Sur La Route du Fil de Soie

Lun 14 Déc - 17:20

Un froid matin de septembre 1271

Le jour ne s’était pas encore levé, mais le froid mordant et humide de l’aube annonçait son arrivée imminente.

Niko se tenait à l’orée de la forêt, assise sur une pierre sur le bord du chemin, son chapeau masquant ses yeux et la plus grande part de son visage aux regards d’éventuels passants. On aurait dit une mendiante, ses longs vêtements de cuir et de tissu grossier un peu trop ample pour elle, étaient sales et usés, tachés de sang par endroits. Il était difficile sans l’observer avec un peu d’attention de remarquer à ses cheveux longs qu’elle n’était pas du sexe dominant. C’était le genre de pauvre créature a qui les soldats refusaient l’entrée dans les citées, par crainte qu’elle n’apporte poux et maladies, et se doutant bien qu’elle n’avait pas une pièce a dépenser en dedans. Même les voleurs ne s’y seraient pas interessés.

Elle attendait.

La braconnière s’était créé une discrète réputation de par le bouche à oreille, chez certains marchands et autres réfugiés. Elle pouvait vous ramener des bêtes pour pas trop cher, et surtout connaissait bien les routes et les chemins les moins fréquentés à travers bois et montagnes. Après quelques rencontres qui l’avaient laissée orpheline et profondément meurtrie dans son âme et dans sa chair, elle se méfiait et évitait de tout ce qui portait uniforme et par paranoia ou instinct de survie, avait développé cette pratique au rang d’un art dont elle serait experte. Elle aimait la compagnie des oiseaux, des renards, des loups et des vipères, des créatures des bois les plus redoutés plus que la compagnie d’aucun être humain.

L’oreille tendue, elle jetait régulièrement des regards de part et d’autres.
Elle pouvait voir la cité de là où elle se trouvait, et guettait l’arrivée de quelqu’un qui en venait. On avait pris contact avec elle pour arranger un travail, elle devait guider quelqu’un, un cordonnier qui voulait aller voir les elfes réfugiés, chassés par les humains, pour commercer avec eux. Niko se disait qu’il voulait sans doute profiter de leur précarité pour les exploiter, mais elle raisonnait que, tout comme elle, ils avaient sans doute cruellement besoin d’argent et que toute opportunité serait bonne a prendre pour eux. C’est pour ça qu’elle avait accepté, pour eux, pas pour ce marchand qu’elle n’avait jamais vu.

Quelqu’un s’approcha, en provenance de la citée, cherchant visiblement quelqu’un ou quelque chose du regard. La braconnière redressa la tête, légèrement interloquée, faisant une sorte de grimace de surprise.

-Tu n’es pas un homme. lâcha-t-elle sèchement et grossièrement sous la forme d’une affirmation plus que d’une question. La voix de Niko trahissait son sexe, mais aussi ses origines. On pouvait facilement déceler dans ses mots un accent de Cintra, et dans son vocabulaire limité et ordurier la pauvreté de son éducation.

Elle se redressa, dépassant de sa hauteur le marchand de plusieurs têtes, et l’observa avec une grimace curieuse, mais dans les yeux de la jeune femme, on pouvait lire une heureuse surprise et même de la joie. Elle appréhendait de faire de la route avec un homme humain, mais la perspective de la compagnie d’autre chose la ravissait.

-Je suis Niko. grogna-t-elle en s’approchant de manière irrévérencieuse, n’ayant visiblement jamais appris aucune bonne manière d’aucune sorte. Elle ne savait vraiment pas comment se comporter avec les gens. Tu es le marchand ?

Les premières lueurs de l’aube commençaient a poindre à l’horizon. Une longue route les attendait.

Mar 5 Jan - 19:16

« Sur la Route du Fil de Soie »

NIKO & MER'YAD

Le hobbit était encore en apprentissage de son nouveau mode de vie nomade. Comment prévoir une aventure de plusieurs jours, compter les vivres et le bois de chauffage, éviter les bandits et ne pas se perdre en forêt, etc. Élevé au sein d’une famille sédentaire, Mer’yad n’avait jamais eu besoin de se questionner autant par rapport à sa survie. En vérité, il avait passé le plus clair de son enfance dans une communauté recluse de la société humaine et surprotégé par ses parents. Cela ne faisait que quelques années qu’il se permettait de voyager vers des contrées alors inconnues de lui-même, mais peut-être même de son espèce, car rares sont les halfelins qui osent mettre les pieds hors de leur commune. Le monde des hommes était cruel, ça, les aïeuls lui avaient continuellement répété à travers des histoires horribles. Or, à force de faire de petites excursions dans celui-ci, Mer’yad s’en était fait un portrait plus nuancé. Il y avait aussi de bons côtés, de bonnes personnes et de belles choses à voir. Il avait même osé développer des sentiments envers une humaine ou deux, quoique ces idylles à sens unique fussent du passé. Malgré que son penchant pour l’aventure était un fait récent, l’artisan n’était pas non plus dénudé de raison. Il savait que certaines routes et certains individus n’étaient pas dignes de confiance. En raison de sa petite taille, son absence de muscles ou de connaissance pour le combat, Mer’yad n’avait pas un orgueil l’empêchant de demander de l’aide au besoin. Ainsi, il avait fait circuler le mot parmi les autres voyageurs de l’auberge où il séjournait : un cordonnier avait besoin d’un guide pour traverser une partie de la région. Il avait été vague sur son origine juste au cas où les créatures étaient encore un sujet sensible. Il préférait se déplacer discrètement aussi, car il ne désirait pas attirer trop d’attention sur sa destination. Les pauvres êtres qu’il cherchait à rencontrer avaient bien assez d’ennui comme cela et ce n’était pas Mer’yad McBrama qui allait en rajouter!

L’aubergiste se chargea du reste, il l’avait mis en contact avec son guide potentiel, il s’était occupé de la question de la rémunération, puis ils avaient fixé une date ainsi qu’une heure de départ. Une heure très matinale d’ailleurs. Ses boucles brunes aux reflets roux étaient encore en bataille alors qu’il libérait sa chambre avant l’aube. Emmitouflé dans son manteau à la doublure en laine, le hobbit eut un frisson au contact de l’air froid de l’aube. Une odeur d’automne flottait dans l’air, quelques choses entre les feuilles mortes et l’humidité d’une pluie passée. Ensuite, l’artisan alla chercher sa monture aux écuries tout en remettant quelques pièces au palefrenier pour qu’il garde un œil sur sa caravane qu’il laissait sur place. Inutile de s’encombrer de sa maison mobile pour un tel trajet, mais il prit néanmoins le nécessaire dans des sacs au cas où le chemin serait plus long que prévu. Mer’yad prépara sa monture en sifflotant, la brossant affectueusement, puis la sella tout en prenant soin de ne pas trop la charger pour le voyage. Il était un peu inquiet de devoir s’en remettre à un inconnu pour la suite, mais ce n’était pas comme s’il pouvait s’y risquer seul. À vrai dire, il était même plutôt enchanté à l’idée de faire un bout de chemin avec un être doté de parole. Même s’il adorait son poney, ce dernier était un piètre interlocuteur lors des longs trajets…

Tenant Brindille II par la bride, le semi-homme prit la direction de la porte de la cité, là où devait l’attendre son guide. Il n’eut pas à chercher bien longtemps, car une voix féminine s’éleva à son arrivée. Son regard rempli de question se posa rapidement sur l’inconnue à qui il accorda un sourire amical. L’image de cette jeune femme était vraisemblablement ce qui se rapprochait le plus d’une trappeuse ou d’une chasseresse comme si elle était tout droit sortie d’un récit de barde. Cela donna confiance au marchand qui voyait dans l’accoutrement de la demoiselle des signes de son expérience dans la forêt. « Non, en effet, je ne suis pas humain… J’espère que cela ne cause pas de problème? » Discrètement et sans attendre de réponse, le semi-homme eut le réflexe de dissimuler ses oreilles pointues sous ses cheveux. « Je suis enchanté de faire votre connaissance Niko. Je m’appelle Mer’yad McBrama. Je suis cordonnier et voici Brindille, mon fidèle destrier. Ne vous approchez pas trop. Elle a tendance à mordre les gens qu’elle ne connait pas… Même ceux qu’elle connait bien en vérité. » ajouta-t-il en se massant l’épaule, preuve de la véracité de ses propos. Malgré tout, l’humble cordonnier ne perdit pas son sourire, souhaitant tout faire pour débuter cette aventure en bons termes. Il lui tendit même la paume dans l’espoir d’échanger une poignée de main qui scellerait leur entente ainsi que leur rencontre. « J’ignore ce que l'on vous a dit de ma quête ainsi que de notre destination. Peut-être devrions-nous nous mettre à l’écart pour en parler plus amplement ? »

FICHE PAR ROMANOVA

Citation :: 846 mots
Merci de ta patience!

Jeu 7 Jan - 16:19

Niko dévisageait avec une avide curiosité le petit cordonnier, détaillant ce qui trahissait sa non-humanité ainsi que d’autre choses qui lui apparaissait remarquables. Ainsi, elle qui était habituée à une vie de campagne et de bois, à une existence rude et a des gens grossiers, elle remarquait en Mer’Yad une certaine douceur des traits, comme si il avait été moins marqué par la vie que la plupart des gens qu’elle avait jusqu’à présent croisé. Il ne sentait même pas mauvais.
Sans le quitter des yeux elle s’avançait vers lui, avançant instinctivement sa main pour la retourner, paume ouverte, sous les naseaux du poney afin de se présenter à l’animal sans pour autant lui adresser le moindre regard. Elle avait tant l’habitude de la présence des animaux qu’elle agissait envers eux sans en avoir conscience, se considérant comme une des leurs. Elle flatta doucement la crinière du poney en écoutant le hobbit qui se présentait.
Il lui dit ne pas être humain, en effet, et lui demanda si cela ne lui posait pas de problème, tout en cherchant a masquer ses oreilles comme une jeune fille rougissante face à un prétendant.
Niko lui répliqua avec un sourire franc, chose si rare chez elle :
-Non, pas du tout ! Bien au contraire. Je n’aime pas les humains.
Il se présenta et s’empressa de lui conseiller de ne pas approcher sa main comme elle le faisait, craignant qu’elle se fasse mordre par sa monture au caractère difficile, mais elle ne recula pas, si habituée qu’elle était aux bêtes sauvages, même dangereuses et affamées. Elle aurait pu paraitre sans craintes et téméraire, mais cette image s’effrita aussitôt qu’il avança sa main en signe de salut. Elle qui était sans crainte face à une bête au caractère difficile voir même agressif, face aux monstres dangereux qui rôdait dans les bois et les montagnes, se montrait soudain comme pétrifiée, hésitante, comme menaçait par l’un des plus naturels des contacts humains. Elle n’eu pas de mouvement de recul, et pourtant, se qui passa dans son regard évoquait celui qu’on les chiens qu’on a trop battu quand on tends la main vers eux.
-C’est peut être parce que vous ne la nourrissez pas assez. tenta-t-elle de plaisanter pour changer de sujet.
Elle ne lui pris pas la main. Elle le ferait peut être après, comme symbole de la signature d’un contrat. Elle savait que les humains avaient besoin de ça. Mais pas tout de suite. Elle s’essuya les mains sur son pantalon, comme pour dire qu’elles étaient trop sales pour ça.

Il s’enquit de savoir si elle était au fait de sa quête et de sa destination, et proposa de se mettre à l'écart pour en parler un peu plus avant.
-Oui. répondit-elle sobrement. Par là.
Elle indiqua une bifurcation de la route sur un petit chemin qui entrait dans les bois quelques mètres plus loin un peu plus bas.
-C’est une bonne idée. grommela-t-elle. Bien mettre au clair ce que vous voulez, où vous allez et ce que j’ai besoin de savoir. Souvent des choses se perdent quand d’autres rapportent ce genre de trucs… Et puis il y a aussi souvent des choses que vous n’allez pas dire à d’autres parce que vous ne voulez pas qu’elles se sachent… Tout ça…
Elle avait une voix rauque, qui se brisait quand elle parlait un peu, trahissant le fait qu’elle n’avait tout simplement pas l’habitude de parler et que c’était un muscle grippé en elle, qu’elle n’utilisait que peu.

Elle ouvrit le pas, marchant devant lui pour le guider déjà, quittant bientôt la route pour pénétrer dans le bois, dans un chemin bien assez large pour plusieurs poneys. Ce n’était pas du tout par là qu’elle était arrivée, mais elle privilégierait des chemins bien plus praticables pour ses clients que ceux qu’elle arpentait.
Les arbres touffus masquaient les maigres lumières du jour qui naissaient à peine. Niko était habituée à l’obscurité et marcha encore quelques dizaines de mètres dans les bois avant de désigner un accotement où se trouvaient quelques grosses pierres et un arbre brisé.

-Là. dit-elle sèchement, en l’invitant à se poser. Dites-moi ça.
Elle ne souffrait pas simplement d’une absence d’éducation et de manière, d’une méconnaissance des usages en bonne société, ni seulement d’un manque d’habitude à co-exister en communauté, mais visiblement également plus profondément d’un malaise a simplement échanger avec tout ce qui pouvait seulement ressembler à un être humain, trop blessée par le passé. Elle se montrait rude, mais certaines choses la trahissaient.
-Vous êtes quoi exactement ? demanda-t-elle sans ménagement ni manière comme si il s’agissait de la plus naturelle des questions et que cela ne représentait pas la moindre indiscrétion. Vous avez pris un couteau, j’espère ? s'enquit-elle devant la douceur des traits de son client, craignant de voir quelqu'un trop habitué aux auberges et aux restaurant pour prendre le minimum vital pour pouvoir se nourrir dans la forêt.

Citation :: 782 mots
Pas de soucis, je ne suis pas du tout pressée.

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