Le sang des hommes » chance

Les prunelles de Juan se posait un peu partout autour d’eux tandis que Chance s’en était allé pour inspecter les environs. Il fallait maintenir l’illusion qu’ils ne se doutaient de rien, que tout était le plus normal du monde. Hélas on pouvait sentir à la tranquillité des lieux qu’il n’y avait absolument rien de naturel. L’impression de se faire épier ne faisait que grandir. Le Nilfgaardien ne faisait pourtant pas œuvre de nervosité, bien au contraire, il attendait avec impatience de savoir ce qui allait bien pouvoir arriver. Un piège ? Une infortune ? Pour l’heure il fallait en profiter, se reposer et laisser les bêtes se rafraîchir.

Le jeune homme s’amusait à faire craquer son poignet gauche ainsi que ses doigts, un craquement sonore qui n’était pas toujours pour plaire à sa monture qui le regardait avec de grands yeux inquiets. Alors il lui flattait l’encolure pour le rassurer, ramenant à lui les odeurs de cuir et de poils. Lorsqu’il aurait le temps il devrait penser à le brosser, enlever la poussière qu’il avait dans sa robe et la boue qui lui crottait le bas des jambes. Peut-être faire nettoyez un peu les sabots également, même si jusqu’à présent aucun caillou n’était venu s’y loger.

Le bruit des pas sur le pavé lui fit relever la tête, quelqu’un courrait. Chance était déjà de retour ? Mais ce ne fut pas Chance qu’il vit arriver sur la place de la fontaine. D’autres pas se firent entendre, plus lourd. Des hommes en armes, guidé par un gamin, venaient d’arriver. Épée au clair, ils n’avaient pas vraiment l’air d’être venu souhaiter la bienvenue aux voyageurs.

- C’est eux j’vous dis, lui là c’est Juan aep Deithdhu, j’le reconnais avec ses yeux bleus, maugréa le gamin à la mine crottée.

La tension venait de monter d’un cran. Caché derrière l’épaule de son cheval, Juan observait au dessus de ce dernier la scène qui était entrain de se jouer. Quelle diablerie avait été mise en place ? Où était Chance ? Il espérait que ce dernier ne se soit pas fait attraper…


A nouveau des pas venaient résonner sur la place, mais à présent il n’y avait plus personne, pas même un chat. Le clapotis de l’eau donnait l’impression que rien n’était arrivée, les lieux avaient retrouvé leur tranquillité. Où était le groupe de voyageurs qui avait fait halte pour s’abreuver ? Pas un habitant à l’horizon pour pouvoir répondre à la moindre question. Il y avait seulement cette petite lueur dorée qui reflétait les rayons du soleil perçant à travers les arbres. Là, posée sur le report de la fontaine en pierre il y avait une bague abandonnée. Elle n’était pas là avant. Le symbole du soleil Nilfgaardien y avait été gravé avec finesse. C’était la bague de Juan, cela ne faisait aucun doute. Mais où diable avait-il pu disparaître ? La réponse était évidente… Ils avaient été emmener contre leur volonté. Restait à savoir où était le lieu de leur détention.

La mémoire lui revenait par bribes incertaines. L'éclat du soleil dans le ciel, la chaleur des rayons sur sa peau. L'odeur de la terre sèche dans la campagne environnante. Celle des chevaux aussi, de leurs scelles en cuir. Que s'était-il passé ? Une douleur lancinante lui faisait souffrir le sommet du crâne. On l'avait frappé ? Juan voulu se toucher la tête pour voir s'il saignait, mais à sa grande surprise il était mains liées dans le dos. Tout lui revenait à présent, ils avaient été arrêté par la garde, accueilli par des adversaires qui voulaient découdre mais qui – pour l'heure – préférait voir un Deithdhu dans une cage plutôt que de l'affronter en combat singulier. Ils avaient peur, ce n'étaient que des lâches, des couards qui avaient peur d'affronté plus fort qu'eux. Ils se pensaient malins aussi, à vouloir enfermer le jeune homme comme un lapin.

Juan se souvenait aussi que Chance avait échappé à ce piège. Il espérait que ce dernier ne se soit pas fait attraper tandis qu'il l'avait envoyé à l'aventure dans les rues de la cité ennemie. Ses yeux se baladèrent autour de lui, pour observer ce qu'il pouvait à travers les barreaux de sa geôle. L'endroit était sombre, humide, mais cela ne ressemblait en rien à une prison. A dire vrai, maintenant que ses yeux s'étaient adaptés à la pénombre, cela ressemblait davantage à une cave. Lui et ses compagnons avaient été installé dans une des alcôves où devaient être stocké autrefois le vin ou les vivres de valeur. La voûte basse ne donnait pas davantage d'indice, mais il flottait dans l'air une odeur qu'il avait du mal à identifier. Du fromage peut-être. Des champignons ? Tout cela était pour lui rappeler qu'il commençait à avoir faim. Hélas la pitance ne serait pas pour tout de suite.

La citadelle surplombait le paysage champêtre. Installée sur un promontoire rocheux, elle avait l'allure d'un guetteur somnolant dans la torpeur de cette journée d'été. Le soleil poursuivait sa course en entament sa chute vers l'ouest. Les ombres commençaient déjà à se faire plus longues. Malgré la chaleur de cette saison, les domestiques s'affairaient à la préparation de la réception de ce soir. Ces murs allaient accueillir un heureux événement, un mariage. Le chant des insectes de la région avait cédé la place aux bavardages entre femmes tandis que les hommes murmuraient quelques rumeurs à l'égard de certains invités qui n'allaient pas siéger à la table du maître des lieux. Mais personnes ne savaient encore que les choses allaient devenir... Très intéressantes à cause de ces nouveaux venus. Encore fallait-il connaître la raison pour laquelle ce mariage allait basculer.

Pour l'heure, rien ne laissait présager la suite de ce qui serait bientôt un récit entre bravoure et couardise. Les enfants s'amusaient dans la basse-cour avec toute l'innocence que l'on pouvait leur connaître. Peut-être l'un des derniers moments heureux qu'ils ne connaitraient jamais. Le destin avait des appétits étranges, tantôt cruelles, tantôt bienveillante. Encore fallait-il parvenir à ce résultat, tout était encore à écrire.