Edelweiss ☼ Arrow in the knee

Un cri dans une plaine fleurie. La naissance d’un enfant, sa naissance à elle. Edelweiss, l’étoile des glaciers, tira son nom si atypique des fleurs montagneuses, celles qui poussaient par millier des les hauteurs dès le mois de juillet, le mois où elle fut née. Quatrième d’une fratrie de six, Edelweiss vécut la majeure partie de son enfance dans les montagnes bleues de Kaedwen, dans la forteresse de Gwendeith où s’étaient isolés les elfes libres, les elfes survivants, les anciens et les jeunes, décimés, anéantis, affaiblis. Famille atypique dans une société où les naissances furent rares, ses parents veillèrent à ce qu’elle et ses frères et sœurs ne manquent de rien. Sa mère, demi-elfe, lui racontait des histoires fascinantes sur la vallée des fleurs où elle vécu pour un temps. Son père, plus réservé, était un jeune elfe, un de ceux qui n’étaient pas encore stériles, qui refusa de prendre les armes au temps de Shaerrawedd en croyant que le pacifisme était la solution. Enfant, Edelweiss lisait dans ses yeux toutes l’amertume d’avoir perdus ses frères et sœurs, le regret de ne pas avoir combattu à leur côté, de ne pas avoir été avec eux dans la fin. Sans doute se rachetait-il en donnant à son peuple un avenir en lui prodiguant des enfants. Casse-cou et intrépide, la jeune Edelweiss ne tarda pas à cavaler en compagnie de ses aînés, à grimper, sauter, courir comme une démente. Elle vécut la majeure partie de son enfance dans les montagnes.

Régulièrement, Edelweiss accompagna ses parents, ses aînés, ses amis chercher de la nourriture sur les territoires humains. Se pensant en sécurité, elle manqua plusieurs fois de se faire attraper, manquant la potence qu’on réservait aux siens. Elle avait vingt-deux ans lorsque sa mère fut tuée. Cette dernière connaissait les risques, elle était la première à mettre en garde ses enfants. Edelweiss, croyant jusqu’alors naïvement que les Hommes ne feraient pas de mal à une femme qui était en partie des leurs, perdit un peu de son innocence. Si elle n’était pas la plus en colère au sein de sa fratrie, elle fut au moins celle qui hésita le moins à rejoindre son peuple lors des premières attaques, lors de la formation des Scoia’tael. Elle quitta, avec sa famille, les montagnes, Gwendeith où plus rien ne la retenait. Elle s’arma, au même titre que sa famille et suivit son père dans les forêts sauvages. Seule sa sœur aînée Rudbeckie, la troisième, préféra ne pas se mêler du conflit. Edelweiss le lui pardonna bien assez tôt.

Ils se montrèrent présents lors du soulèvement de Thanedd. Leur père, à la tête du commando, les fit entrer avec la complicité d’Enid an Gleanna qui avaient ouvert aux siens les portes des souterrains, permettant à l’armée Scoia’tael d’envahir les lieux et de prendre part au massacre. De leur escouade familiale, il n’y eut aucun mort. Edelweiss fut gravement blessée mais s’en tira sans séquelle. Le bain de sang fut sa première expérience de la guerre, la véritable, pas de ses fantasmes d’adolescentes à assassiner des gens dans les bois. De ce fait, elle commença à considérer, pendant un temps, la valeur de la vie, même si elle était humaine. Mais ses résolutions partirent en fumée quand, un an après la reprise de Dol Blathanna par le Nilfgaard qui l’offrit à Enid, ou autrement nommée Fransceca Findabair. Quand les traités de paix de Cintra furent signés, le Nilfgaard prit pour décision de sacrifier les chefs de commandos Scoia’tael, offerts en pâture aux Royaumes du Nord. Edelweiss perdit son père, et ne le revit plus jamais. La jeune fille en garda une haine terrible pour le Nilfgaard, autant que le reste de sa fratrie. Elle jura sur le souvenir de son père qu’elle le vengerait, lui et tous les autres. Après cette perte incommensurable, leur frère aîné reprit la tête de l’escouade. Tous ensembles, ils se tatouèrent le nom de leur père sur le creux du bras, devenu alors le nom de leur escouade, vouée à la vengeance.

Deux ans après le drame, la fratrie descendit dans le sud, près de Brugge, où ils furent séparés lors d’une embuscade. Edelweiss trouva refuge dans le forêt de Brokilon où elle fut accueillie par les Dryades, certes un peu froidement, mais sans flèche en plein cœur. L’une d’elle devint son amie, mais tombée amoureuse, Edelweiss fut éconduite par la demoiselle de la forêt. Blessée, elle quitta Brokilon après plusieurs semaines passées en son sein. Elle rallia son escouade peu de temps après, qui s’était grandement inquiétée de sa disparition. Elle ne parla jamais de sa mésaventure dont elle eut profondément honte, encore aujourd’hui.

Aujourd'hui environnant la région d'Angren, en Téméria, la troupe chasse les soldats témériens et nilfgaardiens sans distinction. Si la vie est rude, leur colère, elle, n'a pas de fin.

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<pris>Amy Manson</pris> → Edelweiss Aep Gwendeith