Souvenirs perdus

La chaleur était suffocante, presque brulante. Le soleil de midi se voulait implacable sur l’horizon du désert. La végétation faisait pourtant acte de résistance par endroit, logée dans les rocailles qui perçaient le sable. La vie était cachée, presque indétectable lorsque l’on ne savait pas où regarder. Son regard sombre balayait le relief à la recherche de quelque chose. Elle se tenait debout, à l’ombre d’une falaise qui marquait la fin du plateau rocheux qui se dévoilait derrière. Le vent s’était levé, le signe annonciateur d’une tempête de sable à venir. Une mèche de ses cheveux s’était échappée de la tresse qui coiffait ses cheveux bruns. Sa peau avait jauni avec la poussière là où ses vêtements la laissaient découverte. Ses yeux étaient cernés de noir pour atténuer l’éblouissement du ciel et du sol.

- Aya viens, il ne reviendra pas.

Une voix s’était élevée derrière elle, mais les mots n’avaient pas suffi à lui faire décrocher son regard du lointain. Son air inébranlable cachait la tempête qui battait dans son cœur et dans son esprit. Une main s’était alors refermée sur son bras pour l’attirer en arrière, l’arrachant à ses pensées. Un visage masculin apparu aussitôt devant elle. Sa peau était un peu plus sombre, les yeux cernés de noir et une tunique bleue lui recouvrait le corps. Aya le regardait avec une forme de défi dans le fond de ses prunelles. Pourtant c’était l’espoir qui battait dans sa poitrine.

- Il a dit qu’il ne nous abandonnerait pas.
- Il a menti, vois les choses en face.
- Toi aussi tu partiras un jour…

Il l’avait attrapé dans ses bras pour la serrer contre lui malgré la chaleur étouffante. Une larme avait perlé sur la joue d’Aya, entrainant avec elle la poussière sur sa peau. Leurs silhouettes adolescentes s’engouffrèrent dans une brèche de la paroi rocheuse, se subtilisant ainsi au climat extérieur.


Mon univers s’était étiolé sans que je parvienne à faire quoi que ce soit pour le retenir. Il était des forces qui m’étaient, qui nous étaient bien supérieures en tout. A croire que j’étais destinée à perdre ceux qui m’étaient le plus cher. Qu’ils aient été de mon sang ou non, j’avais vu leurs visages disparaître dans les méandres de la vie. Continuaient-ils d’arpenter cette terre ? Sans doute certains avaient-ils rendu les armes, leurs corps abandonnés aux éléments. Ce qui avait été donné devait être rendu un jour.