Retrouvailles ensoleillés (Joachim & Adrianna)

Jours ensoleillés, inspirent l'évasion à Adrianna. Ses pensées se tournent vers son fiancé comme à chaque aube elle se demande s'il se porte bien. Pour ne pas s'enfermer dans ses inquiétudes, elle occupe ses journées à apprendre à gérer ces terres. Puisque son père ne peut plus se déplacer, elle le fait à sa place, lui rapporte ce qu'elle voit, ce qu'elle entend et il la conseille sur la marche à suivre. Elle prend cependant de plus en plus de libertés sur les décisions, sans pour autant faire preuve d'entêtement elle décide d'accorder plus de confiance à ceux envers qui il a toujours eu tendance à serrer la vis dans un jugement qui lui est propre. Elle se fait sa propre expérience, se demande si son frère aîné aurait été ainsi. Peut être que non, toujours façonné pour être à l'image de la figure paternelle de leur famille, rien n'aurait alors changé. Et peut être que son point de vue extérieur, différent fait que les gens qui lui adressent la parole sont moins craintifs. Non pas que son père fut tyran, mais il se montre de plus en plus sévère sur les années depuis qu'il est paralysé des jambes, noie sa frustration dans son autorité.

Après avoir été superviser les récoltes de la saison pour préparer les stocks de l'hiver, Adrianna grimpe à dos de sa monture, salue les paysans d'un dernier geste de la main et s'engouffre sur les chemins. Depuis la colline elle observe alors en contrebas les couleurs mordorées de la plaine, les mouvements que le vent créée dans les hautes herbes comme s'il s'agissait d'un tapis de sable dans lequel on y passe la main pour y dessiner des formes aléatoires. Il fait bon, le paysage bien assez clair lui donne l'envie d'aller se promener un peu. Elle se baisse sur l'encolure de sa jument qui l'emmène partout depuis ses débuts d'héritière. Lorette ne semble pas être fatiguée et elle peut lui faire ce cadeau de galoper un peu. Il ne faut pas lui dire deux fois, Lorette est une aventurière dans l'âme, tout aussi sage qu'elle se fait tempétueuse quand on lui laisse la liberté de le faire. C'est une relation de confiance qu'elle entretient avec elle depuis qu'elles se connaissent. Et Lorette dévale la plaine à vive allure sur les sentiers jusqu'à s'extirper des chemins de route pour trouver la liberté de la plaine. Adrianna apprécie l'adrénaline que cela lui procure, la vitesse, la perte de contrôle, elle se lâche et rit aux éclats. Elle prend garde, porte le regard loin pour ne pas être surprise par l'un de ces monstres. Après le passage de ce voyageur qui les a mis en garde, elle sait qu'ils rôdent et que ce qu'elle fait n'est pas prudent si elle n'a pas de vision large pour lui donner le temps de fuir.  Rien à l'horizon sur plusieurs kilomètres, elle laisse alors Lorette décider des virages qu'elle fait. S'accroche à elle tout en profitant des sensations de liberté que cela lui procure.

Passé un moment, Adrianna estime être trop lourde pour que Lorette puisse pleinement profiter de sa propre liberté. Alors elle l'arrête à l'ombre d'un pommier, descend de son dos et la libère de toutes ces lanières pour la laisser dans le plus simple appareil. Une pomme en récompense, qu'Adrianna prend soin d'essuyer avec un pan de sa robe et la jument trotte, broute, profite de ces instants dans un lieu plus vaste que son pré. Adrianna en profite pour se laisser au sol, s'assied et soupire longuement, garde l’œil sur sa compagne et l'observe avec bienveillance et amusement. Ses doigts se perdent dans les herbes qui flirtent avec le tissu de sa robe, elle se souvient être venue ici avec son grand frère quand elle était petite et qu'il l'emmenait galoper. Elle s'amusait à faire des couronnes de fleurs sauvages le printemps venu et qu'elles ornaient la plaine. Les bouquets qu'elle ramenait à sa mère avaient le temps de faner sur le trajet mais cette dernière était toujours touchée par cette attention. Les fleurs fanées ornaient la table où ils soupent encore aujourd'hui, son père les avait en horreur et disait qu'elle n'avait pas le sens de la poésie. Drôle d'histoire, mais aujourd'hui c'est seule qu'elle vient ici, la plupart du temps pour laisser Lorette se promener et réfléchir un peu. Elle pense à Juan, se demande s'il aimerait venir ici avec elle. Si il ne trouverait pas cela trop redondant comparé à tous les paysages qu'il a dû voir. Mettinna a son charme, la ville est belle et les hameaux environnants sont verdoyants, une belle campagne, mais il y a sûrement plus impressionnant.

Une silhouette se dessine à l'horizon, cavalier seul visiblement, Adrianna se relève, au vu de la direction qu'il prend c'est bien vers le village qu'il se rend. Mais il l'a vue. Elle rappelle sa jument, un cavalier seul elle ne craint pas, bien qu'elle ne sache pas se défendre, elle sait que d'ici il se ferait voir par les gardes s'il tentait de lui faire du mal. Confiante sur ses terres, elle s'exerce a avoir bien plus de présence et de charisme, puisqu'elle est l'héritière, elle doit faire preuve de courage. Et puis la silhouette se précise, alors elle reconnaît le sorceleur qui lui sauva la vie. Un large sourire se dessine alors sur ses lèvres, toujours en joie de le revoir puisqu'il fut d'un bien grand soutient juste par le fait de revenir la voir à l'occasion. Une amitié sans doute, née de ce malheur qui changea radicalement sa vie. « Descendez donc de votre cheval que je puisse vous prendre dans mes bras Joachim ! »

L'étreinte amicale enfin, un ami que l'on a pas vu depuis longtemps. Elle ne sait pas toute sa vie mais il a suffit d'un jour pour que sa présence au sein de la sienne soit devenue indispensable. Adrianna marqué par le funeste souvenir de ce jour là où elle a perdu son frère est sa sœur a aussi fait la merveilleuse rencontre de ce sorceleur. Au départ traumatisée, elle a ressenti de la culpabilité d'être en vie alors qu'elle n'avait pas la position la plus importante au sein de sa famille, cadette vouée à n'avoir d'avenir que celui d'une simple épouse, finalement poussée au rang d'héritière. C'est le courage et le soutient de Joachim qui ont fait ce qu'elle est devenue aujourd'hui. Et alors qu'il la serre entre ses bras, elle ferme les yeux, profite de son aura fabuleuse qui lui inspire toujours plus de sagesse et de courage. Ça lui rappelle ce jour là, quand il lui a dit qu'elle devrait être forte au court de sa vie, comme une promesse qu'elle tient, renouvelle ses vœux à chaque fois que sa route à croisé la sienne. Voilà un moment qu'elle ne l'a pas vu, elle devine que les chemins l'emmènent loin de Metina et que rares seront les occasions où elle le verra au cours de sa vie en vérité. Adrianna a un peu changé depuis la dernière fois, elle est devenue une adulte responsable et non plus une jeune fille insouciante. Il le remarque, ses traits font bien moins enfantins, c'est une femme qui évolue, qui suit son chemin.  Un large sourire, ses joues légèrement rosies sous les compliments, elle lui fait une jolie révérence pour le remercier.

Les mains sur ses bras pour le regarder et voir qu'il n'a pas changé, peut être plus de marques, témoignant de ses dernières mésaventures. Mais il n'en reste pas moins charmant, les femmes qui ne craignent pas les sorceleurs doivent le convoiter sans nul doute, il n'aurait pas de mal à trouver épouse s'il choisissait de se sédentariser, peut être même qu'il est déjà marié. Il vient donc aux nouvelles tout aussi heureux qu'elle de la revoir. Adrianna invite alors Joachim à venir s'asseoir dans les hautes herbes, elle a bien des choses à lui raconter. Elle ajuste sa robe, un regard à Lorette qui observe le Sorceleur, curieuse, avant de se remettre à brouter. « J'ai bien des choses à vous raconter mais elles ne seront pas aussi palpitantes que vos aventures. » Par quoi commencer donc ? Depuis le temps qu'ils n'ont pu discuter. Elle commence par lui montrer sa bague de fiançailles, voilà un moment que son père a arrangé le mariage, mais cela se voit sur le visage d'Adrianna que l'idée de s'unir à Juan ne lui déplaît pas, sous son charme. « Je vais me marier avec Juan Aep Deithdhu. D'ailleurs j'aimerais que vous soyez présent pour les célébrations. » Commençons donc par les nouvelles les plus positives, au vu du sourire d'Adrianna on devine que ce mariage prend une place importante au sein de ses pensées et qu'elle aide aussi à le préparer en attendant son retour pour que tout soit parfait, pour que les festivités réjouissent son époux et qu'ils en gardent un souvenir heureux. Voilà un moment qu'elle ne l'a pas vu, certes parfois sous correspondance, la chaleur de ce bras qu'elle prend quand elle marche à ses côtés lui manque. Elle espère pouvoir le revoir vite et se noyer dans ses yeux clairs. « Ce sera un jour heureux, j'y travaille beaucoup. Mais je suis ici grâce à vous alors c'est important pour moi que vous soyez présent. » Elle le lui répète toujours, sa reconnaissance sera infinie. « Promettez le moi »

Joachim se réjouit de l'annonce de son mariage, elle qui au départ avait du mal avec ça, après avoir rencontré Juan et après avoir pu échanger avec lui elle s'est vue bien rassurée. Adrianna sourit, espère ne pas trop en faire, ni trop se nourrir de fantasmes, c'est qu'elle n'a pas eu réellement l'occasion de le connaître davantage qu'il était parti pour la guerre. Mais les quelques fois ont été fabuleuses, tant par le fait qu'elle ait été noyée dans son regard que par l'attention qu'il sait lui porter. Il lui manque beaucoup, elle prie pour qu'ils aient un mariage heureux avec de beaux enfants. C'est que bien du monde lui met la pression, à son âge elle n'y est pas encore et cela dérange parfois. Elle essaye de ne pas y porter attention, car elle a beaucoup plus important à penser pour le moment. Ses journées sont très chargées, ça l'occupe, avec un enfant ça aurait été plus compliqué, alors au moins elle apprend tout ce qu'il y a a faire avant d'être mère, le temps de se faire la main ce sera bien plus facile après.

Son ami le sorceleur évoque cependant bien vite une problématique à laquelle elle n'a pas pensé, souhaitant tout naturellement que quelqu'un d'aussi important assiste à la cérémonie. Mais il dit vrai ; Bien des gens sont réticents à l'idée de sympathiser avec un sorceleur, et si dès le début elle a connu Joachim elle ne comprend pas pourquoi telle méfiance et n'ayant pas eu connaissance de leur existence avant d'en rencontrer un elle n'a pas eu le temps d'être influencée par les rumeurs. Qu'en dirait Juan ? Lui doit sans aucun doute en avoir connaissance, cela lui déchirerait le cœur de le voir vexé par cette invitation. « Vous m'avez sauvé la vie Joachim, le premier qui ose redire sur votre présence je me chargerai personnellement d'expliquer. »

Sans doute elle ne pourra pas changer l'esprit des gens, surtout lorsqu'on est aussi borné mais pour elle, ils peuvent faire l'effort il n'y a pas de doute, tout comme ses parents le feront parce qu'ils savent que ça lui tient à cœur. Elle aimerait que ces stéréotypes concernant les sorceleurs cessent, surtout si c'est pour tous les stigmatiser pour une poignée d'entre eux, ils ne sont déjà pas beaucoup de ce qu'elle a compris. Elle étire un large sourire, laisse passer un rire entre ses lèvres quand il dit penser à se cacher et y compris ce regard perçant félin caractéristique. « Ne venez pas entièrement recouvert d'une nappe je vous prie ! Nul besoin de dissimuler vos jolis yeux, prenez vos plus beaux vêtements je vous promets que tout se passera bien. J'ai hâte de vous présenter Juan.» Elle n'y manquera pas, c'est important car il a eu un grand rôle a jouer dans sa vie. Adrianna soupire doucement avant de reporter son attention sur Joachim « Alors où étiez vous dernièrement ? »

Adrianna rougit, elle ne fait pas attention à la mine qu'elle affiche quand elle parle de Juan mais il n'est pas le premier à lui faire remarquer la lueur dans ses yeux quand elle parle de lui. C'est vrai qu'elle a été charmée par cet homme, son regard clair, sa prestance, son esprit et a grand hâte de le découvrir en tant qu'époux. Pour cela il faut que la guerre se termine, il faut qu'il rentre ici et ils pourront alors organiser leurs noces. Les habitant de Metinna attendent aussi cela avec impatience, n'ayant pu célébrer celles de son frère et de sa sœur. En attendant elle se fait un peu rêveuse, et se voit ravie de savoir que celui qui lui a sauvé la vie sera présent aux célébrations. Elle fait tout pour que ces lieux soient un endroit agréable a vivre pour son futur époux quand il rentrera, un havre de paix où il se sentira chez lui rapidement. En attendant Adrianna gère le comté supervisé par son père qui tend à lui laisser de plus en plus les rênes, fatigué par la guerre. Sa mère s'occupe de lui alors Adrianna est l'autre en ligne pour la gestion de ces terres. Elle y arrive bien, il semblerait les habitants ont pris l'habitude de la saluer et de venir la voir dès qu'ils ont un souci à régler.

Elle s'intéresse a Joachim, ce qui l'amenait jusque dans les contrées d'ici, écoute son récit avec toujours autant d'attention. Adrianna n'a pas eu grandes occasions de voyager, et le seul qu'elle a entrepris a été un désastre. Elle est bien là à Metinna et les quelques autres comtés alentours même si elle est curieuse de voir les autres contrées plus éloignée. Elle fait non de la tête, concernant Melka. « Vous n'avez pas eu l'occasion de m'en parler, mais je serai heureuse de faire sa connaissance. » Elle sourit, aime voir de nouveau visages, part toujours du principe que les amis de ses amis sont ses amis. Si elle est la disciple de Joachim ce sera une bonne sorceleuse sans aucun doute. A condition qu'elle ne se blesse pas comme lui, métier à risques, quand il remonte sa manche, elle pose sa main sur sa poitrine, sursaute d'effroi. « Seigneur cela vous fait-il souffrir ? » ils avaient sans doute de quoi l'aider à guérir si tel était le cas, si convalescence il y avait besoin il serait aussi la bienvenue ici.

« Qu'est ce qu'une Wyvern ? » Elle demande, comme souvent, n'ayant pas de connaissances de ces créatures là et de ce qu'elles sont capables de faire. Ses parents et ses éducateurs ont toujours évité de les mentionner en étant persuadés qu'elle ne serait jamais confrontée à cela.

Intriguée comme toujours lorsqu'Adrianna est en sa compagnie, elle n'hésite pas à lui expliquer quel est ce genre de monstre qui lui a causé pareille cicatrice. Elle sait qu'il ne mettra pas de filtre avec elle, qu'il lui dira la vérité, ou alors elle ne lui aurait pas demandé de manière aussi naturelle. Elle aimerait rencontrer son apprentie, ça lui ferait une amie en plus qui n'est pas ici pour lui dissimuler la réalité ou a rougir pour éviter de ne pas la choquer sur certaines choses. Pour l'heure ils sont tous les deux et elle en profite pour discuter, venir à ses nouvelles et qu'il puisse enfin lui dire ce que c'est qui l'a blessé.

Son père ferait une sacrée grimace s'il pouvait écouter cette conversation, lui qui a toujours tout fait pour la préserver du monde. Il n'a pas idée a quel point il ne lui rendait pas service en ne lui expliquant pas la réalité du monde, et dans sa naïveté elle sortait sans se soucier de rien, ce jour là dans ce carrosse sans la moindre crainte d'être attaqué, elle a été frappée par la réalité et de tout ce qu'on lui a caché pendant des années. Elle se fiche de l'avis de son père à ce sujet, c'est important d'être conscient de ces choses là pour ne plus avancer à l'aveugle dans une forêt infestée de loups sans croire que rien ne peut lui arriver. Profondément traumatisée par ces événements, Joachim lui permet de faire son deuil et d'accepter les choses petit à petit. Il ne le sait peut être pas mais en lui apprenant ce qu'elle ne sait pas, elle parvient à avancer sans peur désormais. Adrianna l'écoute attentivement, le cœur cognant de crainte dans sa poitrine alors qu'il lui offre de terrifiantes images. Elle sait ce qu'est un dragon, mais a toujours cru que cela était tiré des histoires imaginaires. Alors elle peut assurément imaginer ce qu'est une wyvern grâce aux descriptions de Joachim. La comtesse se pince les lèvres, le souffle coupé, espère ne jamais faire face à tel monstre, car si lui s'en est sorti elle se fera manger. Elle observe alors cette cicatrice avec plus de détail, imagine les griffes acérées lui transpercer la peau. Il a dû beaucoup saigner et elle espère qu'il n'a pas eu de mal à guérir la plaie.

« Comment avez vous fait pour vous en sortir ? » Les récits de Joachim l'ont toujours intéressée, c'est que ce qu'il vit est tellement différent de ce qu'elle a l'habitude de vivre, qu'elle a parfois du mal à imaginer cela. Certains pourraient penser qu'il fanfaronne, son père lui dirait qu'il lui met des histoires imaginaires dans la tête comme lorsque l'on raconte un conte à un enfant, mais elle sait que c'est la réalité. Cela l'aide à grandir, à être plus sage, moins naïve et plus prudente. « Vous n'auriez pas pu éviter de la croiser ? »

Elle l'écoute comme s'il lui contait un roman d'aventures, pourtant elle sait que cela tient de la réalité. Pour l'avoir vu de ses propres yeux,  elle a conscience de ce qu'il fait,d e sa force et de son courage. Sa disciple est bien tombée à n'en point douter, elle espère qu'elle deviendra aussi courageuse que lui, sans jamais perdre de vue sa personnalité même au détriment de ce que les autres peuvent dire parfois sur les mutants. Elle imagine la scène, le voit fièrement abattre sa lame d'argent sur le monstre après avoir été blessé et revenir triomphant de sa mission auprès de ces pauvres villageois désespérés. Il n'est pas arrivé à temps pour sauver son frère et sa sœur, mais elle, il a réussi à la sortir de son piège et elle se souvient de cette sensation de soulagement après un dur moment.

Jamais dépourvue de sa naïveté, Adrianna aime les histoires qui se finissent bien. Elle avait d'ailleurs pensé que sa vie ne serait que tranquillité du début à la fin, qu'elle serait rentré dans le schéma d'une famille prospère sans le moindre problème comme on le lui a toujours fait croire. Mais la réalité du monde l'a frappée, et depuis elle est plus sage, plus mature. Elle tend a chérir bien plus les moments de plaisir simples qu'avant, parce qu'elle sait que la malheur existe, elle l'a vécu ce jour là où Joachim l'a sauvée. Elle n'est pas étonnée de savoir qu'il a sauvé d'autres vies, cela la fait sourire, cela la touche beaucoup et elle ne peut s’empêcher de remercier le monde d'avoir créé les sorceleurs, malgré tout ce qu'on raconte sur eux, ils permettent la paix et la tranquillité loin de ces monstres. Joachim a été remercié par sa famille, et encore aujourd'hui ils lui dévouent un profond respect même si son père craint un peu les sorceleurs. C'est ainsi. Joachim avait l'air heureux dans cette vie, et dans l'accomplissement dans ses tâches, n'en témoignent son joli sourire. Elle est fière de lui et est heureuse de voir qu'il est fier de lui-même également, c'est important.

Il ramène la conversation sur elle, remarque le changement depuis la dernière fois et cela la fait doucement rougir. « Et bien vous le  savez mon frère et ma sœur sont morts je suis la seule héritière de Trysfin et puis mon père ne peut plus se déplacer sans que cela ne l'épuise. Alors je prends mon rôle d'héritière, j'apprends et j'aide mon père de cette façon. Quand je serai mariée je pense qu'il nous laissera tout, alors il faudra me montrer digne de sa succession » Elle y travaille dur, ça l'empêche aussi de se morfondre sur l'absence de Juan et de se demander chaque jour s'il va bien. Il est de son devoir de tenir, de lui montrer qu'elle peut être aussi forte qu'il l'est sur le front. Et quand il viendra vivre à Trysfin ce sera du repos pour lui, elle veut lui offrir un environnement où il fait bon vivre et où ils pourront fonder une famille en paix. « D'ailleurs il se peut que nous ayons besoin de vos services. L'eau de Trysfin a été contaminée par un cadavre de putréfacteur dans nos sources. Un druide a guérit les habitants mais m'a vivement conseillé de faire appel à un sorceleur. » Adrianna se lève, rajuste les pans de sa robe. « Pourriez vous m'aider ? Je vous payerai et puis comme toujours ici vous avez le gîte et la nourriture qui vous sont toujours offerts. »

Les encouragements de Joachim lui sont précieux, aussitôt qu'il dit la savoir capable de le faire et d'en être digne cela lui passe du baume au cœur. Elle lui sourit, le remercie de cette façon de croire toujours en elle, il est un peu son ange gardien depuis tout ce temps, il la voit grandir et il a toujours été cette présence rassurante même s'ils ne se voient que quelques fois. Elle voudrait pouvoir le rencontrer un peu plus mais hélas cela n'est guère possible. Il a déjà la gentillesse aujourd'hui de venir jusqu'à ses terres pour prendre de ses nouvelles. Alors la prochaine fois qu'il viendra elle sera peut être la maîtresse des lieux et elle pourra lui montrer tout ce qu'elle a entreprit au sein de leurs terres, toutes ces évolutions qu'elle compte mettre en place pour faciliter la vie des travailleurs. Ce sera certes compliqué, mais elle doit essayer, elle le veut réellement et sait qu'elle fera tout pour y parvenir.

Elle sollicite alors son aide pour le récent problème parvenu ici et qui a causé bon nombre de malades. Ça aurait continué si ce druide n'était pas venu jusqu'ici pour les guérir et Trysfin serait tristement endeuillée. Puisque tout le monde va bien il est de leur devoir désormais de veiller à ce que le problème soit résolu et Adrianna suit les conseils de Mab, demande alors l'aide d'un sorceleur. En lui elle a confiance, elle sait qu'il l'aidera et il accepte d'emblée de lui porter son expertise. Adrianna acquiesce à ses mots, elle devrait plutôt lui montrer. Alors elle se lève. « Suivez moi je vais vous montrer. » Elle monte sur le dos de son cheval, attend que le sorceleur fasse de même et le guide dans le bois, remonte la rivière qui leur est source d'eau et qui a été contaminée. Elle se souvient du chemin emprunté avec Mab et le remonte sans se perdre. Son cheval refuse d'aller plus loin, une odeur nauséabonde s'échappe de la carcasse quelques mètres plus loin. La jeune femme ne force pas sa monture à aller plus loin et descend, grimaçante. « Je n'ai pas approché le cadavre alors je ne connais pas les origines de sa mort. » Puisqu'il est là elle ose aller un peu plus en avant, se sait en sécurité aux côtés de Joachim. Le chemin se fait un peu plus étriqué, mais elle le guide jusqu'à la carcasse, évite de respirer par le nez.

Ce n'est pas un beau spectacle, mais elle laisse le sorceleur lui dire ce qu'il en est. « Des hommes sont venus bouger sa carcasse, mais voyez les traces, il baignait dans l'eau, ils l'ont tiré d'ici. »