Célébrations (Juan & Adrianna)

Métinna, 14 Octobre 1271 ;
Sur les jours et les semaines écoulées, alors que Trysfin brillait d'une nouvelle lumière, les préparatifs de la Comtesse Adrianna était centre de conversations. Près d'un an après ses fiançailles avec Juan Aep Deithdhu, voilà que l'on annonçait la date de leur union durant l'automne. Son fiancé parti en guerre, elle n'a pas eu la chance de le voir mais a quand même pu échanger quelques correspondances avec lui. Quelques mots dans le but de lui arracher un sourire sans avoir l'occasion de le voir. De son côté elle avait décidé de ne pas se laisser aller et de poursuivre son apprentissage. En héritière des lieux, Adrianna a usé bien de l'énergie pour redresser Trysfin, elle y a pris d'ailleurs beaucoup de plaisir et a même pu acquérir des connaissances de base en guérison après le passage d'un druide en ville, venu les aider. Bien des choses sont arrivées ici, elle a eu l'occasion de les raconter à Juan par les lettres échangées. Et sur la dernière en date elle lui annonçait qu'elle avait connaissance de la date de leur mariage. Elle n'a d'ailleurs pas essayé de cacher la hâte de le revoir par le biais de quelques mots doux. Si leur mariage est arrangé, elle espère que cette bonne entente sera toujours de mise entre eux.

Même s'ils sont mariés, Juan est un soldat et ne demeurera pas à ses côtés. Ils ont déjà eu cette conversation, elle lui a promis de ne pas lui causer de problèmes et qu'elle saurait veiller seule sur ces terres. Les récoltes ont été fructueuses et Adrianna en plus de s'occuper de la gestion des terres devait aussi prévoir certaines choses pour son mariage, veillant à ce que le repas ne ruine pas les réserves. Ça porte malheur disait sa mère, elle ne devrait pas s'en mêler  alors elle a essayé d'aider quand c'était possible et ne pas trop en faire. L'air maussade de son père semble également s'être évaporé à l'approche de l'événement, alors ils ont eu l'occasion de beaucoup discuter de l'avenir de Trysfin. Il fait confiance à Adrianna, espère qu'elle saura garder cet endroit paisible pour sa future famille.

Et quand les feuilles sur les arbres commencèrent à se parer de couleurs orangées, le moment était venu de tout finir. Adrianna était un peu triste de ne pas pouvoir accueillir Juan à son arrivée, mais elle sait qu'il a té traité comme un prince. Alors elle lui a fait parvenir un petit morceau de parchemin pour lui souhaiter la bienvenue, une de ses domestiques a bien voulu porter le message jusqu'aux mains de son futur époux. Il y a bien du monde invité à leur cérémonie, des invités qu'elle ne connaît pas forcément mais que son père saura accueillir comme il se doit, elle en est certaine. Adrianna a demandé en revanche à ce que le sorceleur qui l'a sauvée quelques années plus tôt puisse passer la voir. Elle espère qu'il sera parmi la foule, qu'elle puisse aller le saluer et pourquoi pas le présenter à Juan. Le jour enfin du mariage, elle est levée aux aurores par ses domestiques et s'en suit une véritable parade pour la préparer. La fête aura lieu toute la journée mais la cérémonie aura lieu en fin de matinée et elle espère pouvoir bénéficier de quelques instants en compagnie de Juan hors de la foule durant l'après midi. Pourquoi ne pas aller se promener ? Adrianna n'a pas le temps de réellement y penser, sa robe enfilée, sa couronne de fleurs posée sur ses cheveux brossés, on la mène sur le lieu où tout le monde les attend.

Et son cœur cogne d'une petite pointe d'anxiété, parce qu'elle a peur de mal faire les choses ou que ça ne se passe pas bien. Est ce que Juan est satisfait de l'avoir pour épouse ? Peut être que le moment est mal choisi pour un mariage alors qu'il rentre de guerre, il n'a peut être pas le cœur à ça ? Adrianna se pose tout un tas de questions jusqu'à ce qu'elle se retrouve devant l'assemblée là où son fiancé l'attend. Et enfin elle peut lui sourire, ses yeux brillent d'un éclat unique, elle avait quelques a priori quand à l'épouser mais elle est tout aussi vite tombée sous son charme. Elle se demande dans quels genres d'aventures leur mariage va les mener. Elle adresse un signe de tête à Ahmar qui est celui qui a influencé le choix de son père pour son époux. Puis elle se place aux côtés de Juan, la cérémonie commence.

Métinna, 14 Octobre 1271 ;
Les festivités gardent cette belle ambiance, cela durera sans doute jusqu'au lendemain et au lendemain encore on fêtera cette union. C'est un moment qu'elle attendait depuis longtemps, que tous attendaient, comme un nouveau départ pour tout le monde et l'annonce de jours heureux pour Trysfin. Adrianna est prête à succéder à son père, bénéficiant de l'apprentissage de son père et dans sa volonté de se montrer une épaule solide pour Trysfin, elle ne ressent ni crainte, ni angoisse quant à l'avenir, car elle donnera de sa personne pour ces habitants. Et là, la fête battant de son plein, Adrianna souhaite passer un peu de temps avec son époux, lui propose en secret qu'ils s'enfuient ensemble, aillent marcher au dehors où l'air du soir y est frais et agréable. Mais elle se ravise dans sa proposition alors que le Lieutenant Général Aep Aenye se lève pour venir à son tour leur adresser quelques belles paroles.

Ses doigts toujours liés à ceux de son mari, elle écoute le Comte Aep Aenye et accueille ses félicitations avec joie. Le mariage a été consentant, et bien qu'ils ne se soient pas mariés par amour, elle n'aurait voulu personne d'autre que Juan et avait grand hâte de devenir sa femme, ayant eu l'occasion de faire sa connaissance au fil de leurs retrouvailles. Et sans aucun doute dans le fond de son cœur, l'amour éclot petit à petit, a commencé à fleurir à le voir ainsi vêtu pour leur mariage et à la manière dont il lui tient la main depuis le début des festivités. Il a l'air heureux et cela est aussi important pour elle, elle désire qu'il soit ravi de l'avoir pour épouse et elle travaillera dur chaque jour pour qu'il garde cet éclat là. Ahmar leur présente ses vœux et souhaite ainsi leur donner en guise de cadeau de mariage, les clefs pour un foyer prospère. Le large sourire d'Adrianna s'efface pour laisser place à de la stupéfaction, alors qu'elle découvre la magnifique dague qu'il vient lui offrir. Elle se lève après avoir doucement lâché la main de son époux pour s'approcher du Comte, avec douceur elle tend les mains pour recevoir ce magnifique présent. Elle sort la dague de son fourreau, pour admirer le travail, l'élégance et la tenue de cette arme qui est la première qu'on lui offre. Elle est légère, elle lui permettra des gestes habiles et libérés. Juan ne sera pas toujours là pour la défendre, en tant que maîtresse des lieux, il lui faudra savoir défendre sa famille et son foyer. « Je vous remercie Seigneur Aep Aenye...Je suis très touchée et je vous promets d'apprendre à en faire bon usage...» Une domestique vient lui prendre la dague des mains afin qu'elle reçoive un second présent et découvre une petite tête, une boule de poils. « Ooh... » Le message et les vœux portés par ces cadeaux la rendent fébrile d'émotion, elle se mordille les lèvres, se sent extrêmement chanceuse d'être entourée de personnes qui lui souhaitent autant de bonheur et qui l'aident à l'acquérir.

Adrianna se baisse alors pour prendre le chiot dans ses bras, si petit, si adorable, son cœur fond comme neige au soleil. Il lape la joue de sa maîtresse  quand elle lui dit bonjour, elle étouffe un rire et embrasse sa petite tête. Il sera heureux ici, elle l'éduquera de la meilleure des façons, pour qu'il puisse protéger son foyer tout en profitant de sa vie à Trysfin. Elle l'aimera comme un membre de sa famille, et il aura droit à ses avantages aussi. Le regard brillant d'émotion, elle adresse sa plus belle révérence au Lieutenant Général. Il l'aura aidée à ce que ce jour arrive, à ce que sa vie change et que son quotidien ne soit plus un tas de frustration. Elle lui offre un sourire radieux, elle lui en sera éternellement reconnaissante. Mais c'est à Juan de recevoir un présent à son tour, de taille alors qu'un magnifique étalon sépare la foule jusqu'à être présenté au marié. Adrianna a le souffle coupé d'une telle élégance, on devine la force et la fougue de l'équidé. Les yeux rivés sur l'étalon, la foule se fait silencieuse et curieuse. Adrianna se tourne alors vers son époux, un geste de la tête, elle l'incite à se lever et venir avec elle.

Le chiot entre ses bras joue avec sa couronne de fleurs, elle descend l'estrade qui a été mise en place pour les mariés, laisse son mari faire connaissance avec son nouveau compagnon de route. La mariée postée aux côtés d'Ahmar le remercie encore, de vive voix, ils ont été gâtés et la cérémonie était merveilleuse et cela c'est grâce à lui. Elle le laisse ensuite rejoindre son père qui remercie son frère d'arme en lui resservant un verre de Metinna rose, exigeant que l'on remplisse encore son assiette de la plus belle pièce de viande qu'il reste. Une tape fraternelle sur son épaule, la joie de nouveau éclate en leur foyer. Adrianna repose son regard sur son époux, porte la main vers l'étalon pour caresser son encolure afin de le saluer lui aussi. « Il nous faudra trouver un nom à nos nouveaux compagnons » Elle déclare avec un sourire. « Saovine, pour mon nouveau petit frère, qu'en penses tu ? » Elle regarde le minois du chiot qui est à ce moment là plus intrigué par l'odeur de l'étalon que par son petit prénom.  

Métinna, 14 Octobre 1271 ;

La Comtesse observe son mari faire connaissance avec sa nouvelle monture, tandis qu'il lui trouve à la suite un nom. Un bien joli nom dont elle approuve la signification. « Cela lui va à merveille ! » Elle affirme, Saovine intrigué par l'étalon continue de le renifler, elle le laisse faire connaissance pendant que Juan remercie Ahmar. De bien beaux présents, dont elle apprécie la symbolique donnée, ils sauront en faire usage.  Adrianna étire un large sourire à la proposition de son époux, alors que les invités commencent à danser et que l'ambiance se fait encore plus festive. Le festin avalé, la musique reprend de plus belle et les jeunes mariés en profitent pour s'extirper de leur attention. Adrianna confie le chiot à une de ses domestiques, préférant le laisser dans la chaleur de la salle et dans son petit panier. Elle prend sa dague et suit alors son mari jusqu'à l'extérieur où le bruit de la fête est étouffé par les murs épais de la demeure. Elle pousse un léger soupir, emplissant ses poumons d'air frais, la nuit est belle, autant profiter d'une petite balade.

« Viens ! » Elle lui prend la main, l’entraîne avec elle sur un sentier menant derrière la demeure, dans la semi pénombre alors que le ciel est éclairé de a pleine Lune et de ses étoiles elle marche pendant quelques minutes jusqu'à le mener sur le bord du lac. Là ils ne sont pas trop loin mais peuvent avoir un semblant d'intimité après cette journée très spéciale. Elle lâche la main de son époux pour lui signifier qu'ils sont alors arrivés à destination. Un sourire glissé à Juan, elle réalise encore à peine qu'ils sont mariés, l'année de leurs fiançailles est passée si vite, il y a eu bien des événements et bien des changements. Elle se baisse pour prendre une pierre qui lui semble assez bien pour faire quelques ricochets, alors elle compte les rebonds, en essayant d'en faire le plus possible. Un, deux, trois, quatre, quand c'est un chiffre pair, elle a pris l'habitude de faire un vœu, alors elle souhaite silencieusement que leur mariage soit heureux dans la durée et que leur entente soit toujours au beau fixe. Puissent ils communiquer pour se comprendre l'un l'autre mieux que personne. Elle se tourne vers lui  puis sort sa dague de son fourreau afin de l'admirer aux rayons de la Lune. « Vas tu m'apprendre m'en servir, seigneur, Comte de Trysfin ? » Elle lui offre un sourire malicieux, maintenant qu'ils sont mariés, il est avec elle à la tête de ce Comté et possède autant qu'elle les terres de sa famille, leur famille. Et quand il sera prêt, quand il pourra rester ici avec elle, elle lui apprendra comment gérer leur domaine de la même façon qu'il va lui enseigner l'art de manier cette magnifique dague.

« Quand j'étais enfant je me rêvais chevalier, tout comme mon frère. Mon éducation a rapidement effacé ces ambitions ! » Elle se souvient parfois avoir joué avec lui, d'un bâton pour imiter une lame meurtrière et défendre sa petite ville des attaques du terrible seigneur qu'incarnait son frère. A ce moment là elle ne réalisait pas qu'elle ne serait pas élevée comme son frère et rapidement ces jeux insouciants se sont arrêtés, l'heure pour elle d'apprendre la couture, la musique, les bonnes manières et tout ce qui va avec pour devenir la gracieuse et élégante lady qu'elle est aujourd'hui. Elle a gardé son âme d'apprentie guerrière fougueuse et impétueuse, par la force et l'énergie qu'elle a mis pour remettre Trysfin à son beau fixe. C'est une autre manière pour elle d'avoir réalisé son rêve d'enfant, car elle ne portera jamais l'armure et s'en accommode, elle a accepté sa place. Elle essaye de se mettre en position de défense, dans sa robe de mariée et avec sa couronne de fleurs sur la tête et cela donne une image presque comique. A force d'avoir regardé les entraînements de son frère, il lui semble savoir comment fléchir à peu près les genoux, mais elle ne le fait pas forcément bien, car elle ne sait pas tout ce qu'il y a à prendre en compte. « Comme ça ? » Ils auront tout le temps de voir cela, mais cette dague est si belle qu'elle avait hâte de pouvoir apprendre un ou deux gestes, une parade, quelque chose. Elle avait tant hâte de pouvoir passer un moment avec Juan, c'est aussi peut être le bon moment pour eux de discuter de leur avenir, ce qu'ils attendent de l'un et de l'autre en tant qu'époux.

Métinna, 14 Octobre 1271 ;

Les rayons de Lune éclairent son visage enjoué par cette belle journée. Epanouie et heureuse, elle se retrouve enfin dans le calme avec son époux. Maintenant qu’elle le connait un peu mieux, elle sait qu’elle n’aurait pas voulu se marier avec quelqu’un d’autre que Juan, un lien s’est tissé entre eux, au fil de leurs entrevues et désormais elle sait qu’ils continueront sur cette voie-là. Elle le sent, quand il lui tient la main, quand il la regarde, qu’il y a quelque chose de spéciale, comme si ça n’aurait pas pu être autrement. Elle aime croire que le hasard n’existe pas, que chaque personne entrant dans sa vie était prédestinée à croiser son chemin. Ils construisent leur relation maritale petit à petit, s’apprivoisent, et aujourd’hui elle le considère comme son ami, le reconnait comme son mari et l’amour grandit, elle le sent, de son côté en tout cas, elle espère que cela sera réciproque. Dans tous les cas il la respecte et se montre galant avec elle, il est doux, attentif et elle ne lui demandera jamais plus. Cela vient de lui, c’est naturel, cette façon qu’ils ont de se sourire et de se parler.  

Elle tente de l’impressionner en imitant la position de son frère dès qu’il débutait ses entrainements, n’est pas certaine que cela soit très impressionnant pour d’autres personne en situation réelle, de part sa carrure et ses jolis vêtements qui témoignent qu’elle n’est pas le genre à manier les armes. Elle n’en reste pas moins la Comtesse et a l’intention de se faire respecter. Ahmar lui a donné un moyen d’améliorer ce côté-là d’elle en la poussant à savoir manier cette dague. Elle demande à son époux s’il sera celui qui lui apprendra, la réponse contraire l’aurait étonnée. Elle perd son sérieux et lui fait un large sourire quand elle l’entend rire. Elle hausse les sourcils quand il lui demande dans la plaisanterie si elle n’est pas de parenté avec des personnes de Skellige. Elle ne se vexe pas, rit de bon cœur.  

Ses pommettes rosissent au contact de ses lèvres déposées sur sa joue après qu’il se soit place derrière elle, son bras dans le prolongement du sien, qui tient cette dague. Naissent alors des papillons dans le ventre, toujours le cœur troublé d’affection. Il lui est arrivé de lui offrir ainsi des baisers sur la joue, mais maintenant qu’ils sont mariés, ces gestes tiennent moins du secret, sont plus appuyés et toujours plus agréables. Elle espère qu’ils sauront garder ces baisers tendres tout au long de leur mariage. Elle écoute alors la première leçon que lui offre son époux, et profiter du fait qu’on ne s’attende pas à ce qu’elle sache se servir d’une arme lui plait, elle en prend conscience, son regard suivant la lame jusqu’à sa pointe. Il lui faudra en jouer, elle saura le faire, se découvrira des talents de manipulation et de jeu. Elle acquiesce, signe qu’elle comprend et qu’elle le conçoit, elle n’aura jamais la dextérité d’un soldat et sera sans doute toujours faible face à quelqu’un qui sait user d’armes, il faut tellement d’années d’entrainement physique et psychologique, personne ne peut s’improviser combattant. Mais elle saura et apprendra à ne pas être totalement sans défense, les points faibles, où frapper, jouer de sa surprise afin de ne rencontrer que peu de défense voire aucune de la part de ses adversaires si un jour arrive où elle aura besoin de s’en servir. Ainsi ce sera plus facile pour elle d’avoir une chance de s’en sortir.

Elle le laisse prendre sa dague, afin qu’il puisse en analyser la manufacture, ainsi sans doute saura-t-il lui donner les meilleurs conseils. Elle l’observe, à côté, admire le regard connaisseur et attentif de son époux détaillant la dague. Un fin sourire nait au coin de ses lèvres, tandis qu’il s’essaye, teste, ses gestes sont fluides et demandent de l’habileté, de l’expérience, des appuis ne laissant rien au hasard. Elle l’admire, quelques instants, se sent chanceuse d’être l’épouse d’un homme tel que lui. Elle avait pensé plus jeune préférer un noble ancré sur ses terres, mais la fougue de soldat de Juan a quelque chose d’immensément plus séduisant.  Elle l’écoute tout de même, lui conseillant de ne jamais montrer qu’elle sait user d’une arme. Il lui faudra davantage aiguiser sa ruse, devenir d’autant plus attentive à son environnement et au comportement des autres afin de les mener à penser ce qu’elle veut qu’elle pense. La pratique suivra ensuite. Cela demandera sans doute quelque temps pour qu’elle puisse être à l’aise avec sa dague, mais l’idée la motive.

Elle s’approche de son époux, une main sur son épaule, vient se glisser dans son dos à son tour pour enlacer sa taille de ses bras et poser sa tête sur son omoplate. A travers le vêtement elle perçoit les battements de son cœur qui sont une mélodie agréable et rassurante à son oreille. Elle aime se blottir contre lui, elle a l’impression de pouvoir se nourrir de son énergie et de sa force, qu’il saura l’aider à être encore plus courageuse qu’elle ne l’est déjà. A l’inverse elle espère lui inspirer d’autres sentiments. Lesquels pourraient-ils être ?  

“Je serai bonne élève, afin que tu n’aies jamais de quoi être inquiet lorsque tu t’en vas. Je t’en fais la promesse, je défendrai notre foyer avec tout mon cœur et toute mon âme.”

Elle sourit, redresse la tête et pose son menton sur son épaule. Son regard ambré détaille le profil de son époux, la longue ligne de son nez, ses boucles dessinées encadrant son visage.

“Sans jamais oublier que je suis une Dame !”

Elle reprend ses mots, avec un petit rire espiègle qui s’en suit.  

“Alors qu’en penses-tu ? Le lieutenant Général a-t-il bien fait son choix ?”

Elle laisse la question en suspens, hors contexte on pourrait se demander si elle parle de la dague ou du fait qu'il est celui qui ait arrangé leur mariage. Un sourire espiègle, peut être l'entendra t-il aussi de cette façon.

Elle ne doute pas des capacités du Comte Aep Aenye de choisir la bonne lame pour une Dame de son genre, mais l’avis de son mari lui importe bien plus. Maintenant qu’il a eu le temps d’apprécier ses caractéristiques, saura-t-il lui faire bon enseignement de celle-ci ? Adrianna dé-serre son étreinte, se plaçant aux côtés de son époux. Il ne lui fait nul doute qu’il pourra adapter son apprentissage à son niveau en prenant en compte qu’elle est une Dame et n’aura jamais toutes les qualités requises pour être une combattante.  

Métinna, 14 Octobre 1271 ;

La joie est entière d'un côté comme de l'autre et elle sait que c'est sincère. Elle a hâte de passer plus de temps avec lui et apprendre à le connaître un peu plus. Elle espère pour lui être une amie, une confidente avec qui il saura parler sans avoir de craintes. Adrianna voudrait être cette épouse là, qui n'est pas seulement là pour lui faire des enfants et lui tenir une place mais être une alliée de taille. Ahmar ne s'est pas trompée, il ne se trompe que rarement alors en lui offrant cette dague il a l'ait le bon choix et en poussant leur union c'est aussi un bon choix. Elle ne saura pas toutes les raisons de son choix, tant qu'elle est heureuse elle n'a pas forcément envie de les connaître. Juan lui doit l'avoir compris, sans doute de stratégie géopolitique, mais il ne se plaint pas non plus. Alors leur mariage sera solide et heureux.

Adrianna sourit, alors qu'il baptise son front d'un doux baiser tandis qu'il la tient entre ses bras protecteurs. La jeune femme dépose sa tête sur son torse, savoure un instant ce contact nouveau et agréable alors qu'elle entend son cœur battre à travers ses vêtements. Elle peut l'enlacer sans qu'on ne la reprenne ou qu'on lui dise qu'elle en fait trop, il est son époux et maintenant ces gestes là ne regardent qu'eux. Adrianna se défait de son emprise, après s'être longtemps empli les poumons de son parfum, les joues légèrement rougissantes parce qu'il lui était arrivé d'imaginer ces instants qui sont bien plus agréables en réalité. Elle est heureuse de lui inspirer telle sérénité et telle confiance en l'avenir, c'est un sentiment tout à fait réciproque. Il n'y a pas eu de discussion autour du temps de son séjour ici, elle espère secrètement qu'il puisse rester le plus longtemps possible même si elle sait qu'il y aura bien un moment où elle devra se séparer de lui. Elle lui a fait la promesse de rester forte, et elle le sera, assurément.

Elle lui prend la main et l'emmène, dans le désir de lui faire découvrir un peu plus de sa personnalité et de son histoire, maintenant qu'ils sont mari et femme.

« Je t'ai déjà montré mon coin secret dans la demeure mais je ne t'ai pas montré celui que j'ai à l'extérieur. »

Elle lui offre un petit clin d'oeil et le mène, ses doigts liés au siens, ils ne vont pas très loin, il faut juste passer un peu entre les buissons puis descendre en contrebas. Elle y va doucement pour ne pas glisser, alors ils se retrouvent abrité par une petite cavité creusée dans la roche où elle y a mis un petit banc de bois. Ce qu'elle aime ici c'est que l'on voit le domaine, le lac, la lune qui s'y reflète. C'est un endroit très poétique et entouré de nature, on a l'impression de se retrouver dans un cocon agréable.

Elle l'invite à s'asseoir, prend place à ses côtés, inspire doucement et soupire longuement d'aise.

« Je me réfugie ici quand j'ai besoin de calme.  J'ai l'image en face de moi comme si je prenais du recul. »

Elle sourit, il ne s'agit pas de s'y isoler quand elle est mélancolique, mais juste quand elle a envie d'être un peu seule, réfléchir, penser à ce qu'elle fait, à certaines décisions. Plus que tout cet endroit a son histoire.

« Quand j'étais enfant, une fois je me suis disputée avec mon frère et ma sœur et j'avais décidé de partir faire ma vie seule, fuguer. » Elle se pince les lèvres, c'était assez égoïste de sa part, sachant qu'elle n'a manqué de rien. « J'avais mis dans un balluchon mes affaires, et une miche de pain, je m'étais imaginé vivre ensuite de cueillette, et ici pour moi c'était déjà bien m'éloigner. » Elle se redresse, se souvient quand elle est arrivée ici avec son petit balluchon, pleurnichant. « Mon père a déployé des hommes pour me retrouver, je savais que j'allais me faire réprimandée alors j'ai pris de la boue pour tacher ma robe et je suis rentrée en prétendant être tombée. » Elle n'est pas fière de cela, bien que ce ne soit pas une très grosse bêtise, n'importe qui aurait pu l'enlever pour réclamer une rançon à son père.

« Sauf que j'ai laissé la trace de mes doigts, il a compris que je jouais la comédie. » Adrianna s'en souvient avec précision, c'était la première fois qu'elle bafouait l'autorité parentale, autant dire qu'elle n'a pas eu envie de réitérer l'expérience après cela.

« C'est aussi là où je venais lire tes lettres et où je venais rédiger mes réponses. » Elle a associé petit à petit ce lieu à ses correspondances, et donc à Juan, s'imaginant un jour l'emmener ici et que leur conversation ne serait pas écrite mais orale. « Et toi ? Quel brave petit garçon étais tu ? »