheveux sur la tête et réveillerait les morts ? Mais Chance n’a pas le temps d’y réfléchir à deux fois que Skadi, déjà sur le qui-vive, s’avance doucement vers la source du bruit pour mener, semblait-il, son enquête. Le mercenaire, dont l’intérêt de la prime avait disparu au profit de la curiosité, la suivit sans faire un bruit. Là, ils tombèrent sur une femme en pleurs, visiblement très remuée par quelque chose qu’ils n’avaient pas encore découvert.

Puis Skadi tourna son attention vers lui pour lui expliquer qu’elle allait voir ce qu’il se passait et qu’elle se fichait bien de sa décision à lui. Bien évidemment, il répliqua aussitôt. « Et te laisser le plus intéressant ? C’est mal me connaître, sorceleuse. J’en suis. » Puis il s’avança à côté d’elle pour aller voir ce qu’il en était de la femme qui venait de hurler.

Sam 28 Déc - 16:22

Le mercenaire a donc choisi de demeurer avec elle, répondant à l'appel du mystère qui attend d'être résolu, de la femme éplorée qui ne demande qu'a être sauvée ... La sorceleuse soupire, l'air agacée. Elle ne sait pas encore ce qu'il se passe ici, et elle n'a pas envie d'avoir à sauver tous les gens qui passent par là en se prenant pour des aventuriers. Chance est peut-être un combattant aguerri mais rien ne peut prouver qu'il saura quoi faire si un monstre fait son apparition.

Enfin bon, les choses sont ainsi et la sorceleuse ne peut que se concentrer pour aiguiser ses sens et se préparer à combattre. « Fais comme tu veux, ça m’est égal. Ne reste pas dans mes pattes, c’est tout. »

Dim 29 Déc - 17:15

Le sang des chiens

7 juillet 1271 ;
Velen, Hautbreuil

Des jappements s'élevaient un peu plus loin. Encore des chiens ? La réalité pouvait s'avérer parfois bien cynique. En effet, sous les yeux de la femmes qui avait crié son désespoir se jouait une scène bien funeste. Un enfant s'était réfugié dans un arbre un peu maigrichon tandis qu'une bande de chiens
sautant en l'air pour tenter de croquer un mollet qui traînant dans le vide. Malheureusement pour le gamin et bien qu'il ne soit pas bien gros, l'arbre risquait de ne pas tenir longtemps sous son poids et alors il serait à la merci de ces bâtards affamés.

- Aidez là, sauvez mon fils ! supplia la femme lorsqu'elle vit les deux aventuriers pointer le bout de leur nez pour voir ce qu'il en était. C'est mon dernier encore en vie...

Sa voix s'étrangla après avoir évoqué ce fait. Les autres avaient-ils péri de la même façon ? L'histoire ne le disait pas et cela était de moindre importance par rapport à l'urgence de la situation. Il fallait agir et vite. Alors étaient-ils prêts à risquer leur vie sans la certitude de recevoir une juste récompense en échange ? Il ne fallait pas tergiverser très longtemps, le temps était compté.

chance — skadi

Dim 29 Déc - 17:44

Voilà en effet une situation tout à fait épineuse. La sorceleuse hésite un instant à se servir de son compagnon du jour comme d’un appât pour faire diversion et sauver le petit garçon, mais sa haine envers lui n’est pas si grande que ça. C’est surtout une question de principe. Principe un peu idiot, certes, mais avec Skadi, il ne faut pas chercher.

Elle n’hésite pas plus longtemps et trace le signe d’Axii pour étourdir les chiens. Elle se met en mouvement, comptant sur un peu de bon sens de la part du mercenaire pour foncer vers le petit garçon en évitant du mieux qu’il peut d’être blessé. La jeune femme tranche sans pitié dans la chair des bêtes, enragée de les voir s’en prendre à un enfant. Plus que tout à l’heure, le sang éclabousse son visage, et le visage de la mère de l’enfant se déforme encore plus face à cette boucherie.

Dim 29 Déc - 21:42

Ce n’étaient pas de simples plaintes, résultés d’un problème insignifiant qui justifierait une source d’amusement pour le mercenaire ; la vie d’un enfant était en jeu. Pour ça, il ne pouvait pas ignorer la morale. Il en était incapable. Mais ce n’est pas lui qui réagit en premier, car déjà Skadi s’élança au devant du danger comme elle savait si bien le faire, et sans autre forme de procès, elle lança un sort, en direction des chiens, dont les siens gardaient jalousement le secret. S’il n’est pas spécialement malin, Chance comprend néanmoins qu’elle se charge des bêtes et que quelqu’un doit se charger d’aider l’enfant, coûte que coûte. Tant pis pour la gloire, il n’y pense même pas.

Tandis qu’il se faufilait derrière le carnage que provoquait la sorceleuse, l’un des chiens se retourna vers Chance, manquant de le chiquer au niveau du mollet. Le mercenaire fit un bond en arrière et donna un coup de pied dans la gueule de l’animal pour le dissuader de s’approcher davantage, tandis qu’il sortait son épée pour l’achever, et continuer vers son objectif principal. En dessous de l’arbre, il observa l’enfant, puis tranchant entre deux solutions, il opta pour le plus simple. « Saute, cria-t-il au morveux qui sanglotait de terreur, je te rattraperai ! » Et pour donner de la valeur à ses mots, il leva les bras pour lui montrer qu’il ne mentait pas. Il y eut un moment d’hésitation où l’on entendait plus que les glapissements des chiens, puis l’enfant se décida. Il pesait plus lourd que ce que Chance avait calculé, mais il ne le laissa pas tomber pour autant, avant de le poser par terre. « Recule ! » Gronda-t-il ensuite lorsqu’un cabot s’approcha d’un peu trop près.

Lun 30 Déc - 12:07

Le sang des chiens

7 juillet 1271 ;
Velen, Hautbreuil

La faim tenaillait le ventre de ces corniauds, pauvres créatures abandonnées des hommes et rendues à la nature sauvage. Qui des humains ou des animaux étaient les vrais monstres ? Dans ce joyeux carnage, les deux comparses de mésaventures passeraient pour des héros auprès des habitants de Hautbreuil, voilà tout ce que l'on en retiendrait.

Le dernier chien venait de tomber à terre, ne laissant échapper qu'une plainte triste, l’œil effrayé par le funeste destin qui l'attendait à présent. Son cadavre allait bientôt nourrir les charognards du coin, en espérant que cela n'allait pas attirer les nécrophages.

- Merci, merci, dit la mère en se précipitant vers eux, bras tendus pour récupérer son enfant. Si vous n'aviez pas été là...

Les mots lui étranglèrent la gorge tandis qu'un sanglot venait lui secouer les épaules. Elle serra fort son fils contre elle avant se tourner en direction du village qui semblait à présent bien paisible.

- Venez, notre échevin saura vous récompenser braves gens.

chance — skadi

Lun 30 Déc - 15:42

Le soulagement qui se lit sur le visage de la mère et de l'enfant a quelque chose de gratifiant, mais Skadi ne peut refouler le sentiment étrange de culpabilité qui s'empare d'elle. Que penser de tout ça ? A-t-elle vraiment changé de vie pour aller massacrer des chiens qui ne font qu'essayer de survivre à travers tout le pays ? Certes, elle serait payée, aurait peut-être même droit à une miche de pain de la part de la mère du gamin, mais elle serait prête à refuser la récompense si elle savait que ces gens n'attendaient pas avec impatience qu'elle se carapate d'ici.

Pour ce qui est du mercernaire, la jeune femme ressent comme une sorte de fierté d'avoir combattu avec lui comme l'auraient fait des frères d'armes. Qu'est-ce qui lui prend ? N'a-t-elle pas juré devant Freya de le haïr à tout jamais ? La tête dans ses pensées, elle suit la femme ...

Ven 3 Jan - 11:52

Le carnage prit bientôt fin, laissant derrière lui une montagne de cadavres de chiens. Chance lâcha un soupir de soulagement lorsque le dernier tomba, puis adressa un regard à Skadi avant que le gamin rejoignait rapidement les bras de sa mère. Cette dernière les remercia avec émotion, ce à quoi Chance répondit par un signe de tête entendu. Maintenant, il n’avait plus qu’à toucher la prime en compagnie de la sorceleuse. Il y avait au moins ça pour se réjouir, malgré l’air sombre de cette dernière. « Allons-y, lui glisse-t-il mine de rien, j’imagine que tu as hâte de filer. »

Puis tout en gardant un œil sur Skadi, il suivit la mère et son fils, pas mécontent d’en avoir enfin terminé avec ce contrat.

Ven 3 Jan - 21:36

Le sang des chiens

7 juillet 1271 ;
Velen, Hautbreuil

- Merci à vous jeunes gens, grâce à votre aide notre village vivra quelques jours de plus dit l'échevin dont le visage s'était que peut adoucis malgré sa sale trogne. Comme convenu, voici pour vous la prime que vous avez bien mérité.

Il fit ses comptes et donnait une part identique aux deux compagnons. Il lança un regard à ces derniers, notant qu'ils semblaient moins enclin à la chicane que la première fois qu'ils étaient venus le voir. Était-ce de bonne augure pour eux ? Le natif de Velen n'aurait su le dire, mais peut-être que les Dieux veillaient à ce qu'ils ne s'écharpent pas pour une histoire de corniauds mangeurs d'enfants.

Il leur tendit la somme à chacun avant de reprendre sa pipe et de bourrer un peu de tabac dedans. Il alluma cette dernière et tira quelques bouffées dessus pour s'assurer que le tabac avait bien pris.

- Que Melitele vous garde mes enfants, puisse votre route être la meilleure où que vous portent vos pas.

Peut-être qu'un jour ils repasseraient pas ici, mais pas trop tôt non plus ca qui sait, peut-être alors se seront-ils remis à se bouffer le nez.

chance — skadi

FIN DE LA QUÊTE

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