La chasse au démon (Ulfric & Matylda)

Nuit sombre, en phase de nouvelle Lune, l'obscurité est parfaite pour dissimuler ses intentions. Matylda travaille toujours avec la nouvelle Lune quand il s'agit de pratiquer la magie noire, c'est à force de pratiquer à ce moment là qu'elle s'est rendue compte qu'il n'y a rien pour l'influencer. Et moins elle est influençable et plus elle a de puissance, et plus elle peut faire ce qu'elle veut. Cette nuit c'est un démon qu'elle invoque.

Elle se félicite de savoir invoquer des créatures de plus en plus volumineuses, cela met un repère à son évolution. D'autant plus qu'elle a appris seule l'art obscur de la Goetia, à force de livres trouvés de part en part des vastes terres. Certains plus difficiles à avoir que d'autres et ensuite venu le moment de déchiffrer et d'en comprendre les inscriptions. Elle regrette que ce type de magie soit interdite, cela aurait pu leur permettre de la comprendre, de la maitriser et éviter certains débordements. Elle invoque des créatures mais aussi des démons qui eux ne sont pas forcément offensifs contrairement à certaines croyances populaires. Jusque là elle invoquait sans réellement savoir ce qui allait apparaître mais elle s'est bien assez familiarisée avec cette magie pour savoir invoquer certains. Cela reste une pratique difficile et dangereuse qu'elle mesure avec conscience. Mais a chaque fois que le cercle est tracé et qu'elle se trouve au milieu à réciter ces incantations, elle éprouve une certaine jouissance, elle ressent au travers de toutes ses cellules sa puissance poussée à son paroxysme, et plus elle sait résister et plus elle sait qu'elle atteint son but. Elle aimerait être la magicienne la plus puissante, et maitriser chaque facette de la magie, bonne comme mauvaise. C'est par pur égocentrisme qu'elle le fait, bien qu'elle garde une certaine amertume envers l'école de magie qui l'a renvoyée pour s'être intéressée à la Goetia. Maintenant elle aimerait qu'ils la voient, qu'ils la craignent et qu'ils soit soufflés par l'onde de magie puissante qui émane d'elle quand elle invoque ces monstres.

L'épaisse vapeur noire qui entoure son autel d'invocation plonge la clairière dans l'obscurité, ce n'est pas matériel mais cela lui fait souvent penser à de la cendre, tout aussi étouffant, avec cette odeur fumée. Quand elle se dissipe alors se tient devant elle une créature à priori humanoïde, deux jambes, deux bras, mais le visage dissimulé dans un linge semblable à du lin. Son corps ne possède pas d'autres caractéristiques propres à un homme ou à une femme, il n'en reste pas moins costaud et très grand. Matylda se relève, les jambes légèrement en coton, elle observe la créature et l'entend lourdement respirer. Il ne doit pas comprendre pourquoi il est là, on invoque des démons pour faire des pactes avec eux et non pas pour la science. Même si l'appréhension réside, Matylda n'éprouve pas de réelle peur, elle se tient droite et ne tremble pas, fascinée par ce qu'elle voit comme toujours. Elle a réussi. Ce démon là possède un pouvoir particulier, mentionné dans les livres mais jamais bien décrit comme une forme de magie inconnue. Elle ne sait pas si c'est le cas, ou si c'est juste parce qu'il n'a été que très peu de fois invoqué qu'on aurait pas eu le temps de le mentionner. Il n'a pas d'arme, il n'a pas l'air d'avoir quelque chose de particulier à le regarder comme ça mais elle sait que l'apparence en rien ne doit être pris en compte pour un quelconque jugement.

Mais Matydla n'a pas le temps de lui demander quoi que ce soit, une des bougies s'éteint, brise le cercle de protection et le démon disparait dans une brune épaisse, soulevant la poussière et les feuilles. Elle comprend rapidement qu'il n'est pas parti d'où il vient mais qu'il a bel et bien échappé à sa surveillance. Le cercle était sensé le garder avec elle. Matylda s'empresse de reprendre son livre, bien décidée à le retrouver et le garder prisonnier cette fois. Il a la particularité de vampiriser l'énergie vitale des êtres vivants, alors par instinct elle sait qu'il a dû se diriger vers le village le plus proche ; apparemment il s'attaque au bétail, mais il n'y a pas plus de précisions, alors qu'elle le soupçonne aussi de s'attaquer aux humains. Elle verra bien, une fois sur place, monte sur le dos de son cheval et s'empresse de quitter la clairière.

Une fois sur place, après de longues heures à tenter de l'attraper, il lui file entre les doigts, engageant la filature sur plusieurs jours durant lesquels elle va dans tous les villages de la région pour retrouver sa trace. Et souvent c'est le même massacre une fois sur place, elle passe, quand elle arrive, sait quand il n'y est plus. Les heures défilent, elle suit le chemin qu'il emprunte. Elle n'est pas forcément touchée par les dégâts causés,  mais laisse un peu d'argent au passage, en dédommagement et peut être aussi pour sa propre conscience.

La nuit tombe, elle arrive dans un village qui a eu vent des massacres ayant eu lieu dans la région. Ces gens là ont eu le réflexe de cacher leurs bêtes et Matylda se dit que ce n'est pas forcément une bonne idée. Dans une taverne, elle attend, persuadée qu'ici est son dernier stop avant d'aller plus loin. Sa capuche sur la tête, elle reste dans un coin isolé, prête à agir pour attraper le démon dès que l'alarme est sonnée. Un soupir passe ses lèvres, elle vient s'installer plus au fond de sa place.