Home is behind
The world ahead
And there are many paths to tread
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Ebba Dahlberg, aussi loin dont elle pouvait s’en rappeler, était destinée à épouser l’aîné du clan Richter. Mais le destin, capricieux et volatile, en décida autrement. Lorsque son bien-aimé Karl mourut à la mine, on donna la main d’Ebba au frère suivant pour ne pas laisser filer une alliance alléchante entre les deux clans. Des Richter, Folker en était le plus jeune. Grand – subjectivement – amateur de bière et de jeux de dés, il était évident qu’il vivait pleinement sa jeunesse sans se soucier du lendemain, et il n’y avait également aucun doute que l’idée d’épouser quelqu’un ne l’enchanterait que très peu. Or on lui proposa l’idée ; bien que sur son visage on put y lire la déception la plus primaire, il ne protesta pas. Malgré son obtempération docile, il quitta Mahakam à la première occasion sitôt marié et les noces passées. Peut-être que la tentation des aventures trépidantes qu’il recherchait tant avait été plus forte que son devoir. Lorsqu’il disparut dans une nuit froide d’automne, il laissa derrière son épouse et un enfant dont il ignorait encore l’existence.
Ebba Dahlberg (nouvellement Richter) était une naine de caractère. D’abord, elle n’appréciait pas du tout tous ces changements de dernières minutes alors qu’elle pleurait encore la mort de celui à qui appartenait son cœur. Ensuite, elle aimait encore moins que son nouvel époux se fasse la malle sans demander son reste, emportant avec lui une part de leur fortune commune dont une boîte remplie de bijoux qui appartenaient à sa grand-mère et que sa famille lui avait offert en guise de cadeau de mariage. Par dessus l’honneur et sa barbe, Ebba aimait énormément les bijoux. Ignorant tout de ce qui se tramait à l’intérieur de ses tripes, elle quitta Mahakam à son tour pour se lancer à la poursuite du fuyard – et voleur ! Elle traversa montagnes, rivières et plaines pour les trois valeurs fondamentales qui avaient été bafouées par Folker. Elle alla par la Témérie, elle alla par Brugge, puis Cintra, sans parvenir à rattraper celui qui, inévitablement, lui échappait. Malheureusement, l’hiver la coinça à Toussaint où elle fut forcée d’attendre que les beaux jours reviennent pour traverser le col du Malheur.
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Ô flots abracadabrantesques,
Prenez mon cœur, qu'il soit lavé !
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Contre toute attente (et surtout la sienne), Ebba se prit d’affection pour la principauté de Toussaint. Abandonnant sa poursuite et ses plans de vengeance (qui consistaient en outre à priver Folker de ses cheveux et de sa précieuse barbe) au profit d’une vie paisible dans un pays qui semblait avoir tout l’air d’un conte de fée. Elle donna naissance à son enfant en fin de printemps dans une barque en plein milieu d’un lac, profitant d’une journée ensoleillée pour pique-niquer avec une comparse naine avec qui elle travaillait dans un vignoble. En l’honneur de son grand-père préféré, elle donna au nouveau-né le nom de Willem et avec la petite fortune qu’elle avait emmené avec elle, Ebba ouvrit une échoppe de forgeron à son compte, jonglant avec sa nouvelle fonction de mère et un travail qui enfin lui plaisait vraiment. Il ne faisait aucun doute que beaucoup auraient succombé à l’accumulation de devoirs ; pas Ebba.
Willem grandit dans un foyer aimant, mais surplombé par l’ombre de l’absence d’un père partit trop tôt, il lui manqua l’affection de ce dernier. Si pendant l’enfance il en souffrit assurément, l’arrivée de la maturité transforma sa peine en une haine profonde et inébranlable, alimentée par les regrets muets de sa mère. Doué à l’épée, il ne lui fallut guère longtemps pour s’émanciper peu à peu et offrir ses services de guerrier à qui le voulait. D’abord garde dans un vignoble, il n’hésite pas à brutaliser quelques voleurs aguerris, et ce même lorsque la résistance se montra inexistante. Les premières euphories passées, Willem se tourna vers ce qui deviendrait très vite son domaine de prédilection : les maisons de joies. A nouveau placé en tant que garde, cette fois dans un décor qui ne manqua pas de le divertir, Willem découvrit avec une attentionh toute particulière l’art du contre-espionnage au contact des filles de Beauclair. Si d’abord il ne vit pas l’intérêt de cette discipline un peu obscure, il apprit rapidement que les informations étaient une monnaie plus précieuse encore que l’or qu’on lui donnait mensuellement pour son travail.
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Le cœur éperdu crie : « Est-ce que je sais, moi ?
Cette femme a passé : je suis fou. C'est l'histoire.
Ses cheveux étaient blonds, sa prunelle était noire
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La baronne Hélène de Vannes, mère maquerelle du Nénuphar, ne tarda pas à reconnaître les qualités de Willem. Plutôt que de le confiner à garder des portes (rôle dans lequel il excellait pourtant), elle le fit monter en grade pour qu’il assure, à sa demande la plus personnelle, sa protection. Y voyant là une occasion à ne pas rater, non seulement pour ses connaissances personnelles mais aussi pour le salaire qui allait de paire avec son nouveau travail, Willem ne put qu’accepter. Si la plupart de ses journées consistaient à suivre la dame dans ses déplacements et ses rendez-vous d’affaires, celle qui le marqua le plus fut en réalité une soirée où l’on fêta l’arrivée de l’été. Dame Hélène lui demanda en toute amitié de lui tenir compagnie pour le banquet et alors qu’on le présentait sobrement aux autres invités de la noblesse Beauclairoise, il fit la connaissance de Scylla, une baronne de Nilfgaard envoyée après ses études par sa famille comme dame de compagnie de la très jeune Duchesse en devenir, Anna-Henrietta. Scylla se distinguait non seulement par sa culture impressionnante mais également par sa maîtrise parfaite des langues dont elle fit la démonstration à Willem qui ne manqua pas d’être impressionné.
En fréquentant régulièrement Scylla dans les semaines qui suivirent le banquet, Willem découvrit non sans surprise que la supposée demoiselle de compagnie était en réalité au service du renseignement militaire Nilfgaardien, sous la direction de Vattier de Rideaux et qu’elle était à Toussaint en sa qualité d’espionne, non pas pour la duchesse et son entourage mais pour des fuites d’informations dont on soupçonnait la provenance venir du Duché. Si elle n’eut pas l’air de s’inquiéter en partageant ses secrets à un nain qu’elle ne connaissait au final que très peu, c’est parce qu’elle proposa à Willem de travailler pour elle presque aussitôt le masque tombé, reconnaissant en lui l’ambition qu’il pourrait mettre à profit. Pour elle, et surtout pour l’Empire dont ils étaient tous deux les sujets. Y voyant là un moyen de s’élever par la suite dans la société Nilfgaardienne, Willem n’y réfléchit pas à deux fois avant d’accepter. Les premiers mois qui suivirent leur alliance, il redoubla d’attention aux côtés de Dame Hélène ; et son attention aiguisée paya. Seulement, pas de la manière à laquelle il s’était attendu.
S’il avait cru que la source de tout ceci venait de rencontres dissimulées entre des sujets Nilfgaardiens et des espions étrangers, il aurait été bien incapable d’imaginer que celle qu’il servait depuis vingt ans pouvait vendre des secrets d’état (eux-même dérobés subtilement) à des espions rédaniens. Il avait suffit d’un seul coup d’œil indiscret dans les papiers de son bureau pour découvrir la supercherie et tomber de haut. Cette désillusion fut la dernière qu’il s’autorisa à subir. Des manières différentes pour stopper les affaires de Dame Hélène, il y en avait des tas ; pourtant c’est la voie de la violence que Willem choisit. Ce fut un corps sans vie que les filles du Nénuphar retrouvèrent au petit matin dans la chambre de la mère maquerelle. Quant à Willem, personne ne l’avait jamais vu. L’opinion publique pensa à une vengeance personnelle, ignorant tout de ce qui se tramait dans l’ombre.
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Paid in coin of gold
He comes he'll go leave naught behind
But heartache and woe
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Ce fut sous la couverture d’un couple marié – certes inhabituel mais d’aucun dirait qu’il y a plus étrange – que Willem et Scylla posèrent bagage à Oxenfurt en 1763. Récupérant la propriété d’un ancienne maison à l’abandon, les deux restaurèrent l’endroit afin de continuer l’entreprise d’Hélène, cette fois pour le compte des services secrets de l’Empereur qui n’avait pas eu besoin de beaucoup de temps pour remporter sa première victoire en sol nordien. Dans cette nouvelle maison close (baptisée la Plume du Corbeau) affluèrent quelques anciennes protégées du Nénuphar, tandis que l’entreprise démarrait progressivement. Si Scylla eut du mal à abandonner son confort de noble de la capitale, elle se donna toute entière à son nouveau rôle.
De bouche à oreille, la Plume du Corbeau dont on vanta la propreté et l’accueil très professionnel commença à se faire connaître de la noblesse rédanienne tandis que de nouvelles têtes apparurent pour garnir les rangs des employées. De son côté, Willem ne faisait confiance qu’à une poignée de filles qu’il savait loyales et malignes, les instruments parfaits pour prêter une oreille attentive aux clients trop partageurs de leur vie prétendument trépidante. Dans le lot s’étaient également ajoutées quelques nouvelles dont l’esprit n’était pas en reste et qui voulaient être une part du projet.
Il n’y eut qu’une traîtrise au sein du groupe ; la pire d’entre toute. Celle à laquelle il s’était attaché malgré lui avait dénoncé ce qui se trafiquait à la Plume du Corbeau aux gardes d’Oxenfurt – qui ne trouvèrent jamais rien d’incriminant au sujet de Willem qui avait intelligemment retenu la leçon avec Hélène. Et plutôt que de confier à quelqu’un d’autre la tâche de faire disparaître la pauvre fille, il s’en chargea lui-même. Peut-être pour la vengeance, peut-être pour montrer l’exemple, ou peut-être pour se rappeler de ne faire confiance à personne. Nul ne pouvait savoir. La seule chose qu’on en avait retenu, ce fut le message clair que le manque de loyauté se payait très cher, et que l’empathie n’avait pas sa place dans les jeux de politique. Jamais.
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Comment as-tu connu le forum ? : J’ai vu de la lumière, je suis rentrée
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