Thorunn - Une berceuse sous le clair de lune

Issue d'une famille aisée, Thorunn a 3 sœurs. Son ainée, Tryghild, est du même père que Thorunn - ce dernier ayant filé avant même sa naissance - et ses petites sœurs, des jumelles Olrun et Olveig, d'un père différent, un guerrier. Sa mère, Solvey, est une Druidesse, membre d'un cercle de Druides de Spikeroog. Ses relations avec sa famille sont compliquées, ses deux petites sœurs sont très proches d'elle, alors que sa grande sœur, Tryghild la déteste presque ouvertement. Sa mère, une femme aux allures froides et aussi rudes qu'un hiver dans les îles, a initié ses filles très jeunes à divers arts. Sa première née, à l'élaboration de potions et ses 2 dernières, à la divination. La cadette, Thorunn, s'est révélée être une excellente guérisseuse, avec un goût pour les onguents et les herbes médicinales.

Elle assume plus que ses sœurs un côté "garçon manqué" et le compagnon de sa mère l'initie au combat à l'épée et à la hache mais Thorunn délaisse cet entrainement au bout d'un moment, malgré une certaine agilité. Elle préfère chanter – d’une très belle voix - et danser, divertir les villageois, ce qui lui valut tout naturellement le statut de barde au sein de sa communauté. Bien qu'il lui arrive de participer à des bagarres - assez courantes dans les îles - elle n'a pas spécialement de gout pour la violence dans sa jeunesse. Elle passe une enfance et une adolescence joyeuse, proche de la nature, dans les rudes territoires de Skellige, suivant sa mère sur les îles au gré de ses voyages, refusant de se marier malgré une amourette sans conséquence avec un fils de pécheur sur la fin de son adolescence.




À environ 17 ans, Thorunn se mit à changer légèrement. Elle devint embrouillée, avec des pertes de mémoire, des accès de colère. En même temps, des hommes des villages alentours avaient commencé à disparaitre. Au bout de quelques mois, sa sœur ainée remarqua à plusieurs reprises que sa cadette avait les mains et les pieds couverts de blessures au réveil. Elle décida d’en faire part à leur mère. Elle interrogea sa fille qui lui avoua qu'elle ne savait pas pourquoi et que cela durait depuis presque un an. Sa mère décida de la surveiller attentivement à partir de ce jour, de dormir dans la même chambre qu'elle et ordonna à Thorunn de dorénavant se laisser attacher les poignets à son lit au moment de se coucher.

Le mois semblait se passer sans escapade et chaque soir Thorunn suppliait sa mère de ne pas l'attacher, ses poignets devenaient rouges et marqués par les cordes qui lui cisaillaient petit à petit la peau. Mais la Druidesse refusait, soir après soir. Lorsque la pleine lune arriva, le premier jour, la mère resta éveillée jusqu'à tard dans la nuit, assise à côté du lit de sa cadette... et se réveilla le lendemain, sans se souvenir de s'être endormie, au sol. Elle regarda sa fille endormie, blessée aux mains, aux pieds et aux genoux, les cordes rompues. Elle décida alors, coûte de coûte, de découvrir ce que Thorunn faisait la nuit. Malheureusement elle s'endormit aussi la nuit suivante. Finalement, elle concocta avec son ainée une potion lui permettant de résister au sommeil.

Autour de minuit, elle avait déjà les paupières lourdes mais elle entendit un chant s'élever tout bas. Il venait de sa fille, elle vit Thorunn ouvrir les yeux dans un rayon de lune. Sa mère gardait difficilement les yeux ouverts mais la potion semblait efficace et elle parvint à lutter contre le sommeil. Les liens cédèrent sans mal sous la force décuplée de la jeune femme et lorsqu'elle se leva, elle ignora sa mère. Thorunn sortit de la maison, suivie de sa mère. Elle hésita, jeta un regard vers le village puis vers la plage, recouverte de rochers saillants, et sous la lumière de la lune, se dirigea d'un pas presque somnambulique vers l'eau. Elle marcha, sans cesser de chanter, jusqu'aux rochers et commença alors à marcher dessus, s'aidant de ses mains, les écorchant ainsi que ses pieds nus sur les rochers coupants. Sa mère la suivit difficilement alors que Thorunn semblait aller de plus en plus vite. Arrivée là ou l'eau rencontre la roche et le sable, la jeune femme se figea, cessant de chanter, ôta sa chainse et commença à entrer dans l'eau peu profonde...


Elle tomba alors à genoux et se tordit de douleur, semblant se débattre contre une force invisible. Lorsque Thorunn se redressa difficilement sur ses bras, à moitié allongée dans l'eau, sa mère aperçue dans un rayon de lune sa fille pourvue d'une longue queue, entre celle d'une sirène et d'un serpent de mer. Son visage semblait également déformé, monstrueux. La créature avança dans la mer en rampant jusqu’à plonger dans les vagues. La mélodie retentit de nouveau, plus forte, durant de longues minutes.

Un homme finit par sortir du village et se diriger droit vers l’eau. Au moment où la mère de la jeune femme se rendit compte qu’il s’agissait du père de ses jumelles, elle se précipita vers lui, tentant de le retenir alors que ce dernier se dégageait violemment, elle tenta de le gifler sans succès. Accrochée à lui, elle fit appel aux forces de la nature, cherchant à le réveiller de cet envoutement. Elle le suivit jusqu’à ce qu’il s’enfonce dans les vagues et disparaisse.

Elle fouilla des yeux l’obscurité de la mer pendant ce que lui sembla être des heures, espérant le voir ressurgir. C’est lorsque sa fille réapparue à la surface de l’eau, sur la plage, rampant dans le sable et les rochers, toussant et crachant de l’eau, qu’elle se précipita vers elle et constata qu’elle avait retrouvé sa forme humaine. Thorunn était évanouie dans le sable. Folle de chagrin, de dégout et d'incompréhension, sa mère la gifla violemment, la frappant à plusieurs reprises, la secouant brutalement. La jeune femme ouvrit les yeux, se recroquevillant sous les coups de sa mère, sans comprendre ce qu’elle faisait ici.  

À partir de ce moment, Thorunn vécut la plupart des nuits solidement enchainée et bâillonnée. Lors des pleines lunes, elle se transformait et se débattait dans ses chaines, montrait les crocs et poussait des hurlements stridents... Elle terrifiait les villageois qui se barricadaient chez eux, pensant que le monstre allait encore frapper. Les gens alentours commencèrent à imputer chaque mort en mer, chaque noyade, au monstre qui rodait. Thorunn le vivait très mal, elle se savait innocente de ces derniers crimes, étant attachée et donc impuissante. Mais elle ne parvenait pas à oublier ce qu'elle avait fait des mois auparavant. Elle s’amaigrissait, son corps se couvrait des meurtrissures que les chaines trop serrées lui causaient, chaque pleine lune devenait plus difficile que la précédente. Sa mère avait compris que sa fille était victime d’une malédiction. Bien qu'elle ne lui pardonnât pas totalement pour autant et qu'elle en vienne à la traiter de plus en plus durement, elle fit tout ce qu’elle pouvait pour tenter de briser le sort sans savoir si cela était vraiment possible.

Elle essaya d'abord seule, mais aucune potion, aucun sort ni aucune incantation ne faisaient le moindre effet. Elle tenta d’endormir la créature de plusieurs manières, afin de faire cesser ses cris, de peur qu'on en vienne à les soupçonner. Constatant que rien ne marchait, la Druidesse demanda l’aide de quelques druides de son cercle, les suppliant de garder le secret. Elle interrogea même les prêtresses de Freya qui la chassèrent. Elle décida d'éviter comme la peste les sorceleurs, persuadée qu’ils tueraient sa fille sans même chercher à rompre la malédiction.

La sœur ainée de Thorunn se plaisait d'ailleurs à lui répéter qu'un jour quelqu'un allait mettre une prime sur le monstre, qu'un sorceleur allait la démasquer et que la nuit il viendrait pour lui couper la tête. Elle chantait à Thorunn des chansons terrifiantes sur eux et s'amusait à la plonger dans une angoisse permanente.

Et effectivement, les villageois finir par se cotiser pour engager un sorceleur, alors que la jeune femme était maudite depuis bientôt 2 ans. En apprenant la venue sur l'ile d'un membre de l'école du griffon, Thorunn manqua de s'évanouir. Sa mère s'arracha presque les cheveux de désespoir, parcourant leur demeure de long en large, répétant que sa réputation de Druidesse allait être ruinée, que sa fille allait mourir et qu'elle ne savait pas ce qu'elle avait fait pour mériter ça. Elle décida d'enfermer Thorunn dans sa chambre la journée également afin qu'elle ne puisse pas le croiser.

Le sorceleur ne mit pas longtemps à comprendre que le monstre était le fruit d'une malédiction et qu'il ne se manifestait que les nuits de pleine lune. Il remonta la piste jusqu'à la famille de Thorunn avec une facilité déconcertante. Voyant qu'elle ne pourrait pas se cacher plus longtemps et cherchant à protéger sa famille, Thorunn s'échappa de sa chambre, terrifiée, et se livra au chasseur de monstre en le suppliant de faire ça vite. Étonnamment, il ne lui fit aucun mal et chercha même à l'aider.  Il finit par proposer à Thorunn de quitter son village pour tenter de briser sa malédiction. Elle mit un moment à lui faire confiance mais finit par réaliser qu'il n'était pas le sorceleur sans cœur dont parlaient les légendes.


La mère de Thorunn s'opposa fermement au départ de sa fille, inquiète de ce qu'elle pourrait devenir entre les mains d'un tel personnage. Pourtant cela lui donnait la confirmation que la malédiction pourrait être levée et elle ne pouvait se résoudre à laisser sa fille dans cet état. Elle prit ses filles, leurs affaires puis partit de l'île sans dire un mot à personne, fuyant le sorceleur et les villageois. La druidesse fit appel à un petit groupe de mercenaires et quitta l'archipel de Skellige, décidée à se rendre sur le continent pour demander conseils aux Mages, aux Elfes… À quiconque pourrait les délivrer de ce fardeau.

La mère de Thorunn s’assura que la traversée se passe sans encombre pour tout le monde, elle enchainait sa fille, la bâillonnait et l’enfermait dans une boite chaque nuit, par précaution même si elle avait pris soin de prendre le bateau en évitant la période de la pleine lune. Les mercenaires ne se doutaient de rien et Thorunn faisait de son mieux pour faire bonne figure la journée, chantant pour les divertir. Elle redoutait plus que tout le soir, ce moment où cette boîte allait se refermer sur elle, la laissant ligotée et muette dans une obscurité totale.


Lorsqu’ils arrivèrent sur le continent, un long périple commença. Ils allèrent de ville en ville, interrogeant tour à tour des mages, des charlatans, des devins et devineresses… Thorunn semblait perdre petit à petit sa joie de vivre. Les 4 filles ainsi que les mercenaires voyageaient à cheval et leur mère dans une calèche avec leurs bagages. Ils dormaient dans les auberges quand ils le pouvaient mais campaient dans des tentes confortables quand ils n’avaient pas le choix.

Lors des 3 jours de pleine lune, ils restaient toujours au même endroit, le plus éloigné possible de toute forme d’eau. La Druidesse refusait alors de prendre la route. Retenir la créature enchainée devenait de plus en plus difficile. Elle se transformait et se tordait jusqu’à faire craquer ses os pour se dégager des chaines et parfois, au réveil, les 3 sœurs et leur mère retrouvait Thorunn allongée sur le sol, le corps meurtri, sans ses chaines. La Druidesse se rassurait comme elle pouvait en se disant que loin de la mer la créature ne pouvait plus tuer.

Au fil du temps, un des mercenaires, Bjorn, le plus jeune, se rapprocha des filles. Il amusait les jumelles et s’occupait d’elles comme un grand frère, ce qui touchait profondément Thorunn. Il remarqua que les yeux de la cadette s’éteignaient à mesure qu’ils avançaient et entrepris de la faire manger plus, sourire plus. Il ne la laissait presque jamais seule, excepté la nuit ou sa mère la faisait sèchement se retirer dans leur tente. La jeune femme faisait de son mieux pour rester distante mais le mercenaire ne restait jamais loin d'elle très longtemps, lui posait beaucoup de questions. Son regard s’attardait de plus en plus sur elle.


Tryghild, son ainée remarqua cela et vit que Thorunn, bien qu’elle tentât de l’ignorer, n’y était pas complétement indifférente. L’ainée entreprit alors de séduire le jeune homme pour faire souffrir sa sœur et ne les laissait plus jamais seuls, elle rapportait leur moindres faits et gestes à sa mère, avec de plus en plus de venin dans la voix.



Bien sur les mercenaires commençaient à comprendre que quelque chose se tramait certaines nuits mais aucun ne posait de question. Au fur et à mesure de leur voyage, malgré Tryghild et les épreuves physiques qu’elle traversait, Thorunn semblait aller un peu mieux. Un jour en fin d’après-midi, ils se trouvaient à quelques heures de la prochaine ville et avançaient relativement tranquillement dans une forêt. Les mercenaires plaisantaient grassement entre eux et Bjorn chevauchait aux côtés des jumelles, gardant un œil sur Thorunn légèrement derrière. Une pluie orageuse d’automne, torrentielle, se mit à tomber, entachant quelque peu la bonne humeur générale et sous leur capuche, trempés, le petit groupe poursuivit sa route. Un des mercenaires qui était resté plus loin pour assurer leurs arrières les rejoignit au galop et hurla qu’une troupe à cheval arrivait sur eux à toute allure. Tous lancèrent les chevaux aussi rapidement que possible, Bjorn claqua du plat de l’épée l’arrière-train du cheval des jumelles, leur ordonnant de se cramponner et lança sa monture aussi vite que possible, suivi de Thorunn qu’il laissa passer devant lui. Il y eut un sifflement de flèche et le cheval du mercenaire s’écroula, son cavalier avec lui, projeté en avant. La jeune femme fit quelques mètres dans son élan, suivant ses sœurs puis fit faire volte-face à son cheval. Elle sauta au sol, releva le jeune homme qui la poussa vers sa monture en lui criant de partir, elle lui tendit la main pour qu'il monte avec elle mais au même moment une autre flèche vint se planter dans la gorge du destrier, qui s’écroula à son tour, manquant de les écraser tous les deux.

Thorunn regarda en arrière et vit avec effroi, comme au ralenti, la troupe chevaucher vers eux en hurlant… Bjorn la saisit par le poignet et l’entraina hors du chemin, dans la végétation, espérant qu’ils ne les suivraient pas. Il serrât plus fort sa prise sur son poignet quand il entendit un des bandits crier de se séparer pour poursuivre également ceux qui avaient fuient dans les fourrés. Ils coururent à travers les ronces, leurs pieds s’enfonçant lourdement dans le sol, chaque enjambée paraissant plus compliquée que la précédente. Ils coururent, autant que Thorunn pouvait le supporter, puis marchèrent lorsqu’elle n’y parvint plus, pendant ce qui leur sembla être une éternité. La pluie ne s’arrêtait pas et ils durent se relever à plusieurs reprises alors qu’ils trébuchaient dans le sol boueux et détrempé. Il tendait l’oreille régulièrement et il lui semblait toujours entendre non loin les cris de leurs poursuivants. En voyant un trou dans le sol formé par un arbre immense qui s’était écroulé, il attira la jeune femme avec lui et se laissa glisser le long de la pente, cachés entre les racines, les couvrant au passage de boue malgré lui. Ils se firent aussi petits que possible, retenant leur souffle, serrés par nécessité l’un contre l’autre.

Ils entendirent distinctement les bandits passer juste à côté d’eux, cherchant leurs empreintes que la pluie torrentielle avait, par miracle, effacées. Heureusement, on n’y voyait pas à plus de quelques mètres, ce qui empêcha leurs poursuivants de remarquer le trou et les racines qui les abritaient. Ils attendirent un long moment alors que le soleil allait se coucher, plongeant la forêt dans un début de pénombre, la pluie finit par ralentir sans pour autant s’arrêter. Bjorn estima qu’ils ne risquaient plus rien, il se hissa hors des racines ainsi qu’une Thorunn soulagée que la lune ne soit pas pleine cette nuit. Ils se regardèrent et éclatèrent de rire en se voyant mutuellement couverts d’une boue ocre, trempés, les vêtements de la jeune femme abimés par les ronces et les branches, l’armure de cuir clouté du jeune homme dans un état tout relatif. Ils relâchèrent quelques minutes la pression en riant puis finirent par se mettre en marche. Le mercenaire jaugea sans trop de mal la direction dans laquelle ils avaient couru mais estimant qu’il n’était pas prudent de passer par la route de peur de recroiser les bandits, il décida de leur faire faire un détour par les bois pour rejoindre la ville dans laquelle leur compagnie, ils l’espéraient tous les deux, avaient dû trouver abri.

Lorsque la nuit fut totale et que la pluie s’arrêta, malgré leur résistance au froid, ils réalisèrent qu’ils grelotaient et claquaient des dents. Bjorn, voyant Thorunn à bout de force, proposa une halte mais resta en mouvement, cherchant à apercevoir les quelques lumières de la ville et estima qu’ils en étaient encore loin à pied. Il regarda la jeune femme qui se refroidissait encore plus à rester immobile, assise sur une racine, le dos contre le tronc, encore dégoulinante de pluie, ses cheveux collés à la boue sur son visage. Il s’approcha d’elle, s’assit à ses côtés, décolla une mèche près de ses lèvres. Il l’attira contre lui, laissant la chaleur humaine, toute relative, les réchauffer. Ils passèrent les quelques heures qui les séparaient de l'aube ainsi et se remirent en route. Ils arrivèrent rapidement à la ville et retrouvèrent leur compagnie, saine et sauf à l’abri des remparts. La suite est une autre histoire.



La malédiction de Thorunn avait été rompu. Elle ne savait toujours pas qui lui avait lancé ni pourquoi. Elle finit par se détacher de sa mère et se pardonnèrent mutuellement. Sa famille retourna à Skellige. Bjorn et elle prirent la route et décidèrent de rester sur le continent. Ils errèrent un temps tous les deux, Thorunn offrant ses talents de barde, lui, louant son épée. Puis ils formèrent une hanse, petit à petit, au gré de leurs errances, composée de mercenaires de tout horizon.


Il lui apprit à se battre, manier l’épée et le bouclier. Ses connaissances de guérisseuse furent très appréciées pendant cette période au sein de la compagnie et elle les divertissait de ses chants le soir au coin du feu. Les années passèrent sans incidents majeurs.


AOUT 1271 Le chaos et les guerres internes s'installent dans les Royaumes du Nord. Le travail ne manque pas pour qui sait manier l'épée avec adresse. Les seigneurs, qu'ils soient petits ou grands se querellent sans cesse et la Hanse en profite pour remplir ses besaces d'or.

Thorunn tomba enceinte malgré les précautions prises, elle hésita sur la conduite à suivre et finit par l'avouer à son compagnon qui fut fou de joie contre toute attente. Ensemble, ils décidèrent qu’il était bientôt temps de s’établir de façon durable quelque part. Afin de mettre un maximum de côté et de se mettre à l’abri du besoin au moins un temps, ils engagèrent la hanse dans un conflit entre 2 petits seigneurs locaux, le travail étant bien payé. Ce combat aurait dû être un des dernier mais Thorunn, têtue, n'avait rien voulu entendre et à force de négociations plutôt musclées avec Bjorn, il fut décidé qu'elle accompagnerait ses compagnons dans cette bataille.


Et la bataille fut sanglante. Les ennemis étaient bien plus nombreux que prévus, leurs compagnons tombaient un par un et la bataille finit par les éloigner l'un de l'autre. Un soldat fonça dans la direction de la jeune femme avec toute sa force et sa lance explosa son bouclier, déjà fragilisé par l'intensité du combat. Thorunn eu l'impression de sentir les os de son bras droit et de sa main exploser. Ils s'empoignèrent, tentèrent l'un et l'autre de se jeter mutuellement au sol. Bjorn se retourna vers elle en entendant son cri et se précipita vers eux.


Elle prit un énorme coup de genoux dans le ventre et s'effondra hurlant de douleur. L’ennemi leva son épée et allait lui fendre le crâne mais fut interrompu par le jeune homme qui le fit tomber au sol et lui fracassa la tête avec le pommeau de son épée à plusieurs reprises. Il se précipita vers Thorunn inconsciente et la hissa tant bien que mal sur un cheval abandonné. Faisant fuir l’animal d’une claque sur l’arrière-train, il se jeta sur ses assaillants pour lui laisser le temps de fuir.

Thorunn s’était réveillée dans un dispensaire. On lui avait annoncé qu'elle avait perdu leur futur enfant et qu’elle ne pourrait peut-être plus se servir de son bras brisé pour tenir un bouclier. Elle pleura leur petit et dès qu’elle fut en état de marcher, malgré son bras immobilisé, elle partit à la recherche de ses amis ainsi de son compagnon. Sans succès. Elle parcourut longuement le champ de bataille à la recherche de son bouclier, sa hache ou son épée, un signe, n'importe quoi. Elle ne reconnut aucune arme, aucun cadavre, ceux qui n’avaient pas été enlevé étaient déjà à moitié dévorés par les charognards, la putréfaction avait fait le reste.



Quelques mois se sont écoulés mais Thorunn se raccroche à l'espoir que Bjorn soit peut-être toujours en vie quelque part. Elle cherche sa trace, elle envisage également de retourner à Skellige pour essayer d'éclaircir enfin les points d'ombre de son ancienne malédiction, revoir sa famille... Ce qui voudrait dire, renoncer. Mais les Noirs ont traversé la Yaruga et son sang de femme libre de Skellige bouillonne dans ses veines, elle se refuse à abandonner d'avance le combat. Après tout, elle peut toujours tenir son épée même si pour le moment le bras qui lui servait à tenir son bouclier est encore faible et maladroit. Elle continue donc son voyage, utilisant ses talents de barde pour colporter les nouvelles et chercher des informations de village en village. Il lui arrive également à l'occasion d'offrir ses services en tant que guérisseuse mais l'idéaliste Thorunn ne peut pas s'empêcher de défendre la veuve et l'orphelin et ses talents de combattante sont parfois mis à rude épreuve.

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