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Tournesols et retrouvailles - ft. Brunhild

 :: Royaumes du Sud :: Empire du Nilfgaard
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Sam 16 Fév - 17:17
Le 9 juin 1270, Beauclair

Il ne savait pas vraiment ce qui l’avait décidé à quitter la Zerricanie ; peut-être était-ce la nostalgie, le mal du pays qui frappait les Hommes loin de chez eux. Peut-être qu’il en avait eu marre de tout ce paysage, cette nourriture étrangère, cette chaleur horrible qui lui collait à la peau. Quoi qu’il en soit, il avait fini par prendre une décision. Dès les premiers jours de juin, Chance avait commencé à rassembler ses affaires dans la petite chambre du manoir où il logeait, au service d’une Dame de haute lignée qui l’avait engagé comme garde honoraire, posté à l’entrée du domaine pour ne laisser entrer que des visiteurs désirés. Le soleil tapant le rendait presque fou, s’il l’on mettait de côtés les trois teintes de peau qu’il avait pris en entrant au service de la jeune femme. Voilà qu’il avait démissionné poliment, quoi que le terme poli restait très vague dans son vocabulaire. Peu importe, il avait demandé à son employeuse de le libérer de son contrat pour qu’il puisse retourner dans son foyer d’origine, le nord sauvage, la grisaille de Téméria. Voilà ce qu’il cherchait à nouveau à retrouver. Revoir quelques foutus noyeurs, peut-être une de ces affreuses guenaudes, mais seulement de loin, parce qu’il connaissait la ténacité du bestiau. Voilà, il rentrait au pays.

Avec ses économies, et pas des moindres vu ce qu’il avait amassé depuis son arrivé dans le sud, Chance avait acheté une monture robuste, un bel alezan au regard vif pour qui Chance avait craqué déjà quelques semaines auparavant, repérant l’animal dans un enclot solide aux abords de la ville où il résidait depuis trois semaines. L’acheteur, pas mécontent de faire tourner son commerce, avait fourni une selle simple mais néanmoins confortable avec le cheval. Voilà qui réduisait les dépenses considérablement. Le soir même, Chance se mettait en route, quittant la Zerricanie pour de bon, les cheveux bien attachés pour éviter que quelques mèches rebelles viennent se coller à sa nuque poisseuse, ruisselante de sueur sous la chaleur du soleil sudiste. L’épée au flan, vêtu léger, Chance avait parcouru plusieurs miles vers l’est, consultant sa carte et sa boussole régulièrement pour éviter de dévier trop vers une direction inconnue. Les premiers soirs, il avait dormi à la belle étoile, profitant de la nature calme et de la protection simpliste d’un rocher contre la brise nocturne. Les trois jours suivants, le retour d’une civilisation proche lui avait permis de rallier des auberges sur le bord de la route. Vers le six juin, il approchait de la longue chaîne de montagnes.

L’atmosphère, bien que toujours pré-estivale, s’était légèrement rafraîchie. Chance profita du beau temps sur les routes en direction du duché de Toussaint ; profita également de la solitude reposante qui lui accorda son voyage. Il ne rencontra ni danger insurmontable, ni compagnie forcée déplaisante. Juste une petite brise dans le dos, le soleil réconfortant, le bruit des feuilles qui se bruissent, parfois l’eau douce d’un courant de ruisseau traçant son chemin dans la roche montagneuse. Il mangeait peu, dormait son compte de sommeil le plus raisonnable, partait dès que le soleil se pointait à l’horizon et traça son chemin jusqu’au duché en moins de temps qu’il n’en aurait fallu. Le neuf juin, il avait reconnu le paysage de Toussaint se dessiner au loin, comme un tableau de Maître. Dans des longues étendues d’herbe verte se dressaient des champs de tournesol, s’étendant à perte de vue dans le décor. Dans l’air flottait une odeur agréable de fraîcheur et de chaleur mêlée au parfum des fleurs. En fin d’après-midi, il posait le pied sur le pont qui menait tout droit à la ville de Beauclair. Et l’œil fier, il avança sur les pierres claires qui dallaient la rue.

Chance logeait à présent dans une petite auberge en abords de la sortie de la ville, un établissent propre et respectable, quoi que bruyant aux heures de pointe de la populace. Sa chambre était dotée d’une petite fenêtre donnant sur la ruelle en contrebas où mendiaient deux vieillards au visage émacié. Derrière eux se dressait une maison aux couleurs chatoyantes. Chance ne pouvait pas le dénier ; Beauclair avait son charme. Raison pour laquelle il se promit de s’attarder quelques jours pour visiter la ville et, qui sait, peut-être rafler un contrat pour renflouer sa bourse. Il lui restait des économies, un petit tas d’or respectables qui pourraient bien le faire tenir deux semaines s’il n’était pas trop gourmand en dépenses. Mais pour l’heure, il descendit prendre son repas. Dans la salle du rez-de-chaussée s’animaient des paysans, des soldats et des ménagères, tous éparpillés sur des tables de chêne, bien polies mais pas propres pour un sou. Chance, en se faufilant entre deux tablées, mit le pied dans une flaque d’alcool, ce qui ne manqua pas de le faire rouspéter, quoi qu’il ne déclencha aucune dispute avec les propriétaires de la boisson qui coulait le long de la table. Il trottina jusqu’à un coin libre, dans le fond, à côté d’une fenêtre décorée d’un joli rideau brodé et d’un vase en porcelaine dans lequel barbotait un tournesol.

Une jeune femme qui entrait tout juste dans la vingtaine vint prendre sa commande. Chance s’attarda sur son nez retroussé, parsemé de jolies tâches de rousseur, et accompagné d’une tignasse couleur feu et azur à la tombée du jour. Elle lui offrit un joli sourire clair, dévoilant une rangée de dents blanches bien alignées, puis elle disparut derrière le comptoir. Chance posa un coude sur la table puis enfouit la moitié de son visage dans sa main, esquissant un sourire satisfait, tandis que le côté de droit de son corps goût au petit courant d’air qui traversait la fenêtre ouverte. Le rideau, à côté de lui, semblait danser avec le vent et la lumière.

La fille revint une vingtaine de minutes plus tard avec une choppe de bière mousseuse et une assiette bien garnie qui réjouit l’estomac de Chance. Elle accorda un nouveau sourire à ce dernier, auquel il répondit bien volontiers, avant de remonter son corset et de s’en aller prendre commande ailleurs. Chance, affamé, s’attaqua à son plat. Il jeta parfois des regards curieux à la fenêtre, à travers laquelle – malgré le carreau poussiéreux – il observa les passants défiler dans la rue. A un instant, ses yeux le trahirent en lui faisant croire à la présence d’une vieille connaissance, un visage qu’il n’avait vu qu’une fois dans son enfance, mais qu’il n’avait pas su oublier. Pourtant, lorsqu’il regarda à nouveau, la femme qu’il avait cru reconnaître avait disparu. Moins léger, il acheva son repas sans sourire. Poliment, il rapporta son assiette, sa choppe et ses couverts au comptoir, où il paya son dû en accordant un petit supplément à la jeune fille qui l’avait servi. Ensuite, clé de sa chambre en poche, il sortit prendre l’air.

Il quitta la Ville Basse pour aller s’aventurer sur le port. Toujours ceint de son épée, il se balada sur les quais pendant une bonne heure, durant laquelle le jour déclina et les couleurs du ciel prirent la même teinte que la chevelure de la jeune femme de tout à l’heure. Chance resta le nez en l’air, fixant le ciel magnifique qui ne tarda pas à dévoiler ses premières étoiles. Près des étalages aux odeurs d’épices et de viandes fumées, il observa parfois des enfants s’amuser à cavaler entre les commerces, bousculant parfois un adulte qui ne tardait pas à leur grogner dessus. D’autres parts, il jetait parfois un regard ennuyé aux couples qui batifolaient près de la rivière scintillante. La douleur dans la poitrine lui inspirait ses souvenirs heureux avec Graham, perdus à jamais. C’est sans doute ce qui l’amena à quitter le port en fronçant les sourcils, revenant à Saint-Sébastien dans l’idée d’aller retrouver sa chambre louée.

Il passa près d’une fontaine massive, au centre d’une petite animée. Ses yeux se posèrent, pour quelques secondes, sur le visage d’une femme. Une fois de plus, la claire impression de déjà-vu le dérouta un peu, puis il détourna la tête pour faire trois pas, avant de s’arrêter. Oui, il était sûr et certain. Ce ne pouvait pas être une simple coïncidence, une pâle copie. Chance revint brusquement ses pas, avançant d’une démarche incertaine près de la fontaine. Elle était là, postée près de l’eau, le même visage que lorsqu’il avait dix ans. Elle n’avait pas pris une ride. « C’est toi. » Murmura-t-il d’une voix bouleversée lorsqu’il s’arrêta au niveau de la magicienne. Ses yeux brillèrent d’émotion, quoi qu’il se contint sobrement. Il ne savait pas quoi dire, pas quoi faire. Peut-être l’avait-elle oublié depuis tout ce temps. Elle avait dû voir du pays depuis ces quinze dernières années. Il était heureux qu’elle n’ait pas péri dans les affrontements de mages, en 67. A cette époque, il avait eu une pensée pour elle, la croyant sans doute morte, comme beaucoup d’autres parmi les siens. « Tu n’as pas changé, c’est … incroyable. » Ses lèvres s’étirèrent d’elles-mêmes, esquissant un sourire sincèrement heureux.


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Chance
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Chance
Dim 17 Fév - 22:12

Pourquoi tout ici semblait si calme, si paisible ? Sur le bord de l'eau, le soleil étirait ses premiers rayons par dessus les montagnes. Le lac, sur les abords de Beauclair, était semblable à un miroir dans lequel venait se refléter le château de contes de fées. Sa grande arche ouvragée, qui dominait la vallée avec élégance, se retrouvait à ondoyer sur la surface de l'eau. Brunhild avait plongé son regard dans la contemplation du paysage romanesque. Une parenthèse bienvenue dans ce monde où le chaos prenait un malin plaisir être mettre les vivants à mal. Le chaos de l'esprit et du corps. Assise sur les bords de rive, accoudé sur ses propres genoux et la tête posée sur les paumes de ses mains, elle observait le ballet matinal qui régnait sur la ville. Au loin, les voix des marchands, le bruit des outils des artisans. Une cloche sonnait l'heure.

Elle n'aurait su dire combien de temps elle était restée là. La magicienne avait observé les couleurs se mouvoir tandis que l'astre solaire s'élevait lentement dans les cieux. Aucun tableau et aucun peintre ne saurait reproduire ce qu'elle avait sous ses prunelles noisettes. C'était une peinture en mouvement, bien vivante et bien réelle, plus fascinante encore que de la couleur sur de la toile. Hélas, il fallait s'arracher à cette contemplation, s'en retourner au tumulte de la vie citadine qui agitait les rues de Beauclair. La suite d'une parenthèse merveilleuse, envoûtante. Elle n'était pas dupe, la misère avait cours ici aussi, mais elle était bien moins saisissante que dans le nord hostile.

D'un pas léger, foulant les pavés de la ville, Brunhild avait passé quelques heures encore à arpenter ces rues et ruelles, se rappelant succinctement de la première fois qu'elle était venue ici. Pour le couronnement du prince Rajmund, aujourd'hui décédé. Son histoire était bien loin d'être l'égale d'une aventure chevaleresque. La vérité voulait qu'elle soit d'ailleurs plutôt pitoyable. Mais là n'était pas le sujet, le prince était mort et à présent la duchesse s'occupait de Toussaint avec élégance et fermeté.

Des enfants des rues étaient venus tourner autour de la magicienne, peut-être dans l'espoir de lui soudoyer quelques pièces d'or. Loin d'être dupe face à leurs bouilles miséreuses, elle les garda à ses côtés le temps de ses déambulations journalières. Force était de constater qu'ils se montraient parfaitement serviables. Aussi elle leur prodigua de précieux conseilles pour s'éviter les mauvaises fréquentations, ou bien encore les foudres de parents que la vie avait roué de coups, jeté plus bas que terre. Ces petits avaient surtout besoin d'une éducation, car ils avaient déjà compris que l'union faisait la force. Brunhild ne pouvait prétendre leur offrir cette éducation qui leur manquait tant, pourtant ce jour, elle avait tout de ce qu'un enfant pouvait appeler « maîtresse ». Ils n'avaient de cesse de poser des questions, de vouloir comprendre le monde. Plus elle leur parlait et plus ils se rendaient compte que le monde était beaucoup trop grand.

Cela dura jusqu'à tant que le soleil commence à décliner. A chacun elle leur offrit un fruit que beaucoup s'empressèrent de dévorer. Ne resta bientôt plut qu'une petite tête blonde, une fillette que la mère semblait avoir oublié, que personne n'avait cherché avec assiduité dans les rues de Beauclair. Brunhild n'avait entendu nul supplique, nul cri et encore moins de larmes. Alors, elle avait pris la petite demoiselle aux cheveux bouclés sous son aile et l'avait emmené dans la taverne la plus proche, non loin du port. Quelques volés de marches tout au plus. Une fois à table, la petite fille s'était mise à dévorer le repas que la magicienne avait commandé pour elle, avant de s'arrêter pour la regarder.

- Tu vas pas me manger après ? Demanda-t-elle de sa petite voix aiguë.

- Pourquoi faire ? Lui demanda Brunhild.

- Parce que la sorcière et bah, et bah dans l'histoire elle… elle fait manger les enfants pis après elle les met dans le four pour les manger, bafouillait-elle.

La magicienne sourit, amusée par ce qu'elle venait de dire. Mais cela n'avait jamais vraiment été dans ses projets de manger des enfants. Cela n'était pas du tout dans ses projets surtout. Non, elle préférait largement dévorer les pâtisseries, c'était bien meilleur. Mais la petite était parfaitement adorable. Brunhild adressait un sourire bienveillant à la demoiselle.

- Ne t'en fais pas, je ne connais aucune sorcière qui mange des enfants, et tu peux me faire confiance, répondit-elle.

- Oh, parce que toi t'es une sorcière ? Chuchota-t-elle en faisant les grands yeux.

La magicienne plaqua un doigt sur sa bouche, pour lui faire signe de se taire, pourtant elle continuait de sourire, malicieuse. La complicité était entrain de naître entre ces deux là. La demoiselle finit son assiette, la bouille ensommeillée après cette journée de cavalcade et de rires. Elles finirent par quitter la taverne, l'estomac plein. Main dans la main, le pas lent et paisible, elles marchèrent jusqu'à une petite place où se trouvait une fontaine massive. Brunhild s'en approcha pour s'asseoir sur le rebord de pierre. La petite en fit de même, mettant les doigts dans l'eau pour s'amuser. Il y en encore quelques rires puis enfin la petite s'allongea sur la pierre, posant sa tête sur les genoux de la magicienne. Cette dernière lui caressait doucement les cheveux pour la bercer, lançant un regard autour d'elle pour observer l'endroit.

Sous ses iris vibrantes de vie, elle observait le décor qui avait bien changé depuis ce matin. Les couleurs s'étaient parées de ténèbres tandis que le ciel se voilait de son drapé d'étoiles. Le regard perdu dans ce paysage, elle avait une pensée pour tous ceux qui n'étaient plus de ce monde. Ils étaient peut-être là-haut, à observer la terre des Hommes. Elle se sentait parfaitement insignifiante dans cet univers si vaste. Puis, lentement, son regard était tombé sur la demoiselle qui s'était endormie sur la pierre qui avait accumulé la chaleur de la journée passée. Une silhouette vint à troubler son champ de vision. Elle entendit dans un murmure la voix d'un homme, elle sentait son émotion dans le fond de sa gorge. Brunhild releva les yeux, les posant sur celui qui s'était adressé à elle. Un sourire s'étira sur les lèvres de la jeune femme, sincère, rayonnant. Ne pouvant se lever, elle le prit par la main pour l'inciter à s'asseoir à ses côtés. Elle scrutait son visage, détaillait chacun de ses traits à la lueur des éclairages de Beauclair. Elle posa sa main libre sur la joue de l'homme, tandis que de l'autre elle continuait de veiller sur la petite fille. Elle ne pouvait s'empêcher de suivre les sillages que le temps avait laissé sur la peau de celui qu'elle avait connu alors qu'il n'était encore qu'un enfant. Quel âge avait-il à présent ? Sa chair était marqué par la brûlure du soleil, elle la sentait bien plus rugueuse et épaisse.

- C'est bien toi ? Fit-elle tandis que les larmes lui montaient aux yeux.

Les bras de la magicienne venaient lui enlacer les épaules. Elle avait quitté un enfant et il était devenu un homme à présent. La douce le serra contre elle tout en faisant attention à ne pas réveiller la fillette. Ce petit brin d'orphelin lui avait manqué bon sang ! Il fallait rompre l'étreinte à présent et le regarder encore, inlassablement. Quelles aventures avait-il bien pu vivre ? Où était-il allé pour avoir le cuir tanné ? Tout, elle voulait tout savoir. L'émotion lui soulevait le cœur, la ramenait à Novigrad il y avait une vingtaine d'années de cela. Sentiment étrange que de se retrouver à présent à Toussaint, un moment presque irréel pour la magicienne qui avait pourtant l'habitude de manipuler le réel, de le plier selon sa volonté, avec quelques mots bien prononcés. Une main devant la bouche, Brunhild restait interdite. Ses yeux continuaient de le scruter, cherchant à savoir s'il ne s'agissait pas d'une illusion quelconque, voir même d'un doppler.

Quoi lui dire ? A lui, cet enfant des rues. Tout comme la petite qui dormait, il était de ceux à qui elle avait tendu la main un jour, sans savoir si elle le reverrait. La sorcière ne se posait jamais ce genre de question, de peur d'apprendre qu'un jour ils étaient morts. Elle savait que le temps lui arrachait inlassablement tous ceux qu'elle portait dans son cœur. Pourtant il s'agissait toujours d'un bonheur plaisant que de revoir ces visages. Et s'il lui en voulait de la vie qu'il avait à présent ? S'il la détestait pour ce qu'elle avait osé faire, le sortir de la misère ? Encore une fois, elle ne savait que dire, quels mots employer. S'il s'était souvenu d'elle, était-ce en bien ou en mal ? Brunhild ne savait pas, ne savait rien. Les larmes perlaient sur sa peau fine et délicate, pourtant elle ne luttait pour retenir aucun sanglot. Silencieuse, cela pouvait lui arriver. Puis enfin, elle lui pris là main, à lui qui ne semblait éprouver aucune animosité envers elle. Ô mon petit, mon tout petit…
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Brunhild de Dorndal
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Brunhild de Dorndal
Mar 19 Fév - 16:56
Il souriait bêtement, comme un benêt qui subit la vie sans en tirer ses leçons. Il resplendissait même la joie, la joie pure et inébranlable qui ne saurait être réfrénée. Son bonheur était nouveau, bénin, le genre de bonheur innocent que l’on souhaite aux meilleurs d’entre nous. Il ne savait toujours pas quoi dire, quoi faire, si même sa magicienne allait le reconnaître après toutes ces années, tous ces changements. Il n’était plus le gamin faiblard et mourant qu’elle avait rencontré dans cet orphelinat moite et puant, parmi tous les gamins gueulards qui étaient à son chevet pour veiller sur l’enfant de Velen qui s’était fait mordre par un rat. Pourtant elle était apparue ; magnifique et puissante, comme un astre. Chance l’avait assimilée à sa bonne étoile, la femme qui l’avait sauvé, sorti des griffes de la mort. Elle avait veillé sur lui comme s’ils se connaissaient depuis toujours. Il lui en était reconnaissant. A jamais.

Brunhild, en retour, lui souriait aussi. Le plus beau sourire du monde, celui d’une femme qu’il avait adoré idéalement toute sa jeunesse, celui d’une femme qui retrouve un être cher, un gamin pâle rongé par la douleur. Elle le reconnaissait. Elle se souvenait, comme lui s’était souvenu pendant tout ce temps passé loin d’elle. Il aurait presque pu en pleurer, mais la joie supplantait tout. Il se contenta de cligner des yeux comme s’il avait trop longtemps fixé le soleil. C’était sans doute le cas. Un peu hagard, il sentit la main délicate de la magicienne se poser sur sa main, qu’il serra doucement, incertain de ce qui était en train de se passer.

Chamboulé par ses retrouvailles, il se laissa asseoir aux côtés de celle qui n’avait pas vieillit et lui rendit son regard, presque émerveillé par le visage inchangé de Brunhild. Elle était pareille à ses souvenirs, comme si elle était figée dans le temps, gardée intacte par les aléas de la vie. La lueur du crépuscule rehaussait ses traits élégants, aussi doux qu’il s’en rappelait. Dans le même geste affectueux, elle vint poser une main sur sa joue. La fraîcheur de sa peau vint contraster avec son visage brûlant. Le sang lui était monté au visage, et comme il en avait l’habitude, il devait sans doute rougir des oreilles à l’heure même. Ses yeux, cependant, quittèrent le sourire de Brunhild pour aller se poser curieusement sur la fillette qui dormait à ses côtés. Une autre rescapée ? Sa fille ? Il n’en savait rien. Il avait raté tant de choses.

« C'est bien toi ? » Sa voix, comme le reste de sa personne, l’apaisait comme le souffle de la brise.

Il porta à nouveau son regard le plus doux sur le visage inchangé de la magicienne, puis son sourire se fit plus discret, tandis qu’il vint caler sa main contre celle que Brunhild avait posé sur sa joue. « C’est moi. C’est ... » Il allait répondre Chance, comme il en avait l’habitude avec tout ceux qu’il avait rencontré après le départ de Brunhild, mais elle ne connaissait pas encore ce sobriquet. Il avait tant de choses à lui raconter, à l’en informer. Tant d’aventures qu’il désirait lui conter au coin d’un feu de cheminée, lors d’une balade à cheval, devant le cheminement d’un cours d’eau. Tout sa vie, tout ce qu’il était devenu, c’était grâce à elle. « C’est Willsric. » Ils avaient tout leur temps pour qu’il l’informe de son nouveau prénom, de sa vie depuis l’orphelinat … Mais pour l’heure, il lui rendit l’embrassade qu’elle lui offrait, entourant les épaules du mercenaire en le serrant contre elle. Il fit de même, un sourire vague planant encore sur ses lèvres, le visage apaisé dans une expression de plénitude qu’il arborait rarement. C’est presque avec déception qu’il sentit l’étreinte s’en aller et Brunhild se détacher sobrement pour l’observer à nouveau, comme si elle cherchait à déceler ses moindres secrets. Elle paraissait bouleversée, quoi qu’il ne devait pas avoir l’air plus finaud de son côté. Il se contentait, encore, de sourire comme un bienheureux, dents dévoilées par des lèvres rehaussées, traversant son visage bruni par le soleil.

Il vit cependant les larmes rouler sur les joues de Brunhild, si bien qu’il s’empressa, dans un geste doux, protecteur, de les sécher du bout du pouce, comme s’il essayer de chasser la tristesse. Il était confus. Pourquoi pleurait-elle ? Était-elle triste ? Mécontente de le revoir ? Il était si confus qu’il perdit son sourire, les yeux faisant le trajet entre ses yeux embués de Brunhild et ses propres mains, ramenées à ses genoux sans savoir quoi faire pour la réconforter. La main de la magicienne entra dans son champs de vision, prenant entre ses doigts fins le poing replié de Chance qui n’osait plus parler. Ce fut comme un signal, comme le message silencieux qui lui montrait qu’il n’avait rien à craindre. Il devait parler, lui monter qu’il était heureux de la revoir. Ne pas rester muré dans le silence sans savoir quoi lui dire. Il prit une grand inspiration, serrant entre ses doigts striés de petites cicatrices et boursouflures la main délicate de Brunhild. « Je ne pensais pas te revoir un jour. J’ai cru … J’ai cru que tu avais péri. » Il n’aurait pas pu savoir, mais quand il avait eu vent de tous ces conflits entre mages, tout ces massacres qui avaient eu lieu, il avait eu en horreur la vision de la magicienne, morte, assassinée par ses pairs. Ce scénario n’était pas si impensable. Il était terré à Skellige, à l’époque, mais ça ne l’avait pas empêché d’avoir vent de quelques histoires sordides, soufflées au coin d’une taverne sentant le sel et le poisson. Rien qu’à repenser à tout ça, Chance avait froncé les sourcils, soucieux. L’image restait gravée dans son esprit, sa tristesse encore présente. Mais le doute était écarté, elle était encore là, bien en vie, bien en forme, aussi belle que dans sa tendre jeunesse.

« Je vois que tu te portes bien. Tu n’as même pas pris une ride. » Il laissa échapper un rire bref, honnête, presque innocent, comme l’enfant qu’il était. Son cœur débordait de joie, il ne savait comment ce dernier était encore capable de tout contenir sans exploser. Il tremblait. De stress ou à cause de son enthousiasme incontrôlé, il ne savait pas. Quoi qu’il en soit, il peinait à rester en place, ses jambes tressautant discrètement contre la pierre froide. Il regarda à nouveau la fillette qui dormait tout près, sa curiosité piquant à nouveau. Il voulait tant savoir. Savoir ce qu’était devenue la magicienne depuis tout ce temps, où était-elle allé, qui avait-elle aidé. « Qui est-elle ? Une autre âme que tu as repêché ? »


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Chance
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Chance
Jeu 21 Fév - 22:47

Willsric. Ce prénom murmuré dans le creux de l'oreille, à l'époque où il n'était qu'un petit bout d'homme, perdu dans un orphelinat de Novigrad, un parmi tant d'autres en Redania. Qui était-il ? A quel destin était-il promis ? A l'époque, la magicienne n'en savait rien, il aurait pu être un enfant de putain que cela n'aurait probablement rien changé pour elle. Depuis, le monde n'avait eu de cesse de changer, les histoires de s'écrire, les paix et les guerres de se suivre à un rythme régulier. Combien d'hommes, combien de femmes avaient péris ? La terre n'avait cesser d'absorber toute cette hémoglobine en excès, appâtant les monstres en nombre. Dans les rivières, les noyeurs dévoraient goulûment les cadavres charriés par le courant.

Brunhild n'avait pu échapper à ses émotions tant elles étaient vives. Il n'avait pas l'air de lui en vouloir, il était même plutôt heureux de la retrouver. C'était une chance ou un hasard, elle ne le savait pas encore. Mais ne disait-on pas que le hasard faisait bien les choses ? Ce soir, la magicienne voulait y croire. D'un geste il était venu essuyer les larmes qui lui avaient échappé. Son sourire lui échappa, troublé, sans doute, de voir la réaction de la douce. Elle ne pouvait lui en vouloir, s'était de sa faute à elle, pas à lui. La main qu'elle avait posé sur la sienne se voulait rassurante. Mais lui aussi paraissait hésitant, ne sachant que dire tant la situation était inattendue.

- Je ne pensais pas te revoir un jour. J’ai cru … J’ai cru que tu avais péri.

Elle lui sourit. Combien d'autres avaient cru que la magicienne avait péri durant le Soulèvement de Thanedd ? Une poignée de ceux qui connaissaient vraiment la brune. Un moment tragique où elle avait assisté, impuissante, à la mort de sa maîtresse et amie Bianca d'Este. A l'époque elle n'avait pas non plus pensé envoyer un message à tous ceux qui auraient pu s'inquiéter de cette bataille dévastatrice. Mais même avec une dague sous la gorge, il ne fallait pas espérer se débarrasser de Brunhild comme ça. Ça… il ne pouvait pas le savoir. Elle serra la main sur la sienne, ne voulant rompre ce contacte rassurant avec le jeune homme. S'il savait, elle avait l'âge d'être au moins sa grand-mère, l'âge de le chouchouter, de lui taper sur les doigts ou encore de lui offrir du chocolat pour faire passer ses chagrins. Non, sans doute avait-il passé depuis bien trop longtemps cet âge insouciant, celui où l'on courait après des marmottes dans les champs.

- Je vois que tu te portes bien. Tu n’as même pas pris une ride.

Oh petit homme devenu grand. Elle laissa échapper un rire léger avant de le cacher derrière une main, ne voulait pas réveiller la fillette qui continuait de dormir paisiblement. Alors, à nouveau, lui lâchant la main, d'un bras cette fois, elle l'enlaça en le prenant par les épaules, le ramenant contre elle pour que leurs têtes puissent se toucher, qu'elle puisse à nouveau sentir sa présence rassurante et forte. Brunhild ferma les yeux, profita de ce moment tandis qu'il l'interrogeait sur la présence de la demoiselle ensommeillée sur ses genoux. La magicienne lui lança un bref regard avant de refermer les yeux.

- Elle est comme toi, murmura-t-elle, une petite âme égarée que personne n'a à cœur de venir chercher. Pas un cri, pas le moindre pleure. Nulle mère pour venir supplier qu'on lui rende sa fille. Les rues de Beauclair sont bien cruelles à ce jour, même lovées sous le plus beau des castels.

La douce déposa un baiser sur le front de Willsric avant de poser le sien contre ce visage masculin. Elle laissa échapper un soupire, puis rompis à nouveau cette étreinte, posa sa tête sur l'épaule de l'orphelin de Novigrad. Ses prunelles noisettes tombèrent sur la fillette, l'oreille tendu pour espérer entendre la voix d'une femme emplis de désespoirs. Mais au loin ne courait que la rumeur des rires et de la musique dans les tavernes les plus proches. La placette leur offrait un moment de répit. A cette heure personne ne viendra rompre la magie de cet instant. Ou peut-être allait-on entendre le mugissement de quelques maroufles, au loin, qui avaient mis le pied dans du crottin, trop soûl pour parvenir à en faire le détour.

- Les humains se reproduisent comme des lapins et après ils sèment derrière eux une ribambelle de bambins, fit-elle à voix basse tout en caressant la chevelure d'or de la demoiselle. Et puis il y a moi, qui les récupère, les remet en état et leur rend leur liberté. Parfois certains reviennent, comme toi ce soir.

Oui, parfois ils revenaient vers la main qui les avait soigné et nourris, par la voie de ce hasard là. De sa main libre, elle vint enlacer les doigts du jeune homme, de cette proximité qu'elle se permettait sans jamais demander. La magicienne était ainsi, ne savait faire autrement, se faisant envahissante, souvent trop tactile pour le commun de ceux qui ne souffraient de cette proximité. Brunhild était bien trop affectueuse, c'était ainsi, comme une mère trop aimante.

- Et toi alors, qu'es-tu devenu ? Demanda-t-elle avec douceur. Quelles histoires me rapportes-tu de tes voyages de par le monde ?

Avait-il été en Zerrikania ? Là où le soleil règne sur les terres désertiques de cette contrée mystérieuse. Tout ce que Brunhild en savait, c'était certainement qu'à y vivre, une seule chose pourrait lui manquer : le mauvais temps. Le plaisir de se lover au coin du feu tandis qu'au dehors pleuvait le déluge. Son plaisir coupable, une parenthèse toujours bienvenue, une parmi des centaines qui rythmaient son quotidien de maîtresse des arts magiques. Une science pour certains, un pouvoir destructeur pour les autres. Enfin, là n'était point le sujet. Elle voulait savoir ce que Wilsric était devenu depuis tout ce temps, lui à qui il ne semblait rien manquer. Ni jambe, ni bras en moins. Pas d’œil crevé ou de balafre si hideuse qu'il en était devenu aussi laid que Vilgefortz de Roggeveen.
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Lun 25 Fév - 12:30
Elle riait pour lui ; un rire doux, léger, juste à son image. Un rire beau qui lui réchauffa le cœur comme les rayons du soleil lui réchauffait le dos. Chance adora l’entendre rire, comme il adorait écouter une rivière s’écouler doucement, les oiseaux chanter dans la cime des arbres au petit matin, comme le chant de la pluie qui s’écrase sur les pavés. Son rire était magnifique, voilà la seule pensée qui s’illumina dans son esprit ; il voulait l’entendre rire tout le temps, pour se rappeler de la véritable joie, celle de retrouver un être cher. Brunhild lui était chère. Mais avant tout, elle était là, devant lui, réelle et pleine de vie. Il nageait en plein bonheur ; un djinn n’aurait pas pu lui offrir un vœu aussi réaliste, aussi parfait. Rien ne saurait surpasser ce moment-là, éclipser cet instant de bonheur, figé dans le temps à la tombée du jour. La scène que cet instant lui renvoyait était un morceau de paradis, offert par les Dieux. Il se sentait chanceux, plus que jamais.

Elle l’enlaça à nouveau, comme pour sceller ces retrouvailles, lui assurer de sa présence, de sa véracité. Elle était vraiment là, vraiment réelle. Elle n’était ni un rêve, ni une illusion. Ce n’était pas quelqu’un qui lui ressemblait : c’était bien Brunhild, la vraie, la belle, celle qui lui avait sauvé la vie et offert sans savoir un destin fabuleux. Aucun mot, d’aucune langue, ne saurait interpréter ce qu’il ressentait. Rien ne saurait illustrer à quel point il était enchanté de la retrouver, tout l’amour platonique qu’il ressentait à son égard. L’amour d’un enfant qui ne saurait exprimer toute la gratitude de son cœur. La tête de Brunhild reposait contre son front ; il n’osa pas bouger, de peur de la brusquer, de la blesser, de briser ce moment presque irréel. Il ferma les yeux, apaisé, respira son parfum qui lui parut être une évidence, un souvenir d’enfance enfoui sous son expérience de vie. Il avait l’impression de se souvenir, même si ce n’était pas le cas. Il inspira une grande goulée d’air, souriant doucement. Il pourrait s’endormir là, assis, et ne pas s’en formaliser. Il se sentait comme si tout faisant sens, comme si tout dans sa vie venait d’être résolu. L’espace d’un instant, il oublia la disparition de sa famille, la mort de Graham … Tout, sauf Brunhild. Pourtant il fallut rouvrir les yeux, revenir à la réalité, se souvenir.

La magicienne lui parla de l’enfant endormie, paisible sur les genoux de l’adulte, comme si la vie ne se résumait qu’à ça : la tranquillité de l’âme. Pourtant elle était comme lui, comme le soulignait Brunhild avec affection. Dans un sens, ils étaient pareils. Alors lorsqu’il posa les yeux sur la fillette, il se vit enfant, au même âge. Il était perdu, seul, à se demander quand papa viendrait le chercher. Or personne n’était venu. Personne, hormis Brunhild. Peut-être la raison pour laquelle il s’était tant attaché à elle alors qu’ils ne s’étaient vu qu’une fois. Les choses étaient pareilles partout ; à Beauclair comme à Novigrad, un enfant attendait le retour de ses parents, à jamais. La pitié pour l’enfant lui étrangla la gorge, mélangeant sa joie à une peine empathique, celle d’un homme qui connaissait la situation d’une fillette et à qui il espérait un futur meilleur, une aide miraculeuse comme celle qu’il avait reçu.

Avant qu’il ne réalise, Brunhild l’embrassa sur le front ; le pauvre se sentit rougir, son visage chauffant comme un feu de bois. Il ne s’y était pas attendu, et même si ça avait été le cas, il n’aurait sans doute pas eu assez de plusieurs années pour se préparer. Il sourit bêtement, encore une fois, faute de savoir comme réagir. La douce posa ensuite sa tête sur l’épaule étroite du mercenaire. Il cala la sienne contre le haut du crâne de Brunhild, soufflant du nez en perdant son regard au loin, presque comme pour graver ce moment dans ses souvenirs, bien noter chaque détail qu’il pourrait ignorer. Alors qu’il fermait à nouveau les yeux, ses mains se serrant l’une dans l’autre, Brunhild reprit la parole, dénotant l’expansion ridicule de la population. Elle avait raison ; combien d’enfants avaient logé avec lui à l’orphelinat, abandonné par des parents qui ne savaient que faire de ces bouches en trop à nourrir. Ces riches nobles qui ne voulaient d’un bâtard, ces soldats qui laissaient derrière eux une épouse solitaire et une flopée de gamins braillards … Il fallait à présent une raison pour ne pas abandonner son enfant. Si cela ne le révoltait pas autant, sans doute que l’idée l’aurai fait rire. Mais pas comme ça. Pas avec ça. Heureusement, il avait les gens comme Brunhild, les gens au cœur pur, prêts à sortir les gamins comme lui de leur misère. Elle n’était pas obligée, pourtant elle l’avait fait : elle lui avait offert la survie, un avenir, un souvenir heureux auquel se raccrocher, ne pas oublier que les gens biens existaient eux-aussi.

La main de Brunhild vint serrer la sienne à nouveau, comme pour le réconforter, le rassurer. Sa peau douce vint contraster avec avec ses doigts abîmés, striés de petites cicatrices qui formaient des boursouflures un peu partout. Les blessures brunâtres transparaissaient d’autant plus sur sa peau pâle, malgré le bronzage qu’il avait écopé ces derniers mois. Alors que ses yeux se baladaient sur leur différence de ton, la magicienne finit par lui poser une question, celle qui brûlait aussi les lèvres du jeune homme, celle qu’il désirait lui poser mais qu’il n’osa pas, de peur de bafouiller.

« Après ton départ » souffla-t-il « on m’a renommé Chance. Si le nom portait à plaisanterie au début, c’est celui que j’ai gardé en grandissant. Quelques années après, je suis entré au service d’un noble, le comte Farkas, comme palefrenier. Ça ne payait pas beaucoup, mais c‘était assez pour moi, pour commencer à m’assumer. » Il était fier de le lui raconter, lui montrer qu’elle l’avait aidé, sans le savoir. Il voulait lui rendre hommage, ne pas gâcher la seconde chance qu’elle lui avait offert. « J’ai été adopté par son intendant, qui voyait en moi un fils qu’il n’avait jamais eu. L’année même, je devenais page et je vivais dans une grande maison luxueuse, comme en rêvait mes frères et sœurs de l’orphelinat. » Pourtant à l’époque il se sentait comme un traître. Comme celui qui profitait de sa chance. « J’ai même été fiancé, tu te rends compte ? » Il laissa échapper un rire silencieux, en repensant à ces moments joyeux passés avec Lisbeth. « Mais j’imagine que je n’ai pas su apprécier suffisamment cette occasion. Je suis parti lorsque j’ai eu quatorze ans pour retourner dans les coupes-gorges de Novigrad, vivre comme un bandit. » Il ne savait pas pourquoi il lui racontait ça, pourquoi il exposait un moment peu glorieux de sa vie. Pourtant il se sentait libéré, capable de tout lui dire sans mentir. « Mais ça n’a pas duré. Finalement j’ai quitté la ville, pour retrouver ma famille. Retourné à Velen, j’ai découvert la vérité sur ce qui leur était arrivé, la raison pour laquelle ils n’étaient pas revenus me chercher. » Il se tut un instant, un sourire vague se dessinant sur ses lèvres. Il repositionna sa tête contre celle de Brunhild. « Après ça, je me suis senti perdu. Je ne savais pas quoi faire, où aller. J’ai finalement décidé de travailler pour un baron dans la région, comme soldat. J’y ai rencontré quelqu’un, avec qui j’ai décidé de partir pour Skellige, voir du pays ensemble. Mais … Cette personne est morte là-bas. » Son cœur se serra violemment, mais il n’en fit rien savoir. « Je suis ensuite retourné en Téméria, mais la peste a commencé à apparaître et il m’a semblé sage de fuir loin. C’est comme ça que je suis arrivé en Zérricanie, où j’ai vécu pendant deux ans. Et enfin me voilà. »

Chance reprit son souffle doucement après son histoire. Il craignait d’avoir ennuyé Brunhild avec tout ça, si bien qu’il n’osa pas reprendre la parole aussitôt. Qu’allait-elle penser de lui ? Allait-elle le juger pour ses mauvais choix ? Il ne savait plus quoi en penser. Il se sentit idiot d’avoir tout déballé, pourtant c’était ce qui le semblait être la bonne chose à faire, comme s’il savait déjà que ça le soulagerait d’un poids. Il se redressa un peu, le dos raide, puis releva la tête par peur d’avoir écrasé la magicienne sans le savoir. Il jeta un autre coup d’oeil à la fillette ; dormait-elle encore ? S’était-elle réveillée ? Il ne parvenait pas à savoir. Tant pis, songea-t-il. Ils n’étaient pas pressés après tout.

« Et toi Brunhild ? Que t’es-t-il arrivé après ton départ de Novigrad ? Qui d’autre as-tu sauvé des affres du destin ? » Qu’avait-elle vu ? Qui avait-elle rencontré ? Il se demandait bien quel genre d’aventures elle avait vécu dans le vaste monde. Quelles créatures elle avait bien pu combattre, quels pays avait-elle visité … Tout était possible.


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Chance
Mar 26 Fév - 22:47

C'était certain, dans quelques années, elle reviendrait à penser à ce moment avec beaucoup de plaisir et d'émotions. Ce soir, elle profitait du temps présent au côté de ces deux gamins des rues. Au moins, la douce était certaine que l'un d'entre eux était parvenu à faire quelque chose de sa vie. Quant à la petite, l'avenir n'était pas encore écris pour elle. Qui savait ce qu'il lui était réservé ? Peut-être réussirait-il à s'en sortir, ou bien elle finirait comme prostituée, ou bien morte, sans personne pour la pleurer. Brunhild continuait de lui caresser les cheveux d'une main bienveillante, lui souhaitant bien plus de bonheur qu'elle ne pouvait désirer. Il fallait bien comprendre qu'à cette époque, et cela depuis toujours, une bête de ferme avait bien plus de valeur qu'un enfant. Alors un de plus ou de moins…

La voix de Willsric s'éleva à nouveau dans la douceur de la nuit, une voix caressante qui contrastait avec la multitude de cicatrices dont il faisait passablement collection. Ainsi, il se faisait appeler Chance à présent ? La magicienne eut un sourire, un brin moqueur, léger. Voilà un sobriquet qu'il avait l'air de parfaitement porter. Enfin, il était jeune encore. Elle n'en dit mot, le laissant à son récit. Curieuse, elle avait bien envie de savoir ce que son protéger avait fait pour en arriver là. Brunhild l'observait avec attention, la fierté qu'il affichait alors tandis qu'il contait le temps durant lequel il avait été palefrenier puis page. L'air surprise, elle opina du chef en l'entendant lui dire qu'il avait même été fiancé. Mais elle se doutait le mariage n'avait soit jamais eu lieu, soit qu'il avait bien mal fini. Ainsi, même si elle était triste, la suite de l'histoire ne l'étonna que peu, après tout il était un enfant de la rue, elle avait une mauvaise tendance à les rappeler à elle.

La brune garda sa main dans celle du jeune homme, qui était-elle pour pouvoir le juger sur ses choix ? Après tout elle n'était pas sa mère. Et puis c'était trop tard à présent. C'était une histoire romanesque au moins, là encore les choses ne durèrent qu'un temps. Elle continuait de se faire caressante, observant le silence tandis qu'il poursuivait son récit. La suite s'en trouva bien plus triste, un malheur comme tant d'autres ici-bas pour le commun des mortels. Là encore, c'était du passé, une histoire sur laquelle il était impossible de revenir, qui faisait parti de lui à ce jour.

Velen, puis Skellige. Les archipels lui arrachèrent un être cher, comme ils en avaient arraché tant d'autres. Dans le ton de sa voix, elle avait senti que ce moment de sa vie avait été un des plus douloureux là encore. Mais le chagrin était derrière lui, même s'il devait certainement connaître quelques moments de faiblesse où il se frayait un chemin pour faire de nouveau surface. Brunhild ne le comprenait que trop bien pour l'avoir vécu tant et tant de fois. Et enfin, la Temeria et la Zerrikania pour terminer. C'était un fabuleux périple qu'il semblait avoir vécu, une aventure merveilleuse peuplée de moments de bonheur et de tristesse comme la vie savait les faire. C'était à présent au tour de la magicienne de livrer son histoire. Aussi se laissa-t-elle un petit instant pour réfléchir et formuler ses premières paroles.

- Après toi, il y a eu Michka, ou peut-être était-ce avant ? Je ne sais plus, dit-elle en faisant appelle à ses souvenirs. Les deux périodes lui semblaient assez proche tant les deux jeunes gens avaient un âge relativement similaire. Une autre enfant des rues. Il faut dire que vous êtes si nombreux, je n'ai pas l'audace de me souvenir de tout le monde. Bien trop nombreux, mais elle se souvenait au moins de quelques visages plus marquants que les autres. Il lui arrivait encore de croiser le chemin de Michka à l'occasion. Elle eut un sourire à cette pensée. Et puis après ça, j'ai voyagé pour la première fois à Toussaint, où j'ai fait la connaissance de deux vampires supérieurs. Des créatures très amicales au demeurant, quoi que peuvent en dire certains sorceleurs, si l'on tombe sur les bons vampires, cela va s'en dire. A l'inverse, une brouxe est de très mauvaise compagnie. Son regard se perdit dans le vague pendant un instant. Enfin, c'était à l'occasion du couronnement du prince Rajmund, cela commence à dater quelque peu dans ma mémoire. Après quoi, quelques années plus tard j'ai perdu ma petite sœur, Maria. Je crois que tu aurais beaucoup aimé la rencontrer, elle était beaucoup plus aventurière que moi. Maria, douce Maria, petite sœur, toi qui est allée rejoindre nos parents tandis qu'il me fallait retourner arpenter cette terre. Après ça il y a eu le soulèvement de Thanedd auquel j'ai assisté, impuissante face à ce chaos et cette folie. J'ai perdu celle qui avait été ma maîtresse à l'époque où j'ai fait mes études à Aretuza, pour des bêtises et de la politique. Et puis… La bataille de Brenna m'a volé un de mes plus vieux et meilleurs amis. J'ai su, le jour où je l'ai vu pour la dernière fois, que je ne reverrai plus jamais son visage.

Ce brave Björn qu'elle n'oubliait pas. Cette sale trogne de mercenaire qui avait l'empire en horreur et qui l'avait payé au prix de sa vie. Hjalmar était sur ses pas, mais elle avait peur qu'il subisse le même sort, qu'elle le perde lui aussi. Maudits soient les hommes et leur besoin de batailles et de victoires. Maudit soit l'honneur, lui aussi, qui intimait la vengeance plutôt que le deuil et la paix. Pourquoi étaient-ils d'une nature si belliqueuse ? Si prompte à ôter la vie d'autrui pour de la gloire ou de l'or. A croire que vivre était une douleur qu'il fallait faire passer par tous les moyens.

- Et puis, voilà que nous nous retrouvons ici alors même que rien ne nous destinait à ce hasard, fit-elle pour conclure, posant son regard sur le jeune homme.

Brunhild se faisait un peu plus mesuré dans ses réactions à présent. Elle ne voulait briser la magie de cette instant, mais elle ne savait pas non plus ce qu'il convenait de faire. Avait-elle d'autres questions pour lui ? Pas sur l'heure. Et lui, avait-il des choses à lui demander ? De quoi d'autre était-il curieux ? La magicienne n'avait jamais été habile à parler de son histoire, elle avait le sentiment tenace qu'elle n'avait pas grand-chose à raconter. Elle préférait souvent écouter les autres parler de leurs récits, parce qu'ils avaient l'air beaucoup intéressants qu'elle-même. C'était idiot de penser cela, n'est-ce pas ?
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Brunhild de Dorndal
Sam 2 Mar - 17:30
Il y eut un moment de silence où la vie tout tapissait le décor dans un bruit sourd mais néanmoins présent. On pouvait entendre un éclat de rire au loin, ces rires insouciants qu’ont les jeunes gens amoureux en se courant après pour s’amuser au clair de lune. L’oreille tendue de Chance n’était cependant pas pour eux. Elle était pour Brunhild, qui se dit un mot quand vint son tour de raconter une histoire. Ne voulant pas la brusquer – peut-être était-ce une chose difficile pour elle que de parler de ce qu’elle avait vécu – il se contenta de l’observer sans dire quoi que ce soit, juste avec un sourire encourageant et le regard attentif, prêt à soutenir quelques larmes qui pourraient être versées.

Le silence prit fin lorsque Brunhild se décida à prendre la parole, pour évoquer un nom qui n’était pas familier à Chance. Cette Michka était une enfant perdue, tout comme lui, secourue par Brunhild, tout comme lui. Chance s’émerveilla de la grandeur d’âme de la magicienne ; elle n’était pas obligée de sauver les gamins comme lui et cette Michka, mais elle le faisait quand même, sans même s’enorgueillir. Lorsqu’elle évoqua le fait qu’elle ne se rappelait pas de tous, Chance se sentit presque privilégié. Elle s’était souvenu de lui, parmi tous ceux à qui elle avait tendu la main. D’un côté ça le rassura. Elle aurait pu l’oublier, ne pas le reconnaître, pourtant ça n’avait pas été le cas. Elle s’était souvenu de lui.

Ensuite, elle lui conta ses premiers voyages à Toussaint, ses rencontres étonnantes avec des vampires – ici ! Voilà qui ne manqua pas de surprendre le mercenaire qui, dans un coin de sa tête, nota silencieusement de faire attention où il irait traîner la nuit. Lui qui n’était pas très instruit, la différence entre un vampire et une Brouxe lui échappait quelque peu. Cela dit, il se contenta de hocher la tête humblement pour faire mine qu’il comprenait ce qu’elle lui racontait. Puis vint l’instant où elle évoqua la perte de sa sœur et il se sentit désolé d’apprendre ça. Sans savoir quoi lui dire, il serra la main de la magicienne dans la sienne avec émotion, pour lui communiquer son empathie la plus profonde. Il n’y avait pas de mot. Aucun pour exprimer le soutien à la douleur de la perte d’un proche. Alors il se contenta d’être là, de lui sourire avec délicatesse, et de l’écouter attentivement parler de sa sœur.

Mais la disparition de Maria ne fut pas la seule tragédie de la vie de Brunhild. Elle avait perdu celle qu’elle aimait, un de ses chers amis … Qui d’autre encore ? Chance ne pouvait imaginer la douleur qu’elle avait pu ressentir à l’époque, la tristesse la plus profonde de perdre les êtres aimés, les uns après les autres. Lui qui n’avait perdu que Graham, il ne pouvait pas se mettre à sa place, oser prétendre savoir ce qu’elle avait ressenti. Il était encore jeune, il avait toute sa vie devant lui pour avoir son lot de cadavres, de disparitions tragiques. Il aurait des tas d’années pour pleurer les siens, mais pas aujourd'hui. Pas maintenant. Ce soir, il retrouvait Brunhild.

« Et puis, voilà que nous nous retrouvons ici alors même que rien ne nous destinait à ce hasard. » Elle avait raison, ces retrouvailles étaient inespérées. De tous ceux qu’il aurait pu croiser, voilà qu’il tombait sur elle. « Et quel heureux hasard. » Répondit-il avec émotion. « Tu as raison … Je ne pensais pas te retrouver un jour. Je me dis bien souvent que je ne reverrai probablement jamais les gens que je rencontre, mais voilà que la vie me prouve le contraire. » Il se redressa, décollant sa tête de celle de Brunhild pour la laisser faire de même. Ses doigts desserrèrent leur poigne autour de la main menue de la magicienne ; il craignit lui avoir fait mal dans la foulée. « Je vois que tu as vécu beaucoup de choses. Beaucoup de tragédies … Je suis sincèrement désolé de l’apprendre. » La vie était bien cruelle d’offrir son lot de malheurs à ceux qui les méritaient le moins. Brunhild était de ceux qui payaient au prix fort leur longévité.

« Où iras-tu, après Beauclair ? » Finit-il par demander poliment.

Il ne voulait pas que cet instant s’arrête, que la conversation prenne fin et qu’elle s’en aille aussi vite qu’elle avait à nouveau fait irruption dans sa vie. Il voulait continuer à lui parler, tant bien même il ne saurait pas quoi dire tant il se sentait perdu. Pour la première fois de sa vie, aucune autre question lui brûlait les lèvres. Aucune parole légère ne vint s’ajouter, aucune blague, aucune remarque idiote pour amuser la galerie. Rien. Il se sentit perdu.

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Chance
Mar 5 Mar - 23:31

Doux hasard, lui qui berçait le monde de ses absurdités parfois folles. Un hasard bien heureux ou malheureux, le hasard lui-même ne savait lequel des deux ils pouvaient être lorsqu'il frappait la vie des inconnus. Parfois s'amusait-il à frapper deux fois et alors il devenait une coïncidence, mais à la troisième ce devait être le coup du destin. A cette heure ce ne pouvait qu'être une coïncidence forte heureuse pour réunir deux mortels.

Brunhild écoutait le jeune homme lui répondre, à présence il était Chance. Sans doute portait-il merveilleusement bien ce nom à ce jour. Tout comme lui, elle s'était souvent dit que ces visages qu'elle croisait un jour, elle ne les reverrait plus. Des vies de passage dans la sienne, déjà bien rempli et si longue. Des visages qu'elle aurait tôt fait d'oublier parce qu'ils ne lui avaient pas marqué l'esprit. Puis il y avait d'autres comme Willsric, dont on se souvenait, parce que là était les merveilles de l'esprit humain.

Là, entre eux le mouvement se faisait à nouveau tandis qu'ils étaient restés accolé d'une façon si tendre et bienveillante qu'il était à présent étrange de voir cela se rompre. Mais tout avait une fin, même les moments doux. Ce qui ne signait pas pour autant la fin de les retrouvailles, sinon cela aurait été bien triste et la magicienne en serait rester bien trop déçue. Il était désolé d'apprendre les tragédies qu'elle avait vécu. Il ne fallait pas. La vie était ainsi faite et la mort en était une composante invariable. Aussi, elle lui sourit en guise de réponse. Non, il ne fallait pas être désolé, c'était inévitable, tôt ou tard l'on retournait tous à la terre.

- Je ne sais pas, répondit-elle doucement, je vais certainement retourner dans le Nord. D'ailleurs, soient loués les dieux de ces royaumes, car si tu étais revenu une année plus tôt, tu aurais pu être emporté par la peste. Enfin, tu constateras pas toi-même que les choses n'ont pas vraiment changé. Les souverains ont toujours la tête aux querelles, les pauvres sont toujours pauvres, les injustices sont monnaie courante. Voilà une société où il fait bon vivre n'est-ce pas ?

Brunhild n'avait pas grand hâte de devoir quitter la douceur merveilleuse et enchantée du duché de Toussaint. Ici au moins, malgré les défauts des Hommes, la nature était belle et la vie un peu plus douce. Mais il lui faudrait bien quitter Azémar et Margot pour s'en aller retrouver Skadi, Hjalmar et peut-être, avec un peu de malchance, croiser la route de Joachim en compagnie de Malka. Elle eut un sourire. Peut-être, finalement, aurait-elle plaisir à quitter Toussaint pour s'en retourner vers tous ceux qu'elle portait dans son cœur. Mais pas ce soir, ni demain.

- Et toi ? Tu comptes rester ici encore un peu ? Demanda-t-elle avec curiosité. Il te faut profiter de Toussaint tant que tu en as la possibilité, car une fois que tu l'auras quitté, le Nord te semblera bien terne et triste tandis que Beauclair sera devenu un rêve dans ton esprit.
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Brunhild de Dorndal
Sam 9 Mar - 22:59
Il fut enchanté d’apprendre qu’elle retournerait dans les royaumes du nord, tout comme il escomptait faire après son séjour à Toussaint. Bien entendu, il appréciait tant la beauté de Beauclair qu’il aurait été mal avisé de repartir si vite. Il songeait à rester là encore quelques jours, pour profiter du beau temps, de cette culture qu’il ne connaissait que très peu. Peut-être que … Non, Brunhild avait probablement mieux à faire que de voyager avec lui un moment, rattraper ces années perdues, rembourser, qui sait, sa lourde dette. Il n’osait pas le lui demander, lui dire qu’il apprécierait au moins faire un bout de route en sa compagnie, lui raconter ses folles aventures à Skellige, en Zerricanie, partout là où il été allé, avait du beau monde et rencontré de folles personnes. Peut-être même, dans ses fantasmes idéals, aurait-il eu le courage de lui conter son amour pour Graham. Mais pas pour le moment. Trop tôt, se souffla-t-il pour lui-même dans un coin de sa tête.

« C’est vrai, cela ne m’étonne pas vraiment en fait. Pour tout te dire, j’étais en Téméria quand j’ai eu vent des racontars sur la peste. C’est pour ça que je suis allé en Zerricanie prendre des vacances au soleil, échapper à une mort certaine. Un rat dans mon enfance, ça m’a suffit. » Il rit doucement, ses mains crispées l’une dans l’autre en se souvenant sa proximité avec la mort, à quel point y avait-il échappé grâce à Brunhild. Si elle n’avait pas été là … Toutes ces choses incroyables qu’il avait vu et vécu, tous ses sentiments, tous ses souvenirs, tous ces gens qu’il avait aimé ou détesté … Tout ceci, il ne l’aurait jamais vécu. Il n’aurait été qu’un vague souvenir pour quelques enfants comme lui, un point dans la foule dont personne ne prononcera plus jamais le nom. Voilà ce qui advenait des gens comme lui, ceux qui n’ont pas eu sa … chance. Brunhild était sa chance. Il n’était pas certain d’en avoir une deuxième. C’est pourquoi il se devait de profiter de chaque jour, profiter de chaque rencontre, chaque retrouvaille. Il devait vivre, et être heureux.

La douce voix de la magicienne le tira de la torpeur dans laquelle il s’était glissé progressivement au fil de ses pensées les plus profondes. Elle lui demanda, avec cette même douceur qui la caractérisait, s’il allait rester à Toussaint, au moins pour le moment. Son commentaire sur le nord qu’elle ajouta juste après le fit sourire à son tour, puis rire silencieusement. Ses mains se détendirent, quittèrent cette fixation musculaire qui les rendait si rigides. Il les posa à plat sur ses cuisses, comme pour s’empêcher de reprendre la même position à nouveau. « Je viens juste d’arriver, ce serait dommage de partir si vite. Pour l’instant je profite, j’admire, j’apprécie mon passage ici. Et après … Hé bien j’avais prévu de retourner dans le Nord, revoir les paysages sauvages, la grisaille, toutes ces choses qui étrangement me manquent. J’y ai laissé mon coeur là-bas, va donc savoir pourquoi. » Il rit à nouveau, presque innocemment. Le Nord lui avait prit dans de choses et de gens, il n’était pas certain de savoir la raison pour laquelle il l’aimait tant. Pour sûr que ce n’était pas quelque chose qu’on puise maîtriser, alors il mettait sur le compte de la destinée. Il était destiné à retourner là-bas, quoi qu’il advienne. C’était, comme certains le disaient parfois, la providence.

« C’est incroyable tout de même. Il y avait si peu de chance pour que je te croise ici ce soir, pour que tu entres à nouveau dans ma vie. Pourtant te voilà. Et nous partageons les mêmes projets, du moins pour l’instant. » Il resta songeur un instant, cherchant ses mots avec soin, comme s’il préparait un discours bien ficelé. Pourtant il n’en était rien. Il ne voulait simplement pas passer pour un idiot, un crétin qui prononce des paroles en l’air et qui peut blesser la sensibilité d’une dame. Pour sûr qu’il n’était pas ce genre de personne. « Je pourrais te paraître présomptueux mais … je m’en voudrais si je ne te le demandais pas. Quand tu repartiras pour le Nord, Brunhild, accepteras-tu de voyager en ma compagnie ? C’est juste que … J’ai l’intime conviction que ce n’est pas encore le moment pour que nos chemins se séparent à nouveau. Tu m’as sauvé la vie, et je te serai redevable à vie. C’est une dette que je ne crois pas être capable de te rembourser un jour, toi qui est magicienne. Je mourrai même probablement avant toi. Tu as sans doute mieux à faire, et je ne t’en tiendrais pas rigueur, mais il fallait que je te le demande. Pour avoir d’autres souvenirs heureux en ta compagnie. » Il avait déballé tout ce qu’il avait sur le cœur, toute son espérance la plus vaine de nouer des liens avec cette magicienne de son enfance. Sans doute voyait-il en elle la mère qu’il n’avait jamais eu le temps de connaître. Sans doute pas. Il n’était pas certain de ce qu’il ressentait, mais une chose était certaine : il ne voulait pas qu’elle disparaisse comme la première fois.


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Dim 7 Juil - 12:10

Y avait-il un destin ? Y avait-il seulement quelqu'un qui veillait sur ceux qui méritaient d'arpenter cette terre ? Ce monde comptait autant le bien que le mal en son sein. Brunhild n'aurait su dire si les démons et les dieux s'affrontaient dans une partie d'échec pour voir quels pions allaient tomber et qui allait gagner dans ce chaos des multitudes de vies qui s'entrechoquaient à chaque jour qui passait. Rois ou empereurs, ils n'étaient que des hommes à qui l'on avaient accepter de confier du pouvoir. Si tout le monde cessait de leur obéir, alors le pouvoir ce ne serait plus qu'un mot vint sans le moindre sens. Hélas, dans la nature comme en société il y avait toujours des dominants et des dominés.

A cette heure, Brunhild et Chance étaient des égaux dans une vie qui n'avait pas été des plus tendre avec eux. La magicienne avait espoir que tout cela ne l'avait pas rendu mauvaise. Elle avait espoir aussi que celui qu'elle avait sauvé de la mort était quelqu'un de mesure dans ses passions et que même s'il avait infligé la mort, il n'irait pas égorger une enfant abandonnée dans les rues pour assouvir sa soif de sang. Cela ne semblait pas être le cas pour le moment.

Effectivement, les gens jacassent à propos de bien des choses, la peste en a fait parti, mais elle ne dit mot car la conversation se poursuivait déjà alors qu'elle le questionnait sur la durée de sa présence dans le duché de Toussaint. La brune continuait d'esquisser un sourire bienveillant à l'adresse de son interlocuteur. Son cœur était en paix, rien n'aurait su troubler la quiétude que ces retrouvailles lui faisaient.
Il lui parla ensuite du hasard de leur rencontre, ici même à Beauclair. Mais, avec les années, la magicienne avait appris que rien n'arrivait pas hasard, que les coïncidences étaient faites pour rapprocher ou éloigner les gens. Là encore elle ne dit mot, car il était peut-être encore bien jeune – malgré tout ce qu'il avait pu traverser – pour comprendre cela. Rien ne se produisait sur un claquement de doigts, il y avait toujours une raison cachée, obscure comme heureuse. Puis alors, il reprend la parole pour lui demander si elle acceptait de l'avoir pour compagnon de route pour quelques temps encore, et ainsi ne pas se quitter sitôt qu'ils s'étaient retrouvés.

Délicatement, elle lui posa une main derrière la nuque pour rapprocher le visage du jeune homme du sien. Là, alors doute la douceur et la bonté d'une mère, elle l'embrassa sur le front. Certains ne verraient là qu'une embrassade comme une autre. Mais d'autres, bien plus attentifs, sauraient que c'était une marque d'affection comme seule une mère pouvait le faire, une marque en signe de protection. Brunhild lui accordait également son affection. Puis elle relâcha cette petite étreinte avant de le regarder dans les yeux.

- Ce serait un honneur pour moi de te compter à mes côtés pour ton retour dans le Nord, dit-elle avec une douceur bien différence que celle qu'elle pouvait avoir habituellement.

En ce sens, elle acceptait de lui faire une place dans sa vie, il ferait partie de ceux qu'elle comptait dans son cœur et en qui elle pouvait avoir une confiance entière et aveugle.
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Brunhild de Dorndal
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Dim 21 Juil - 13:46
Il n’était assurément plus l’enfant chétif et malingre qu’il était autrefois ; avec les années qui s’étaient succédé les unes après les autres, apportant leur lot de malheurs et de douleurs, il avait fini par devenir un autre de ces adultes qui affrontaient la vie avec un cynisme presque désinvolte, le sourire aux lèvres face au danger et à l’adversité. Si il restait une trace de l’enfant un fragile qu’il avait été un jour, elle était enfouie tout au fond, là où personne ne pouvait y mettre la main pour ressortir cette face de lui-même qu’il avait réprimé pour se protéger lui, pour protéger les autres. Aujourd’hui, il voulait mettre sa force et son courage au service de celle qui lui avait permis de connaître un jour de plus, de ne pas succomber à la maladie terrible qui décimait les gamins comme lui, sales et faibles, entassés dans un orphelinat loin du regard méprisant des hautes sphères.

Désormais, les nobliaux, les riches, les marchands qui pourtant les avaient souvent oublié, lui et les autres, l’employait comme épée salvatrice pour leurs moindres problèmes. Ils ignoraient tout de lui et il se moquait de ce qu’ils étaient. Jusqu’à récemment, ses employeurs n’étaient qu’une succession d’inconnus à qui il n’adressait que peu d’intérêt, sinon celui de l’or. Chance n’avait jamais imaginé un jour servir à quelqu’un pour qui il aurait de l’affection, quelqu’un qu’il ne pourrait se résoudre à trahir si l’appel du salaire se faisait meilleur ailleurs. Avec Brunhild, il ne pouvait être qu’une meilleure personne, un homme honnête comme il n’avait pas été depuis si longtemps. Un mercenaire fidèle, voilà une idée saugrenue et qui pourtant ne lui déplaisait pas autant qu’il se l’était imaginé autrefois, quand rien n’avait d’importance.

Chance n’était pourtant pas homme à s’attacher ; ses amis étaient rares et se comptaient sur les doigts d’une main. Les gens à qui il faisait confiance plus encore. Il ne travaillait guère longtemps pour quelqu’un si il n’était payé en conséquence et s’il s’ennuyait, il mettait les voiles sur un travail plus passionnant. Il bougeait, voyageait, oubliait ceux à qui il rendait service. Les visages, les voix, les apparences défilaient, et rien ne restait. En général, il s’estimait être un être chaotique, guidé par les impulsions et la vénalité. Lorsqu’il se montrait généreux, c’était pour ceux qu’il appréciait outre mesure, comme Nelathis … ou Brunhild, avec qui il était réuni après des années sans savoir ce que l’un et l’autre étaient devenus. Elle, il ne saurait se résoudre à l’abandonner par ennui, à la trahir pour plus offrant, à l’oublier une fois leurs chemins séparés. Jamais. Sa sympathie à son égard dépassait la simple dette qu’il lui devait. C’était plus que simplement lui avoir sauvé la vie ; car elle lui avait montré de l’empathie pour un gamin des rues quand personne ne se souciait de son sort. Et ceci, il ne pouvait l’oublier.

Lorsque Chance fit sa proposition à la magicienne, celle-ci porta une main délicate vers son visage, pour y déposer ensuite un baiser sur son front, comme l’aurait fait une mère à son enfant. Le geste ne lui était pas familier ; il avait eu pendant une seconde un mouvement de recul sous le coup de la surprise, puis il se laissa faire en se souvenant que Brunhild ne lui cherchait aucune malice. Il ferma les yeux, sentit les lèvres de la magicienne se poser contre sa peau, comme la caresser du soleil un après-midi d’été. C’était doux, autant que cela puisse l’être. Un sourire se dessina au coin de sa bouche, puis il rouvrit les yeux lorsqu’elle se détacha de lui. Là, elle accepta ce qu’il lui avait proposé, elle acceptait de voyager en sa compagnie, de lui faire une place à ses côtés pendant un temps. Le sourire se Chance se fit plus large, son cœur se mit à battre plus fort sous l’émotion. « Merci. » Murmura-t-il en baissant les yeux. « Ça veut dire énormément pour moi. Plus que tu ne peux l’imaginer. » Puis dans un geste infiniment doux, il prit une de ses mains entre les siennes, la serrant doucement, comme pour s’assurer que tout ceci était bien réel.

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Mer 31 Juil - 16:57

Combien de temps s'était écoulé depuis qu'ils s'étaient retrouvés ? Les dernières lueurs de l'astre solaire s'en étaient allées dans un lointain meilleur, faisant place à l'obscurité nocturne de ce doux mois de juin. Ils étaient trois au bord de cette fontaine merveilleuse qui continuait de chanter malgré l'heure. Brunhild venait de lever les yeux vers le ciel, observait la voûte étoilée qui couvrait leurs têtes bienheureuse. Un spectacle à nul autre pareil. Le souvenir qu'ils n'étaient que fragilité face à la grandeur d'une nature qui leur était supérieur. Dans ces moments là, la magicienne comprenait qu'ils n'étaient que des puces sur le dos d'un chien.

Mais ce soir, elle avait tout l'amour d'une mère à donner pour son fils. Ils n'étaient pas du même sang et encore moins de la même famille, mais elle l'aimait autant que s'il était sa chair. Est-ce raisonnable d'aimer à ce point quelqu'un que l'on ne connaissait pas véritablement ? La sorcière en étant consciente mais son instinct la trompait rarement sur la nature des gens. Des mercenaires, elle en avait connu des plus bourrus avec des caractères qui n'avaient rien de tendre et pourtant ces hommes là avaient serrer Brunhild comme si elle était leur fille chérie. Ils lui avaient offert des cadeaux alors même que la plus part des gens les en croyaient bien incapable. Non, elle ne pouvait croire que Chance n'était pas cet homme là, bon et bienveillant. Certes, il avait sans doute du sang sur les mains, mais cela importait peut à la femme qui se tenait sur le report de la fontaine. Même le plus doux des chatons était un chasseur en devenir. La mort faisait partie de la condition humaine.

Elle finit par reporter son attention sur le jeune homme qui lui serrait à nouveau les mains. Il la remerciait avec tant de douceur et bonheur dans la voix. C'était une joie pour elle de savoir son cœur bienheureux en cet instant.

- Il n'y a que le temps qui pourra nous dire si nous avons été chanceux de ses retrouvailles, répondit-il, ce voyage à tes côtés sera l'occasion de rattraper le temps perdu.

Une mère aurait été bien désolé de n'avoir pu assister à tous les grands événements de la vie d'un fils. Pour Brunhild c'était différent, elle avait accepter le fait qu'elle ne pouvait toujours être là, qu'elle raterait bien des moments dans la vie de ceux qu'elle tenait en haute estime, car après tout elle avait sa propre vie à mener et que tout le monde ne pouvait assister à ses réussites ou ses déboire. Mais parfois il était bon d'avoir quelqu'un à ses côtés pour fête ses victoires ou subir ses défaites. Soudain une voix s'éleva dans la torpeur de la nuit. Un appel venant du cœur, déchirant.

- Mayla ! Mayla ! Où es-tu ma chérie ?! MAYLA !

La petite fille, la tête toujours posée sur les genoux de la sorcière, ouvrit lentement les yeux encore bouffis par le sommeil. La voix semblait se rapproche de la place et au haut des escaliers, une silhouette se découpa nettement.

- Maman ? Marmonna la fillette en se frottant les yeux. Maman ?!

- Oh Mayla !

La mère dévala les escaliers quatre à quatre et couru jusqu'à la fontaine avant d'attraper sa fille dans les bras. Elle éclata en sanglot sous les yeux bienveillants de la magicienne. Mais sans un regard pour les deux compagnons installés sur le rebord de la fontaine, elle s'en alla avec sa fille dans les bras. Cette dernière lança un dernier regard envers Brunhild avant de lui dire au revoir d'un signe de la main. L'impression d'avoir été invisible… Elle préférait cela à un lynchage quelconque. Sans doute que la petite demoiselle avait l'habitude de faire ce genre de frayeurs à sa mère et que celle-ci finissait par ne même plus regarder les gens avec qui elle la retrouvait. Tant mieux. A présent il n'y avait plus que Brunhild et Chance dans la douceur de cette fin de printemps.

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Brunhild de Dorndal
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Brunhild de Dorndal
Dim 4 Aoû - 17:34
Le jour s’était définitivement éclipsé. Dans la pénombre du soir, les silhouettes de Brunhild et Chance se détachaient de la fontaine où ils s’étaient assis. Parfois, les yeux du mercenaire étaient attirés par un mouvement discret à l’ombre des bâtiments la ville, mais rien que des couples batifolants et des travailleurs hardis rentrant chez eux après une longue journée de labeur. Cette ville n’avait rien à voir avec Novigrad où il n’avait eu de cesse de toujours se méfier, toujours jeter un regard derrière lui dans la peur de se prendre un coup de surin entre les côtes ou d’être repéré par un garde trop hardi. Mais rien de tout cela à Beauclair. Juste la tranquillité du soir, en compagnie de Brunhild. Combien d’années s’étaient écoulées depuis qu’elle lui avait sauvé la vie ? Quinze ans, peut-être plus … Il en avait perdu le fil avec toutes les aventures pittoresques qu’il avait vécu entre temps. Tandis qu’elle répondait à ses humbles remerciements, le mercenaire se perdait dans le sillon des lanternes allumées qui venaient éclairer la peau délicate de la magicienne. Le grain était tout simplement parfait, il allait sans dire. Sans doute fallait-il s’y attendre de la part d’une ressortissante d’Aretuza.

Sa contemplation de la lumière fut soudainement interrompue par un cri dans les ténèbres, un appel plein d’émotions tout droit venu d’une mère désespérée. Chance tourna les yeux vers cette femme qui, du haut des escaliers en face de la place où ils discutaient, appelait son enfant disparu. D’abord Chance baissa-t-il les yeux en guise de respect pour cette mère désemparée, avant que l’enfant en question se révéla être la fillette qui dormait tout près de Brunhild. La fillette, réveillée par les cris de sa mère, finit par se réveiller doucement avant de répondre aux appels de celle qui la cherchait avec énergie. La dame eut tôt fait de rejoindre le trio avant de récupérer son rejeton perdu sans prendre la peine de s’adresser à ceux qui avaient veillé sur l’enfant. Pas un mot de sa part, pas un remerciement – pour peu qu’ils en auraient demandé de toute manière … La dénommée Mayla disparu dans un dernier signe affectueux envers la magicienne. Au moins Chance eut-il le soulagement de se dire qu’elle n’était pas une délaissée comme il l’avait été ; qu’un parent, au moins, était prêt à la chercher sans relâche. Bien belle était l’idée qu’elle ne soit pas juste une orpheline à qui peu porteraient intérêt.

« Hé bien, c’était beaucoup d’émotions pour si peu de choses, finalement. » Plaisanta Chance en croisant les bras. Il détendit ses jambes devant lui en lâchant un soupir silencieux à force de retenir son souffle sans s’en rendre compte. « Cela dit, ça ma rassure de savoir qu’elle n’est pas seule au monde. Il n’y a rien de plus terrible qu’un enfant sans repère, sans famille. » Et il savait de quoi il parlait. « Tu sais … Je n’ai jamais vraiment eu l’occasion de te remercier, pour ce que tu as fais. D’autres comme toi aurais eu peu de scrupules à me laisser périr et pourtant … tu t’es arrêtée. Tu m’as donné cette seconde chance qu’aucun médecin n’avait voulu m’offrir. Alors voilà, je t’en suis reconnaissant, plus que tu ne pourras jamais l’imaginer. Je n’aurais pas assez d’une vie entière pour te dire à quel point tu as changé ma vie. » Cette chance, parfois l’avait-il gâché en faisant les mauvais choix, parfois l’avait-il trop utilisée au dépends des autres. Cette chance, pourtant, il la chérissait comme un cadeau ; sinon pourquoi l’aurait-il arboré comme identité même ?
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Chance
Jeu 8 Aoû - 15:44

Ne manquait plus que la mélopée d'une harpe pour accompagner les retrouvailles de Brunhild et Chance. Des doigts qui se seraient balader avec grâce sur les cordes de l'instrument, accompagnant les gazouillis de la fontaine derrière eux. Il faudrait se contenter du champ des grillons qui peuplaient les alentours de Beauclair. La magicienne se sentait sereine ici, oubliant comme le passé avait pu être cruel à maintes occasions.

Un sourire vint à s'esquisser sur les lèvres de la magicienne tandis qu'elle écoutait le mercenaire d'une oreille distraite, le regard légèrement triste de voir la petite chose s'en aller. Il était certain qu'elle ne reverrait plus jamais la fillette, peut-être pas avant quelques années au moins et sans doute l'aurait-elle oublié d'ici là. Ou peut-être serait-elle morte avant de connaître l'adolescence. Enfin, il ne fallait pas penser à cela, il fallait profiter des vivants pendant que le temps lui était donné de le faire. Brunhild tourna la tête vers Chance, l'observant tandis qu'il continuait de converser avec elle, ce à quoi elle répondit :

- Oui, il est vrai que quelqu'un d'autre aurait pu te laisser mourir, du moins s'il avait s'agit d'un simple humain. Un médecin peut scrupuleux aurait pu se servir de ton cadavre pour mener des expériences, étudier la maladie, que sais-je encore. Quant à un magicien, n'ayant que peut d'intérêt pour le bas peuple, à la rigueur il aurait pu mener quelques cas d'études, voire même te transformer en monstre, purement par intérêt, pour faire avancer la science, dit-elle. Mais nous savons tous qu'en matière de magie, cela fait très longtemps qu'il n'a pas été fait de grande découverte majeur, alors cela aurait juste été pour son amusement personnel.

Oui, à bien des égards, il avait eu beaucoup de chance de tomber sur la magicienne. Elle venait de lui faire un tableau bien décrépi du monde dans lequel ils vivaient, oubliant un temps soit peu la beauté du duché de Toussaint pour une réalité parfaitement pittoresque des Royaumes du Nord. Elle se demandait parfois si le tableau était le même au-delà des Mont Amell, bien que la magicienne se doutait que les hommes n'étaient pas meilleur parce qu'ils résidaient dans un climat plus doux. La magicienne retint un soupire, elle était désespérer de voir comme les humains ne changeraient jamais, plus désireux de satisfaire leurs envies de conquêtes que de s'établir dans la paix. Même cette dernière n'était qu'un prétexte de plus pour s'en aller brandir les armes. Finalement, ils étaient pareils à des enfants qui ne supportaient pas qu'on leur refuse quelque chose, plus prompte à suivre leurs pulsions que la raison.

Elle lui adressa une caresse sur la joue d'un revers de la main. Il ne fallait pas se montrer si négative, il y avait du beau dans ce monde-ci, quoi qu'on en dise malgré les horreurs des hommes.

- Certaines personnes choisissent de voir le laid en ce monde, le désarroi. Je choisis de voir la beauté.

Malgré tout. Même si la Mort avait fauché bien des gens et qu'elle en faucherait bien d'autres encore. Malgré les défauts des vivants qui rendaient ce monde imparfait, mais il devait être ainsi, pour progresser, pour apprendre à devenir le meilleur ou le pire des hommes. Et Chance, qui était-il devenu ?
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Brunhild de Dorndal
Mar 19 Nov - 22:52
« Oui, il est vrai que quelqu'un d'autre aurait pu te laisser mourir, du moins s'il avait s'agit d'un simple humain. » Chance hocha lentement la tête. Au moins avait-elle le mérite d’être honnête sur les intentions de nombreux individus au moins humains. Il savait ce qu’étaient les gens, lui-même n’échappait pas à cette règle. Il lui arrivait d’être insensible, cruel même, mais pouvait-il vraiment avouer ça à Brunhild, elle qui lui avait donné ce nouveau départ ? « Un médecin peu scrupuleux aurait pu se servir de ton cadavre pour mener des expériences, étudier la maladie, que sais-je encore. » Il frissonna malgré lui. Il imagina son cadavre de bien des manières, les tripes ouvertes au reste du monde, peut-être avec des dizaines de tubes dans les veines, disséqué de parts en parts comme un porc par un boucher. Il frissonna d’autant plus qu’il s’imaginait mort. Rien de très joyeux en somme. « Quant à un magicien, n'ayant que peu d'intérêt pour le bas peuple, à la rigueur il aurait pu mener quelques cas d'études, voire même te transformer en monstre, purement par intérêt, pour faire avancer la science. » Ceux-là aussi, il les connaissait. C’était pour cette raison qu’il s’estimait étonnament chanceux d’être tombé sur Brunhild et pas un autre. Peut-être une connaissance à elle, un ami proche, mais il n’arrivait pas à imaginer quelqu’un comme Brunhild fréquenter des gens aussi peu empathiques. Qu’importe, ses divagations trouvèrent une fin avec un soupir compréhensif. « Mais nous savons tous qu'en matière de magie, cela fait très longtemps qu'il n'a pas été fait de grande découverte majeur, alors cela aurait juste été pour son amusement personnel. » Voilà sur quoi elle termina.

Comme pour appaiser ses tourments provoqués par une imagination très imagée, Brunhild passa une main délicate sur la joue de Chance, qui ne la repoussa pas. Au lieu de ça il esquissa un sourire. « Certaines personnes choisissent de voir le laid en ce monde, le désarroi. Je choisis de voir la beauté. » Et c’était tout à son honneur. Elle arrivait à montrer un optimisme redoutable dans un monde en proie à des sombres affaires. Chance n’ignorait rien de tout ça ; si parfois il faisait preuve d’insouciance, il ne parvenait pas à écarter la noirceur du monde, toutes les choses horribles auxquelles il avait assisté … et qu’il avait commis. « Je comprends, bien que je ne puisse pas partager ton point de vue. » Il laissa porter son regard sur le ciel assombri dans lequel apparaissait déjà quelques étoiles. Peut-être était-ce la constellation des sept chèvres qu’il voyait se distinguer parmi le reste. « Il n’y a pas grand-chose de beau désormais. Le plus ridicule à mon sens reste la guerre. La guerre est laide et les gens continuent de la décrire avec poésies et chansons. Pourtant c’est bien vrai : la guerre est laide. Il n’y a rien de beau à tous ces gens éventrés qui laissent derrière eux des familles en deuils. Et ces bardes ridicules qui n’ont pourtant jamais vu un champs de bataille de leur vie décrivent en vers et en prose toute la beauté imaginaire d’une bataille. » Sa voix avait perdu de son ton joyeux. « Pardon. » Se reprit-il aussitôt. « Je sais que ce n’était pas ce dont tu parlais. J’imagine qu’il reste de la beauté quelques part. Parfois je crois la voir quand il n’y a rien d’autre que la nature et la lumière de l’aube, mais elle disparaît quand viennent les hommes. Pourtant je ne suis pas misanthrope, je sais qu’il y a du bon dans l’humanité. Il est simplement difficile à discerner parmi les faux-semblants et le rôle qu’on joue tous en société. Et je sais que je ne vaux pas mieux. Sinon je ne serais pas devenu mercenaire. » Puis il soupira.
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Chance
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